Desiree Akhavan est une nouvelle voix féminine à écouter attentivement ! D’origine iranienne, élevé aux Etats-Unis, elle décide de faire sa première série en Angleterre dans son pays d’adoption depuis quelques années. The Bisexual raconte l’histoire de Leila, une femme lesbienne devenue bisexuelle. Rencontrée lors du MIPCOM, en interview Desiree Akhavan m’a parlé sa série The Bisexual qui est diffusée chez nous sur Canal + Séries !
Dans The Bisexual, vous êtes à la fois actrice, réalisatrice et scénariste. Comment on gère avec vos trois casquettes ? Est-ce que c’était important d’être présente sur ces trois postes ?
Desiree Akhavan : « Ça c’est fait ainsi. Porter ces trois casquettes fonctionnent que si vous pouvez vous reposer sur les gens qui vous entourent. Naomi (De Pear) a cadré les choses, Katie (Carpenter) a produit et édité les scripts et Cécilia (Fruguiuele) a co-écrit avec moi. Je ne fais pas tous les jobs. Je fais un peu tous les jobs et je disparais faire un autre job. C’est difficile, vraiment difficile. C’était bien plus difficile pour cette série que le film que j’ai fait ou la websérie dans laquelle je jouais. A chaque fois que j’ai fait ça, ce n’était pas autant un défi que cette série parce que c’était un tel engagement. C’est comme tourner deux films à la suite. Je ne pense pas que vous devez assurer les trois jobs. Je l’ai écrit pour moi et Cecilia l’a écrit pour moi. Il n’y avait aucune actrice que nous voulions engager et je ne me voyais pas comme une actrice. C’était si personnel et offensant que cela faisait sens pour eux que ce soit moi et que ce soit mon corps à l’écran. C’était difficile. C’était probablement la chose la plus difficile de ce projet. Je suis assez confiante en tant que réalisatrice et j’ai assez d’expérience sur le plateau pour avoir mes repères. J’écris depuis l’âge de 9 ans des scripts. Je suis confiante et sereine à l’écriture. Puis, j’ai co-écrit avec Cecilia ce qui m’a permis d’être encore plus confiante. Devoir jouer quand je fais mes autres jobs, ça me rend vulnérable. Cela m’a mis dans une position émotionnellement intense qui je pense est positive pour la série et mauvais pour ma santé mentale. Je pense que c’était juste pour cette série.
Mais pour répondre à votre question : est-ce que c’était nécessaire. Non ce n’est pas nécessaire. Chaque série a besoin de sa recette. C’est comme des enfants vous ne pouvez pas les élever de la même façon. Pour cette série, ça fait vraiment sens que j’y sois. C’était si intra-utérin, intime quelque chose que je n’avais pas vu avant. C’était pourquoi que c’était important que ce soit moi sur l’écran. J’avais ma main à différents endroits. L’exécution est dictée par l’histoire ».
A quel point êtes-vous proche de votre personnage de Leila ?
Desiree Akhavan : « Je dirais que Leila est un amalgame entre mes meilleures et pires qualités. C’était un peu l’idée de ‘choisis ta propre aventure’. Pourquoi ne pas mettre Desiree dans ce scenario bizarre. Qu’est-ce que la pire chose que vous pourriez faire ? Je crois que l’idée c’était de suivre mon instinct et de jouer le jeu de la comédie avec mon pire moi. En terme d’histoire, non, cette histoire ne m’est jamais arrivée. Mais chaque personnage est inspiré par quelqu’un présent dans nos vies. Chaque histoire est inspirée par quelque chose que nous connaissons. L’idée de la lesbienne qui devient bisexuelle. Je me suis révélée bisexuelle et j’ai toujours été bisexuelle. Mais je dirai que c’est très personnel d’une certaine manière et en même temps, d’une certaine manière ça ne l’est pas. C’est pourquoi c’est difficile pour moi de me considérer comme une actrice parce que je joue une sorte de version bizarre de moi-même. En fait, j’allais au fond des choses de ce qui me fait vibrer pour trouver un moyen de l’adapter en fiction. Mais, l’insécurité qu’elle ressent, c’est fidèle à ma personnalité. Une grande partie de notre travail, c’était pourquoi je parle autant de ma sexualité, qu’est-ce qui me met mal à l’aise. Pourquoi je suis gênée de le dire tout haut. Trouvons un moyen de mettre ça dans le script ».
