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The Art of TV : dans les secrets des réalisateurs en séries américains

Au cinéma, on parle que de lui le réalisateur mais en télévision, c’est un vulgaire pion de la machine à fiction. Quoique en France et en Europe, il reste un peu le dieu. C’est une tradition européenne, on va dire qui tend à reconnaître que le travail du réalisateur au détriment de l’auteur. Mais, pour faire une bonne série, il faut bien un bon scénariste et un bon réalisateur parce que ce duo magique déséquilibré donne rarement de bonnes séries du moins pas celles qui restent dans les mémoires.

Complexe du réalisateurs en séries !

Aux États-Unis, les scénaristes parviennent à être reconnus pour leurs talents. En France, c’est une autre affaire et un autre sujet qui nécessite presque une thèse. Dans le pays de l’oncle Sam, la coutume veut que sur une saison les réalisateurs s’enchaînent à chaque épisode. Tout d’abord, parce que le réalisateur ne fait pas que filmer, il doit assurer bien souvent le montage et post-production. Des étapes qui prennent un temps considérables. Puis, c’est comme ça, plusieurs réalisateurs pour une saison, par exemple, Rosamary Rodriguez, réalisatrice de télévision, a réalisé trois épisodes des saisons 3,4,5,6,7 de The Good Wife. Charlotte Blum, journaliste séries sur OCS accompagnée de Vincent Gonon, se sont intéressés aux réalisateurs en séries en leur donnant la parole dans une documentaire brillant intitulé « THE ART OF TELEVISION : les réalisateurs de séries ».

Qui sont-ils ? Quels sont leurs rôles ? Comment arrivent-t-ils sur telles ou telles séries ? Toutes les réponses à ces questions dans 6 portraits de 26 minutes passionnants. Si vous voulez parfaire votre culture des séries, c’est le documentaire à ne pas louper sur OCS le 6 juillet à 20h40. Je ne fais pas cette recommandation parce que je suis assez fan du travail du Charlotte Blum avec ses nombreux livres dont mon préféré « Vous aimez les Séries, ce livre est fait pour vous » mais parce que c’est un vrai documentaire de qualité. Présenté à Séries Mania Saison 8, vous avez été nombreux comme moi à être impressionné par la richesse du documentaire et ressorti avec cette impression heureuse d’avoir appris quelque chose. Je fais juste partie de ces gens convaincus par le documentaire.

Les coulisses de The Art of TV : réalisateurs en séries

D’ailleurs, j’ai pu m’entretenir avec Charlotte Blum autour d’un petit déjeuner à plusieurs pour lui poser mes questions et connaître les secrets de fabrication de The Art of Television : réalisateurs en séries

charlotte blum art of tvLe tableau, identité du doc. Dans chaque épisode, vous verrez un tableau transparent (un peu comme dans Urgences où ils notent les patients traités ou non) avec des images comme dit Charlotte « images de leur vie » illustrant le parcours du réalisateur dont c’est le portrait. Deux intervenants Rosamary Rodriguez et Alan Poul ont souhaité garder ce tableau en souvenir. D’ailleurs, ce dernier l’a carrément affiché dans son bureau. Quant à Alan Taylor, il est resté bien 10 minutes devant en se remémorant ses projets en séries. « Puis, il y en a qui ont des petits mouvements de recul » dit Charlotte Blum en expliquant que les réalisateurs se remémorent depuis combien de temps, ils exercent le métier. Le calcul les effraient plus qu’autre chose. L’idée du tableau vient d’un documentaire de Nick Cave intitulé 20 000 days on Earth et c’est revendiqué.

La rencontre la plus marquante ? Rosemary Rodriguez sans hésiter répond Charlotte Blum. Une personne qu’elle admire pour « sa force de vivre » comme elle dit et une de ses plus belles rencontres. Vous le verrez dans le documentaire, cette femme réalisatrice a eu un parcours de vie pas évident avant d’arriver là où elle est à présent. « C’est quelqu’un qui a survécu, qui s’est battu comme une tigresse, pour non pas seulement, faire ce métier, mais rester en vie ».  Une femme sincère qui a avoué à Charlotte qu’avec le temps : « J’ai oublié que ce que je fais, les gens le regardaient. J’ai oublié que je touchais les gens ».

Pourquoi les réalisateurs moins reconnus aux Etats-Unis ? Charlotte Blum explique honnêtement : « Les Etats-Unis fonctionnent à l’inverse de l’Europe. Chez nous, le réalisateur c’est le roi, chez eux c’est un faiseur » […] « Le scénariste est assis à côté d’eux et le producteur de l’autre côté ».

Esprit d’équipe ! Un sentiment très américain et une autre culture comme le démontre Charlotte : « Ces réalisateur-là, ils ont un rôle éphémère mais ils arrivent à créer une équipe. Il y a une force de frappe qui est collective aux Etats-Unis. Nous, on a ce défaut de dire toi tu fais ça, toi tu travailles lundi. Non, c’est une équipe. C’est une émulation collective. Si tu fais un truc individuel, ça ne marche pas. Une série n’est pas un projet individuel« . Pour la petite anecdote, Alan Poul apprend le nom de toute son équipe lors de chaque projet. On ne l’entendra pas appeler les gens par leur fonction. Ainsi, la maquilleuse est appelée par son prénom par exemple.

Les témoignages. Chaque portrait a des intervenants secondaires venus parler du réalisateur en question. Pour Tim Van Patten, c’est monsieur David Chase qui a reçu les équipes de Art of TV chez lui. Le showrunner des Sopranos a accepté l’interview parce que c’était Tim Van Patten. Ce qui est très drôle car vous verrez dans son portrait Tim Van Patten, est moins à l’aise en présence de David Chase. Parfois, ce sont des acteurs qui témoignent et certains comme Mike Colter sont très reconnaissants envers leur réalisateur préféré. Charlotte Blum raconte les échanges avec Mike Colter pour le portrait de Rosemary Rodriguez :   « J’ai dit c’est pour Rosamary Rodriguez. Il m’a répondu une seconde plus tard. Bien sûr, pas de problème le jour que vous voulez, l’heure que vous voulez, je vous accueille chez moi, il y aura ma femme et mon bébé. » 😀  « Elle était là à son premier jour de tournage donc c’est elle qui a façonné Lemon Bishop. Après, pendant des années, elle a joué ce qu’il lui a demandé de faire. Et elle lui a donné ce conseil génial de dire ok t’es un personnage secondaire mais fais comme si c’était toi le patron ». Un acteur très loquace sur sa réalisatrice de coeur et pourtant comme le dit Charlotte : « Je pense que les acteurs ont plus à perdre à parler des techniciens peu importe lequel que les techniciens eux-mêmes ». Un sentiment vrai pour Jessica Paré plus controlée dans son intervention sur Jennifer Getzinger.

Voici un petit aperçu des coulisses de fabrication du documentaire Art of TV : réalisateurs en séries mais le mieux, c’est de le regarder. Promis, vous ne verrez plus les réalisateurs de séries de la même façon !

 

A voir sur OCS !

 

Lubiie

Plus de 10 ans d'expertise dans le domaine des séries, blogueuse passionnée, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival, intervieweuse aux multiples questions en séries ou chroniqueuse radio. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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