La B.R.I a sa propre musique, du moins, celle de Canal + en a une, imaginée par le compositeur Séverin Favriau en collaboration avec Vincent Erdeven. Lors de la grande avant-première à CANNESERIES, j’ai eu l’opportunité de parler musique avec Séverin Favriau afin de savoir les secrets des sons de la B.R.I, la série.

À quel moment la musique est intervenue dans le processus de création de la série B.R.I ?

Séverin Favriau : « Sur B.R.I, ce qu’on a fait comme on fait à chaque fois avec Jérémy, c’est qu’on commence la musique assez tôt, parfois au scénario. Ils ont commencé à tourner en fin février (2022)  jusqu’à mi juillet et moi en avril, je commençais déjà à travailler les thèmes et en mai, j’avais déjà composé le morceau principal qui allait après se décliner dans le générique et qui était mon fil conducteur ».

Quelles ont été vos inspirations ?

Séverin Favriau : « C’est l’histoire elle-même parce qu’en fait il y a que ça qui compte dans une musique de film. C’est l’histoire qu’elle va raconter, l’univers qu’elle va permettre de ressentir. Tout ce qui est de l’ordre de la musique, c’est la sensation, l’émotion. Il n’y a pas de mots, donc c’est le non-dit, l’émotion. C’est l’histoire d’une brigade de police d’élite et je me suis demandé c’est quoi ce qu’ils entendent toute la journée ? Quel est l’univers sonore ils ont, eux, dans leur monde pour que moi, à la musique, on puisse prolonger cet univers ? Et donc, après avoir réfléchi un petit peu, c’était beaucoup le métal, parce que les armes, le matériel aussi, les casques, ils sont quand même remplis de métal autour d’eux et les voitures. Et d’ailleurs il y a beaucoup de voitures dans la série. Donc par exemple, il y a souvent une note qui revient et ça c’est des cuivres. Et pour moi ça c’est un peu la voiture qui part. Et puis le côté aussi, l’annonce de la horde qui va arriver. Et après il y avait ce côté aussi très équipe, la horde qui va avancer, très organisée petit à petit comme ça. Donc un rythme très prononcé, pas trop rapide parce que j’aimais bien avoir quelque chose qui était de l’ordre de la préparation. Ils vont se préparer puis après ils y vont. »

Séverin Favriau a une expérience de sound designer depuis plus de 20 ans et on lui doit les sons du film Titane notamment. Fort de cette expérience métier, il s’est appuyé sur les bruits pour créer la musique de B.R.I avec une optique bien précise : « Moi j’aime bien mélanger les bruits et la musique parce que je veux absolument qu’à la fin du film ou de la série, le spectateur se dise que même s’il n’est pas capable de chanter le thème. Alors moi j’aime bien qu’on est capable de chanter le thème, donc j’essaie d’avoir des thèmes simples.«  La musique de B.R.I est originales et ne viennent pas des banques de musique, elle a été fabriquée même manuellement par Séverin Favriau qui explique : « J‘ai été prendre des coups comme des clés à molette qui étaient tapés sur des grands tubes en acier […]J’ai pris aussi de tout petit clic de flingue et de chargement. » Tout ça dans une rythmique particulière, le compositeur dit : « Il fallait un thème assez simple, rythmique. » Et il avait une image en tête : « J’avais l’idée du rythme et de la horde. »

Vous avez travaillé sur de nombreux films et notamment ceux de Jérémie Guez, c’est votre première expérience dans la série. Que retenez-vous de cette expérience ?

Séverin Favriau : « C‘est la montagne de travail. Il y a 160 morceaux dans la série en tout. Alors il y en a que c’est des déclinaisons, il y a des répétitions, il y a à peu près 30 morceaux qui ont été composés et on en a gardé une trentaine. D’ailleurs, on n’a pas jeté grand chose et puis, après on décline. C‘est la masse de travail, comment s’y retrouver ? Ce qui est très difficile, c’est comment on doit rester dans le même mood parce qu’il ne faut pas non plus en faire trop de morceaux différents, faut pas avoir trop de modes différents et comment on va décliner pour que ce ne soit pas répétitif, que ce ne soit pas un peu lourdingue, enfin un peu tout le temps pareil tout ça. Donc c’était ça qui était difficile je trouvais, c’était d’arriver à continuer à être assez original et mais tout en gardant les morceaux comme ils sont. Après, il y a des arrangements différents, il y a des progressions différentes et puis bon, l’image aide parce que les épisodes ne sont pas les mêmes, donc forcément la musique évolue. D’ailleurs, je trouve que la musique est vraiment mieux à l’épisode 7/8. Je pense qu’il y a un côté où on maîtrise tellement bien ça que du coup je me suis un peu détaché du début et j’ai pu aller vers d’autres trucs et sans trop dénaturer en restant dans le même style quand même. Donc ça, ça me plaisait assez. »

B.R.I (8×52′) est disponible sur Canal +