Vous êtes d’origine iranienne et vous avez vécu toute votre vie aux Etats-Unis mais The Bisexual est une série anglaise. Est-ce que votre série The Bisexual aurait pu voir le jour aux États-Unis ?
Desiree Akhavan : « Je pense que ça serait une série complètement différente. ça serait très compliqué à pitcher et à vendre. Aux Etats-Unis, j’ai l’impression qu’il y a une pression à contenter l’audience la plus large possible et en étant le moins offensant possible envers un maximum de gens. Je crois que plus que de faire une bonne série, les gens veulent être le moins offensant possible. Ce qui est agréable de travailler au Royaume-Uni, c’est que c’est un marché plus petit donc vous pouvez être spécifique et honnête avec votre vision autant que possible ».
Pouvez-vous nous en dire plus sur le process d’écriture ? Et comment en êtes-vous venu à imaginer les personnages de Gabe et Deniz dans la vie de Leila ?
Desiree Akhavan : « Le process d’écriture est un mixture subtile entre des potins et une analyse psycho. Gabe est un amalgame de mon frère, du mari de Cecilia et de tous les hommes hétéro présents dans nos vies. On voulait créer une amitié entre ces deux personnes qui ne sont jamais mis ensemble : ce type hétéro et cette femme bisexuelle. Leurs qualités font qu’ils sont biens ensemble et c’est aussi ce qui fait qu’ils sont drôles ensemble. Le but c’était de trouver les anecdotes des gens présents dans notre vie que l’on peaufine. Dans l’épisode 2, quand ils prennent des photos parce qu’il ne veut pas oublier le fun de la soirée alors qu’il (Gabe) veut aller à la soirée mais il n’y va pas. Ne vous éclatez pas sans moi ! C’est un de nos amis. Puis, les photos qu’on lui a envoyé c’est une photo que Cecilia a faite parce qu’il allait se coucher tôt. Il avait dit personne peut s’éclater. Je vais me coucher mais réveillez-moi si vous vous éclatez. Personne ne s’éclatait mais on s’est dit qu’on devrait lui envoyer toutes ces photos et ça l’a tué. On a mis nos vies dans nos histoires. Puis, après comment on les intègrent, les relie, les assemble pour faire une seule histoire. Mais, dans l’ensemble c’est pour la plupart des potins et fréquenter des gens. Deniz est inspirée d’une de nos amis. C’est la personne la plus généreuse de ma vie et en même temps la personne la plus rude, celle que j’ai eu le plus de mal à présenter à mes amis. Cette fille est une garce, non, en fait tu ne la connais pas ».
Pourquoi le choix du déterminant « The » Bisexual ?
Desiree Akhavan : « Je crois que ça fait sens parce que cela traite d’un moment en particulier. ça aurait pu être n’importe quel bisexuel mais c’est centré sur elle. C’est la seule. il y a personne à côté d’elle 😀
Katie Carpenter ajoute qu’il y a eu une vraie discussion au départ sur ce déterminant « The » et que ça donnait l’idée ironique d’une étude sur…
The Bisexual, une saison 2 ?
Desiree Akhavan : « On a une saison 2 ».
Combien de saisons voyez-vous ?
Desiree Akhavan : « Un million 😀 Je vais mourrir avec un stylo dans ma main. pour être honnête, je ne sais pas. Ce que j’aime c’est que vous retrouvez avec ces personnages à différents stades de leur vie et je me demande combien de stades je peux assurer. Je serai curieuse de le savoir. J’ai une bonne idée pour les six prochains épisodes mais je me demande quel serait le chapitre suivant ? Ce serait cool de la donner à un autre créateur. Le pitch serait : vous gardez ces personnages, que feriez-vous avec ? »