Giacomo Battiato a accepté le défi de réaliser la mini-série Le Nom de La Rose. Un véritable challenge de passer après un livre encensé par de nombreux lecteurs à travers le monde et un film qui est considéré comme culte par beaucoup. Même si réticent au départ quand on l’a appelé pour reprendre le projet, Giacomo Battiato a finalement accepté pour l’amour du défi. Dans sa série plus proche du livre que du thriller de Jean-Jacques Annaud, le réalisateur italien, qui parle parfaitement le français, m’a raconté en interview comment il a réussi son pari ! Le Nom de La Rose est à découvrir sur OCS.
Quand on n’a pas lu le livre, ni vu le film, comment peut-on aborder la série ?
Giacomo Battiato : « C’est magnifique qu’il ait des gens comme ça ! Le Nom de la Rose, ce n’est pas un roman, c’est un livre gigantesque dans lequel il y a un roman. Il y a u roman policier qui se déroule dans une abbaye dans une montagne qui ressemble un peu à l’hôtel de Shining. Si on a deux heures à disposition, cela veut dire la longueur du film, c’est normal de raconter le thriller. Moi, j’ai huit heures donc j’ai le livre devant moi. Le livre, en dehors de l’enquête sur le serial killer qui tue un moine après l’autre, là il y a plein de choses. Il y a plein de débats qui sont même plus contemporains aujourd’hui qu’à l’époque où Eco a écrit. Le premier exemple qui me vient, c’est le terrorisme religieux. Le terrorisme religieux, c’est un de thème du livre dans les deux sens, avec l’Eglise violente et terrorisante et des révoltes justes qui après prennent les armes. C’est passionnant et c’est un des thèmes importants. L’autre thème très important qu’on touche, c’est la séparation entre l’Etat et l’Eglise. C’est à cette époque que ça commence et ce sont des franciscains qui ont commencé cette vision et on les a excommuniés, tués etc… Après, il y a le thème de la comédie, du rire. Ce n’est pas par hasard que la première attaque en France, c’était à Charlie Hebdo. On ne peut pas rire de Dieu, on ne peut pas rire du patron ou du chef parce que si on rit, ils meurent. Après il y a la question de la vérité, j’utilise des phrases d’Eco avec lesquelles le jeune adolescent raconte. C’est surtout un roman de formation qui est vu à travers les yeux de l’adolescent. C’est pour ça que je suis d’avis qu’il y aura plein de gens qui ne savent rien et qui découvrent cette histoire complexe mais que j’ai essayé de raconter dans sa complexité en étant le plus fidèle au roman mais en même temps, je fais du spectacle. Je divertis les gens, j’essaie de les faire penser aussi. Mais, c’est du divertissement, de l’action, ce n’est pas une leçon d’école. Mais, comme les thèmes sont passionnants, comme le livre est un livre plein de folie, j’ai été aidé par le livre dans ma folie à réaliser cette histoire ».
Relever le défi de la série Le Nom de La Rose ?
Il parait qu’Umberto Eco a validé le scénario de la mini-série Le Nom de La Rose ?
Giacomo Battiato : « Il a validé la bible. Après, j’ai hérité de la bible. Un écrivain anglais avait écrit une version mais après on m’a demandé de réécrire tout ça. Ce que j’ai fait car je commençai à préparer le film, ça était des mois d’enfer. J’ai beaucoup travaillé avec Turturro sur son personnage que l’on a co-écrit. Pour moi, c’était de nuit parce que le jour, je travaillais à la préparation, la nuit, lui, il était à New-York, on était sur Skype avec John et on écrivait son personnage.[…] Il a ce travail formidable, obsessionnel de la recherche du personnage. En même temps, un fou et un intellectuel. C’est un simple et un compliqué, c’est vraiment le personnage ».
La vision de Giacomo Battiato sur le genre historique
Giacomo Battiato : « Quand on fait un film d’époque, je dis à tous mes collaborateurs, il y a 100% de documentation et 100% d’invention mais pour pouvoir inventer librement et pas faire de conneries, il faut se documenter, c’est ça le travail ».
Le casting Le Nom de la Rose, la mini-série
Giacomo Battiato a pensé à John Turturro pour le rôle titre de Guillaume de Baskerville comme il dit pour son côté « intellectuel et simple ». En dehors, du rôle titre, Giacomo Battiato est très fier du casting réalisée par son épouse. Il m’explique que pour Damian Hardung qui joue le jeune Adso de Melk, les studios lui ont dit : »Le jeune, on va le chercher en Angleterre en Amérique, c’est plus facile, il y en a des dizaines, des centaines. J’ai dit non dans le roman, il est allemand avant je veux explorer, chercher un allemand. Ma femme est partie en Allemagne, elle a fait 40 essais parmi les jeunes comédiens allemands. Puis, elle m’appelle un jour et me dit c’est bon j’ai trouvé ».