La star de Syfy France au Comic Con Paris, c’était Eric Balfour. Lors de son séjour parisien, il m’a accordé une interview où on a discuté de la fin des Mystères de Haven. La série a occupé cinq ans de sa carrière d’acteur et une œuvre dont il est fier.
Duke de Haven
Dans le trio initial que Aubrey, Nathan et Duke, ne trouvez pas que votre personnage est un peu mis à l’écart vis-à-vis du couple Nathan/Aubrey entre autres ?
Eric Balfour : « Oui mais quand une histoire n’a pas de conflit cela devient ennuyeux. La faiblesse de certaines séries, c’est quand les couples ou les amis n’ont aucun problème. Ça devient un peu immobile. Duke a toujours été un élément charmant pour mettre de la tension et du conflit. Au bout d’un moment, les gens voient bien que Nathan et Aubrey sont un couple donc il n’y a pas plus de tensions pour savoir s’ils vont finir ensemble. Donc, Duke devient le catalyseur pour ramener ce trio ensemble et aussi le démanteler. D’une certaine manière, Duke et Nathan ont leur propre romance. Ce ne sont pas des amants. Mais, cette relation entre eux et les gens vont le découvrir est vraiment cruciale à la fin de la série ».
Selon vous, Duke est-il le personnage qui apporte un peu de légèreté dans la bande Haven ?
Eric Balfour : « Je pense que ce que les gens aiment dans la série, c’est que c’est un peu étrange et il y a un peu d’humour. Ce n’est pas uniquement, cette série de science-fiction imposante et sombre. Je pense que Duke représente ça. C’est fun d’avoir un personnage qui se rend compte de l’absurdité de la situation. Quand il y a une famille hantée par un fantôme, ils sont en mode ‘qu’est-ce qu’on va faire, qu’est-ce qu’on va faire’? Et c’est sympa d’avoir quelqu’un qui dit ‘c’est débile, partons maintenant’! C’est sympa d’avoir un personnage comme ça ».
Est-ce que nous aurions une chance de revoir la fille de Duke ?
Eric Balfour : « Malheureusement non. Il y a beaucoup d’histoire que nous voulions explorer et celle-ci n’a pas pu être intégrée. On en a discuté mais ça aurait été une histoire trop importante et il n’y avait pas assez de temps. Mais, s’il y a un spin-off sur Duke »?
Justement, certains fans souhaiteraient un spin-off sur Duke : seriez-vous partant ?
Eric Balfour : « Je serai partant. Ça serait fun mais ça dépend des producteurs et de la chaîne mais je le ferai. Mais, si ça arrive il faut le faire ailleurs pas à Haven ».
Une étrange saison 5
J’ai lu que vous ne saviez pas réellement que c’était la dernière saison car la série n’était pas officiellement annulée mais les scénaristes le savaient ?
Eric Balfour : « Vous voulez la vérité ? On savait que c’était la dernière saison. En fait, c’est l’inverse de votre question. On savait que c’était la dernière saison mais on suppose qu’il y avait une possibilité de renégocier et d’essayer de continuer. Mais, nous y sommes allés en mode, ça doit être une bonne saison car c’est la dernière. Vous ne savez jamais car des séries sont terminées depuis des années et reviennent. Les gens disent c’est bizarre mais pourquoi pas ? Puis, il y a les coulisses de la télévision. Les acteurs signent un contrat pour un nombre d’années précises et tous nos contrats devaient être renégociés. Donc, on savait que si ils voulaient poursuivre la série, il y aurait une renégociation. Ce n’était pas une surprise choquante. Mais ce qui est bien, c’est que pour nous les acteurs ça nous a permis de planifier ce qu’on peut faire avec le final de la série ».
Cette saison 5 comporte 26 épisodes et les avez-vous tournés à la suite ?
Eric Balfour : « On a tourné les 26 épisodes à la suite. Pour nous, on avait l’impression que c’était deux saisons mais ils appellent ça partie A et B car c’est encore un problème juridique. C’est parce contractuellement d’une saison à l’autre, il y a des choses qui changent comme des frais qui augmentent. Donc, si vous n’appelez pas ça deux saisons alors vous pouvez échapper à cet aspect. Ce n’est pas grave. Mais cette histoire de partie A et B, je pense que c’est débile ».
26 épisodes à la suite : le rythme d’une série de networks ?
Eric Balfour : « 9 mois de tournage exactement. Le plus dur a été d’être loin de sa famille et de chez moi. Je me suis marié après le tournage donc on organisait mon mariage pendant que je tournais Haven. Ce n’était pas évident ».
Lucas Bryant (interprète de Nathan) a réalisé l’épisode 14 de la saison 5 « Sandman » car il est le seul de vous trois à avoir la nationalité canadienne. Il paraît qu’au Canada, les réalisateurs doivent être canadien ?
Eric Balfour : « C’était très sympa de l’avoir comme réalisateur. Tous nos réalisateurs sur la série doivent être canadiens. En fait, à cause du lieu où on filme la série et à cause du crédit d’impôts, le gouvernement canadien nous impose des réalisateurs canadiens. Le Canada est assez intelligent sur ce coup-là. Donc, c’était une super opportunité pour Lucas de réaliser. Lucas en tant que personne est quelqu’un de magnifique, chaleureux et créatif. Je n’arrive pas à retrouver un autre moment où j’avais envie d’être meilleur dans la série que quand il réalisait car je voulais être à la hauteur pour lui ».
