Après le succès de sa série Borgen encensée en Europe voire au-delà, Adam Price revient avec une nouvelle série Au Nom du Père. Il n’est plus question de politique mais de religion avec l’histoire d’une famille où l’on devient pasteur de père en fils. Cette fois-ci, Arte a toute de suite voulu s’associer au nouveau projet d’Adam Price. Rappelons-le Borgen a été un succès d’audience et mérité sur Arte. Moi-même, j’ai découvert la série tardivement et j’y ai vu le bijou. Au Nom du Père est une expérience tout à fait différente plus spirituelle. Rencontrée en 2017 à Séries Mania, Adam Price avait expliqué son ambition avec Au Nom du Père et les deux premiers épisodes ont été diffusés en avant-première. J’ai pu voir la suite grâce à Arte.
De quoi ça parle ?
Bienvenue au cœur d’une famille danoise où l’on devient pasteur de père en fils. C’est une famille en crise chez qui l’on entre, en pleine tourmente. Le père, Johannes, brigue l’évêché de Copenhague mais résiste difficilement à ses démons. Alors que le benjamin, August, marche dans ses pas, Christian, l’aîné, continue de se chercher. Elisabeth, mère et épouse dévouée, se met à douter de son mariage.
De Borgen à Au Nom du Père
Oublié Borgen quand vous allez regarder Au Nom du Père, ce n’est pas du tout le même style. On part dans le spirituel et sur un autre terrain. Johannes, le héros est loin d’être aussi sympathique que notre Birgit ! Il comporte de nombreux défauts dont celui du père de famille imposant qui écrase ses fils Christian et August. Colérique, alcoolique et autoritaire, Johannes est un être tourmenté.
Mais, on n’est pas non plus si loin de Borgen car il faut savoir qu’au Danemark, il n’y a pas de séparation entre l’Église et l’État. L’Église Luthérienne évangélique du Danemark est en effet une Église d’État : la reine Margrethe en est la représentante, l’État danois paie les pasteurs comme les évêques et la société danoise, pourtant largement sécularisée, s’acquitte majoritairement d’un impôt clérical prélevé automatiquement par l’État. Et dès le pilote, on assiste à un débat entre les différents prétendants au poste d’évêque comme un véritable débat politique sauf que le sujet est la religion dans ce cas-ci.
Questionnement religieux
Un brin moraliste, Au Nom du Père est avant tout une réflexion sur la place de la religion dans la société occidentale. Parfois abordé comme un enjeu politique, la religion suscite de nombreux débats aussi bien au sein de la famille de Johannes et de l’Eglise du Danemark. Il y a une véritable interrogation qui est posée par l’auteur Adam Price. Ce n’est pas un sujet évident et Adam Price pose cette interrogation à travers une famille qui doute au moment où on la rencontre. Par exemple, le tiraillement d’August, aumônier militaire qui n’arrive pas à surmonter le fait qu’il a tué une jeune femme sur le terrain car elle était soi-disant une menace selon ses supérieurs. Lui qui est un aumônier tuer c’est contre nature. Comment faire pour ne pas se sentir encore plus coupable quand son métier d’origine est d’encourager l’amour de son prochain ?
La performance de Lars Mikkelsen
Lars Mikkelsen est un acteur danois connu pour son rôle de Viktor Petrov, le président russe dans la série House of Cards. Dans Au Nom du Père, il joue à un autre jeu politique. Il révèle alors tout son talent d’acteur. Le rôle de Petrov étant plus conventionnel, dans Au Nom du Père, Lars Mikkelsen joue un homme haut en couleur et surtout tourmenté. La série repose véritablement sur la performance. Les autres sont quasi à son service pour lui donner la réplique.
Honnêtement, je n’ai pas réussi à avoir la foi avec Au Nom du Père. J’ai vu plusieurs épisodes en plus des deux premiers vus à Séries Mania que je les ai revus dans l’espoir d’avoir une révélation. Mais, malheureusement, je reste sur ma première impression. Il y a des choses intéressantes pourtant dans la série. La question sur la religion est intéressante d’autant plus au sein d’une famille protestante où celle-ci prend une place importante car le père et un des fils en ont fait leur vocation. Lars Mikkelsen propose une performance remarquable dans le personnage de Johannes. Il y a un propos : la religion mais l’histoire qui se crée dessus est bien trop légère. Le temps devient vite long dans Au Nom du Père. Je n’ai pas trouvé cette foi en ces personnages ou leurs histoires et il me semble que c’est c’est davantage une contemplation qu’une réelle histoire captivante.
La plus éblouissante série que j’ai vue depuis longtemps. Passionnante, réalisation formidable… A votre place, pour l’éreinter comme vous le faites, je changerais d’occupation.
Je suis ravie que vous ayez aimé la série Au Nom du Père.
Après les goûts et les couleurs diverges mais je reconnais ses atouts 😉