You are currently viewing [INTERVIEW] UNE AFFAIRE FRANÇAISE : Qu’est-ce que la fiction apporte à l’Affaire Grégory ?

[INTERVIEW] UNE AFFAIRE FRANÇAISE : Qu’est-ce que la fiction apporte à l’Affaire Grégory ?

Qui a tué le petit Grégory Villemin en 1984 ? Une affaire non résolue et bien connue de tous les français puisque que c’est UNE AFFAIRE FRANÇAISE qui a défrayé la chronique en son temps et toujours à présent parce que non élucidée. Après l’excellent documentaire sur l’affaire sur Netflix, TF1 décide à son tour de s’emparer de l’affaire en choisissant l’angle de la fiction. Une Affaire Française est une collection, c’est-à-dire, que chaque saison de 6 épisodes traitera une affaire criminelle française emblématique.

Lors du Festival de la Fiction de La Rochelle, j’ai eu de rencontrer l’équipe de la série avec Guillaume de Tonquédec (Etienne Sesmat), Laurence Arné (Jeanne Lombardie), Guillaume Gouix (Jean-Marie Villemin), Laurena Thellier (Murielle Bole), Michael Youn (Jean-Michel Bezzina), Blandine Bellavoir (Christine Villemin), le réalisateur Christophe Lamotte et la productrice Aimée Buidine.

 

INTERVIEW DE L’ÉQUIPÉ UNE AFFAIRE FRANÇAISE

Jeanne Lombardie, reporter fictive de l’affaire !

lubiie interviewPourquoi avoir ajouté le personnage fictif de Jeanne Lombardie dans cette affaire ? C’est le personnage qui est la porte d’entrée du téléspectateur dans cette fiction ?

Aimée Buidine : « On est dans une fiction du réel donc on a tous ces protagonistes qui font partie du réel et il y a Jeanne Lombardie, cette journaliste fictive, qui représente à la fois cette génération et certains journalistes de l’époque qui ont essayé de mener des enquêtes, de vérifier leurs sources, de passer un peu plus de temps et qui s’y sont pris comme tous les gens dans l’émotion du moment. Effectivement, il y a une porte d’entrée pour le spectateur aussi, et aussi un liant entre les autres personnages puisque on a une liberté avec ce personnage fictif qu’on n’aurait pas, avec des personnages réels, ne pas interagir avec ces mêmes personnes. des opinions à un certain moment il y a des conversations entre Jeanne et Antoine sur la machine médiatique et les questions sur la responsabilité collective ».

Laurence Arné : « Pour ma part, j’étais ravie d’interpréter ce personnage. On a aussi montré un état des lieux du milieu médiatique. Puis, je trouvais ça intéressant que ce soit une femme et que ce soit traité par une femme. Puis, de montrer qu’au début que c’est mal vu qu’elle veuille aller sur le terrain et de montrer qu’une femme peut avoir une carrière journalistique. Puis, se battre aussi sur place contre ses confrères qui commencent à partir dans une course au scoop alors qu’elle essaie de garder une éthique. Je trouve que c’est un rôle qui est très intéressant et aussi d’être dans une solidarité, une sororité avec Christine Villemin, dans le combat contre certains journalistes qui veulent la diaboliser. Il y a quelque chose d’un combat féministe qui me plaisait beaucoup dans ce personnage ».

Un personnage plus libre dans son jeu ?

Laurence Arné : « J’ai l’impression qu’on a tous eu pas mal de liberté et  en même temps, il fallait respecter une certaine véracité de l’histoire. Mais surtout, ce qui m’a plu, c’est qu’en voyant le documentaire Netflix, j’étais content d’interpréter ce personnage pour pouvoir défendre la femme et défendre Christine parce que je trouvais que c’était assez violent […] C’est un mélange de plusieurs journalistes qui ont existé aussi ».

 

La fiction par rapport à la famille Villemin

La productrice Aimée Buidine insiste sur notion de « fiction du réel ». Elle explique : « On n’a contacté aucun des personnages puisqu’on a en partie pris la partie artistique de multiples points de vue et de choralité. C’est aussi notre façon de traiter cette affaire qui était différente par rapport à ce qui a déjà été fait ». Elle ajoute aussi cette volonté de ne faire défaut à la justice : « on prend beaucoup de recul. On est 37 ans plus tard. On regarde cette affaire qu’on remet dans une chronologie, ne serait ce que du début de l’affaire. On n’adopte pas du tout. Alors le judiciaire ne se positionne pas là où la justice là n’a pas tranché et ne sait pas ».

Est-ce qu’il n’y a pas un risque de déposséder les Villemin de leur histoire ? C’est une vraie question concernant cette affaire très particulière. D’ailleurs, l’acteur Michael Youn souligne le bon choix de titre de la série UNE AFFAIRE FRANÇAISE car il dit : « Malheureusement, je suis désolé de le dire. Pour les Villemin, cette affaire ne leur appartient plus. Elle appartient au peuple français, elle appartient à tous ceux qui ont connu cette histoire, à tous ceux qui l’ont suivie. Ils se sont même retrouvés dépossédés de leurs de leur drame. C’est triste, mais c’est pour ça que cette série était nécessaire. Et pour raconter effectivement comment tout ça a dérivé ». Michael Youn pense que les Villemin ne regarderont pas la série. Il ajoute : « On peut pas s’exprimer sur cette histoire. On ne peut pas vous répondre à leur place ». Bien sûr que c’est une question que la production s’est posée.

La productrice rappelle l’implication de l’ensemble de l’équipe sur ce projet en disant : « On essaye d’être juste, de mettre les choses à leur place, de parler d’autre chose. On est pas focus que sur ça […] J’espère qu’on l’a traité avec dignité et force et émotion ».

Maintenant, c’est à vous de juger sur TF1 si la fiction apporte quelque chose à cette tragique affaire Grégory…

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

Laisser un commentaire