Haven est une série surnaturelle qui dénote un peu du catalogue de la chaîne Syfy très porté sur la science-fiction. Qu-est-ce qui vous a attiré dans le genre ? Pourquoi Duke ?
Eric Balfour : « Ce qui m’a attiré chez Haven ? Certains acteurs vous diront plein de raisons fantaisistes pour vous dire pourquoi ils ont pris ce personnage, ce rôle. C’est plus nuancé, vous essayez de faire un bon choix dans ce que l’on vous propose. Pour moi, initialement, j’appréciais le personnage. J’adorais le fait qu’il soit sarcastique, irrévérencieux et pas unidimensionnel. C’était un pari car quand on a commencé la série 5 ans plus tôt, Syfy la chaîne était entrain de changer. On était un peu nerveux et on ne savait pas ce qu’ils allaient faire. On voit cette évolution où les séries deviennent plus imposantes et plus intelligente. C’était fun de faire partie de cette première vague de programmation. Pour ce qui est de l’attraction du genre, en tant qu’acteur, je suis attiré par toutes sortes de genres. Je ne dirai pas que c’est ce genre qui m’attire car c’est celui dans lequel j’ai joué pendant 5 ans. Mais, si vous m’offriez une comédie, j’aurais sûrement choisi ce genre en premier car je préfère les comédies. Je pense que les acteurs aiment se rendre plus sophistiqués qu’ils ne le sont. La vérité : être un acteur n’est pas toujours simple, vous ne pouvez pas toujours prendre ce que vous voulez. Je pense que vous devez prendre la meilleure décision parmi celles disponibles. J’aime tous les genres et j’aimerais bien faire une série historique. Et tout particulièrement du 17 au 19ème siècle, des époques qui me fascinent. Ce qui est fun avec le surnaturel, il n’y a pas de règles. En marchant sur Terre, nous ne pouvons pas voler. Malheureusement. Mais, dans le genre de la science-fiction et du surnaturel, tout est possible. C’est fun de pouvoir vivre ses fantaisies. Il y a aussi des challenges, quand vous jouez face à une balle de golfe que quelqu’un agite sur un bâton représentant le monstre que vous êtes supposé regarder. Mais, d’une certaine manière, ça vous permet de rester jeune. Je me souviens quand j’étais enfant, j’allais dans le champ derrière chez mes parents et je prétendais que j’étais Conan, le barbare ou peu importe mais c’était vrai. J’en étais persuadé ! Faire ce que l’on fait, c’est comme être un enfant de nouveau ».
Le final après 5 ans à Haven
Sans rien révéler, êtes-vous satisfait de la dernière scène de Duke Crocker ?
Eric Balfour : « Les dernières scènes de Duke, et je suis peut-être influencé, sont absolument mes scènes préférées de la série. Tout le parcours du personnage de Duke est combiné d’une manière magnifique et irrésistible. J’en suis vraiment très fier. Il y a plusieurs moments quand on les filmait, je ne cesse de penser que c’était si parfait et si cool. J’ai vraiment apprécié la manière dont c’était écrit et le rendu au tournage ».
Donc, ce seront des scènes émouvantes ?
Eric Balfour : « Oui, c’est très émouvant et intense mais c’est aussi très Duke. Il y a cet humour intelligent ».
Alors, le final de Haven est satisfaisant selon vous ?
Eric Balfour : « Je trouve. On ne donne pas l’impression que l’on a fait des compromis. C’est une vraie fin dans le bon sens du terme. Vous savez parfois les séries se terminent mais sans vraiment se terminer laissant une impression de fin ou pas réellement. On ressent que c’est un final et que c’est spécial. Je pense que les fans seront vraiment contents avec ce final ».
Quel est votre sentiment après avoir conclu une aventure de 5 ans à Haven ?
Eric Balfour : « D’un côté, je suis quelqu’un qui aime avancer. Je n’aime pas stagné et j’apprécie les nouveaux défis. D’une certaine manière, j’étais content et ravi d’aller vers d’autres horizons. Mais, en même temps, je suis tombée amoureux avec toutes ces personnes avec qui j’ai travaillé : mes collègues acteurs, l’équipe technique et le lieu de tournage. Cela va me manquer. C’est intéressant car il y avait une femme dans la ville où nous tournions, son nom est Nicky Butler et pendant les cinq années de tournage, elle était propriétaire d’un restaurant là-bas. Elle cuisinait pour nous chaque soir et elle est devenue une seconde mère pour moi. Je venais voir le soir Danse avec les stars avec elle et on trainait ensemble. Elle connaissait mon épouse avant qu’elle le devienne. Elle m’a aidé à choisir des fleurs pour elle quand elle venait me rendre visite. Si j’avais faim le soir tard, elle me laissait entrer et manger dans sa cuisine. Et juste après que nous ayons arrêter le tournage, elle est tombée malade. Elle est décédée il y a quelques mois. Ça fait l’effet d’un cercle qui se referme. Vous rappelez alors que tout est fragile et que c’était une très belle expérience et un bon moment. Même si Nicky n’est plus là et qu’elle était la personne la plus spéciale de cette expérience, elle est dans un autre endroit, vous la gardez au fond de votre coeur tout comme la série. Tout a une fin mais vous le gardez en vous ».