You are currently viewing Interview des scénaristes de The Day

Interview des scénaristes de The Day

Présentée à Séries Mania puis au festival de fiction TV de La Rochelle où elle remporte le  Prix de la Meilleure Fiction européenne, The Day arrive en France sur la chaîne Polar +. Imaginez une prise d’otage que vous vivez heure par heure mais de deux points de vue différents celui de la police qui essaie de gérer la prise d’otage et celui à l’intérieur de la banque où la prise d’otage se déroule. Un exercice incroyable qui a été imaginé par Julie Mahieu et Jonas Geirnaert, deux scénaristes belges flamands prometteurs. Je les ai rencontrés à La Rochelle pour parler de leur série et surtout savoir comment ils ont fait pour créer ce puzzle assez impressionnant.

julie mahieu et jonas Geirnaert - The DAY
Jonas Geirnaert & Julie Mahieu © Telenet

Quel jour avez- vous imaginé cette série intitulé The Day (« le jour » en français) ? Vous vous en souvenez ?

Julie Mahieu : « La première idée a été imaginée en 2008. C’était l’idée de raconter l’histoire de deux points de vue différents. »

Jonas Geirnaert : « On se souvient du jour » !

Julie Mahieu : « Je me souviens du jour, c’était du 24 décembre au 25 décembre. J’ai retrouvé mes notes de cette soirée. C’était au milieu de la nuit. Puis, deux ans après on a discuté pour la première fois de cette idée de structure et on a décidé de travailler dessus ensemble. C’était ce même jour que l’on a décidé que ça traiterait d’une prise d’otage. Puis, ça nous a pris encore deux ans avant que nous commencions à écrire. Nous avions fait un peu de recherches mais pas tellement à ce moment-là. On a voyagé ensemble pendant un an et lors de ce voyage, on a commencé à réfléchir à nos personnages et à la structure de la série avec cette prise d’otage. Quand nous sommes revenus de notre voyage, on a écrit une série pendant un an et après ça, nous avons réellement commencé à travailler dessus. Ce qui fait 2014. C’est à ce moment-là que nous y avons travaillé à temps plein. On a écrit tout ensemble pendant deux ans, puis, il y a eu le tournage et le montage. On a fini le jour avant la première ».

Une des forces de la série, c’est ces deux points de vue : la police d’un côté et à l’intérieur de la banque au coeur de la prise d’otage. Vous êtes deux scénaristes sur le projet, comment s’est déroulé le process d’écriture ? Comment vous êtes-vous partagé l’écriture ?

Jonas Geirnaert : « On a longuement réfléchi sur la manière la plus pertinente de travailler sur ce projet. On a fait tout le travail ensemble avant l’écriture. On avait un énorme tableau de 4m avec toute la structure de la série. Les premiers mois, c’était constamment des va-et-vient, oh on a une bonne idée là, donc revenons à tel épisode. Nous avons créer le puzzle ensemble. Après nous avons écrit un résumé de chaque épisode plus ou moins ensemble. Après ça quand on savez en détails sur ce qui se passait dans chaque épisode alors nous nous sommes séparés le travail. Julie écrivait les épisodes pairs et j’écrivais les épisodes impairs. Puis, on a fait de nombreux de va-et-vient là encore ».

 

The Day  : un défi scénaristique !

The Day c’est un véritable puzzle pour un scénariste car si quelque chose arrive d’un côté, il a des répercussions de l’autre coté. Comment avez-vous fait pour ne rien n’oublier ? C’est un vrai challenge à réaliser ?

Julie Mahieu : « C’était un vrai défi. Mais nous aimons les défis donc c’est positif. C’était très sympa à faire. C’est un énorme puzzle et nous avons essayé de combler tous les trous en s’assurant que tout est juste. Cela nous a demandé beaucoup de travail et c’était un challenge mais fun ».

Jonas Geirnaert : « Un challenge jusqu’au bout. Parfois, sur le tournage nous trouvions une petite erreur et nous devions l’ajuster. C’était beaucoup de travail mais nous étions contents de le faire parce que nous voulions que ça soit juste. Dans la chronologie, parfois nous réalisions que quelque chose arrivait d’un côté mais pas de l’autre donc nous devions y remédier. Nous avons fait beaucoup de changement comme cela. Puis, chaque épisode doit avoir une part de tension. Ce n’était pas tout de s’assurer que c’était bien ficelé, il fallait que ce soit intéressant à voir. Parfois, nous avions l’impression d’aller un pas en avant et deux pas en arrière tout le temps ».

Un autre défi de la série, tout racontait en 24h et que cela soit possible sans aller dans l’excès. Racontez-nous comment vous avez réussi à faire tenir cette prise d’otage en 24h ?

Jonas Geirnaert : « Nous avons fait beaucoup de recherches et nous avons discuté de nombreuses heures avec des négociateurs de la police belge. On a également parlé à des groupes qui soutiennent les victimes de prise d’otage. C’est très important parce qu’en parlant à ses gens, vous obtenez beaucoup de données que vous pouvez directement intégrer à la série. Si vous ne faites pas ce travail de recherches, vous commencez à écrire sur ce que vous savez des autres films ou séries. Nous ne voulions surtout pas faire ça. Nous aimons pas les séries où il y a un super flic qui ne suit pas les règles et résout la situation lui-même. Nous préférons rester proche de la vie réelle car nous pensons que c’est plus excitant si vous restez proche de la réalité. C’est plus excitant à voir parce que vous avez ce sentiment, cela peut réellement arriver dans ma ville. Nous avons concentré nos efforts là-dessus. Le fait que ça se déroule sur une journée, cela aide à garder l’histoire condensée, l’inconvénient c’est plus compliqué de donner à vos personnages une sorte de passé avant que la situation commence. Un bon exemple c’est l’épisode 2 où on suit les victimes, ils commencent une journée normale. Nous pensions que c’était important de montrer que ces gens étaient dans une  situation normale, même si c’est juste une scène, et après introduire la prise d’otage. Vous avez en quelque sorte, un attachement émotionnel à eux. C’était très important pour nous. Au départ de la création de la série, nous avons réfléchi à utiliser des flashbacks mais nous avons décidé que c’était pas une bonne idée car cela casse la chronologie de la série ».

The Day offre son lot de surprise et ce dès les deux premiers épisodes, vous jouez beaucoup avec la surprise et vous bernez souvent le téléspectateur contrairement à une série américaine qui peut être plus prévisible sur ces thèmes. Est-ce quelque chose que vous avez travaillé méticuleusement ?

Julie Mahieu : « On utilise les cliffhangers tout au long de la série. On en met un à chaque épisode. C’est une manière de dire que si vous regardez les choses différemment du point de vue police, du point de vue de la banque, les choses peuvent être vraiment différente et c’est une manière d’attirer le téléspectateur pour qu’il regarde la série. C’est aussi un moyen de dire que ce que vous voyez la première fois, même une deuxième n’est pas forcément ce que vous croyez. Parfois, ça l’est. Mais nous voulons que le téléspectateur commence à réfléchir. Nous voulons que ça soit fun pour lui de commencer à construire un système sur ce que la situation risque d’être. Nous aimons ça quand nous regardons des séries donc nous voulions donner cette opportunité à nos téléspectateurs ».

J’ai également interrogé les deux scénaristes sur La Casa De Papel et le fait qu’ils sont dans une tendance avec The Day. Les prises d’otage, c’est un thème à la mode en ce moment. Malheureusement, ils n’ont pas vu La Casa De Papel mais ils m’ont avoué avoir eu peur de la sortie de la série espagnole avant la leur. Pour ceux qui veulent avoir une idée de la série The Day, on pourrait considérer la série comme La Casa De Papel en beaucoup plus sombre et violent et sur une seul jour tout se passe.

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

Cet article a 2 commentaires

  1. dame.nina

    Bonsoir !

    Je ne connaissais pas cette série qui pourrait tout à fait me plaire ! Merci pour la découverte !
    Belle fin de journée !

    1. Lubiie

      Bonsoir !
      avec plaisir à ne pas manquer 🙂 et j’attends votre retour 🙂

Laisser un commentaire