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Rencontre Paul Abbott – No Offence

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Ne soyez pas offenser par No Offence bien au contraire ! Présentée au festival de la fiction TV de La Rochelle, son créateur Paul Abbott venu avec son producteur Martin Carr parle de sa nouvelle série du moment après State of Play, Shameless et Hit and Miss. J’ai eu la chance d’avoir une interview en tête à tête avec Paul Abbott qui m’a confié les secrets de son écriture.

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Comment s’est déroule  l’écriture des trois personnages féminins principaux ? Est-ce que l’une est plus difficile à écrire par rapport aux autres ?

Paul Abbott : « Elles étaient toutes les trois à part égale difficile à écrire et d’ailleurs, je me suis trompé au départ. Elles étaient trop imposantes, trop vulgaires, trop expressives, trop ça et trop ci. Elles allaient toutes être les mêmes. Donc, on les a décomposées et on les a séparées les unes des autres. Prenez Joy qui est la plus angoissée et regardez les faits, elle a été shorlistée et elle devait être compétente pour ce travail. Elle ne pense pas qu’elle l’est et c’est drôle parce qu’elle est compétente. Construire cet archetype de famille est ma manière d’écrire. Le fait que ce soit trois femmes importe peu car vous vous attachez pas à leur apparence féminine mais à leurs traits de caractère. La personnalité est plus importante. Parfois, vous changez de femme à homme mais ça ne marche pas. Si j’écris un homme fin aux cheveux bruns pourquoi ne pas avoir plutôt une femme imposante rousse ? Voyons ce qui arrive en faisant ça et c’est peut-être pas la bonne chose à faire. Mais tester la différence, calibrer la différence est important. Quand vous avez un personnage qui vous plaît, cela façonne le reste. Dinah est le premier personnage que j’ai traité. La boss était la dernière que j’ai travaillé car elle apparaît après les deux autres. Dinah est ma carte de fidélité. Si vous laissez de côté Dinah, vous avez Viv et vous devez vous mettre dans ses chaussures. On regarde tous beaucoup la télévision et on sait à quoi ressemble la télévision. Moi, ça me rend dingue. Dans la fiction, c’est trop factice. Alors, vous essayez de trouver des parts d’humanité que les gens reconnaissent mais qui ne sont pas nécessairement à la télévision. Un petit exemple, quand Viv va dans la maison des drogués et qu’elle frappe à la porte. Puis, il y a cette petite réplique où elle dit : « je pensais que c »était les autres chaussures« . Ce sont des choses comme ça qui la rende plus abordable. C’est une femme forte frappant à la porte en tant que policière et elle a les mauvaises chaussures au pied. C’est un petit détail que vous exploitez permettant de rappeler aux téléspectateur que les personnages ne se regardent pas de l’extérieur ».

Vous appréciez montrer des petits détails pour nous rappeler que ce sont de vrais personnes ?

Paul Abbott : « Qu’ils laissent tomber leur armure. Comme Dinah dans ces moments avec Joy où elle lui dit : « I’ve got you back, you’ve got my heart » (« Tu as mes arrières, tu as mon coeur »). Ces petites répliques dans des moments de panique où vous arrêtez le drame et tout le monde se souvient de la réplique. Par la suite, nous irons sur des répliques encore plus impressionnantes. C’est du business en quelques sortes comme la scène des toilettes, mais une véritable part d’engagement personnel. C’est une façon de mettre en place une fausse famille. J’adore regarder les gens être bons dans leur travail. Les séries médicales, ils passent leur temps à bavasser au lieu de travailler. Je déteste ça ! Être compétent et être contente d’être compétent, c’est rare selon moi. Beaucoup de procédurales s’appuient sur des bavardages autour d’une table et ces scènes sont ennuyeuses à écrire. Ne rendez pas cette scène ennuyeuse ».

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Selon vous, en quoi No Offence s’inscrit dans le genre policier ?

Paul Abbott : « J’adore les polars car c’est une compulsion inévitable pour le public. Quand vous racontez une affaire, ils veulent savoir la fin. Nous sommes des raconteurs d’histoires naturels en tant qu’être humain et nous sommes des receveurs naturels d’histoires. Par exemple, New-York, police judiciaire (Law & Order), c’est si prévisible mais je ne peux pas m’en décrocher. Mais, ça marche ! En fait, vous pouvez reprendre le script à rebours car c’est le même script à chaque fois. Vous pouvez imaginer que tout ce qu »il y a la télévision se ressemble mais si vous essayez vraiment ce n’est pas une nécessité. Vous pouvez faire une réelle différence tout simplement dans la manière de nommer un personnage ou vous montrez au public quelque chose qu’ils n’ont pas encore vu mais pas forcément de manière remarquable mais de manière ordinaire, sans buts. Ainsi, vous n’êtes plus un raconteur d’histoire mais un ami et ils vous font confiance. Quand vous avez la confiance du public, vous pouvez tout faire avec l’histoire. J’ai beaucoup de respect pour les téléspectateurs ».

Quelle était votre implication dans la version américaine de Shameless ?

Paul Abbott : « Ils n’avaient pas réellement besoin de moi car le pilote est tourné exactement pareil scène par scène. Je connaissais John Wells (créateur de la version US) car il voulait acheter Clocking Off et cela a pris tellement de temps de faire le contrat sur Clocking Off et Shameless est arrivé et il a été tout de suite intéressé. Ils ont tout construit car en Angleterre, la série s’appuyait sur les classes sociales et aux États-Unis, vous n’avez pas de sécurité sociale, vous avez seulement huit jours d’aide et c’est tout. Vous êtes affamé et vos enfants aussi, c’est comme ça. Je suis assez fier de la manière dont ils ont écrit la série pour construire quelque chose de propre et différent. C’est vraiment très intelligent et j’en suis très fier. J’aurais même aimé qu’on fasse la version britannique un peu comme celle des US, en particulier dans la longévité ».

Le travail d’écriture de séries selon Paul Abbott !

Paul Abbott est un showrunner qui aime parler de son travail et s’éloigne un peu des questions posées mais pour raconter des choses passionnantes. Retranscrire tel quel serait incompréhensible alors, voici avec quelques phrases pour enrober ses propos. Paul Abbott s’est longuement penché sur l’écriture et ses implications. Un processus pas si évident pour un scénariste chevronné comme lui qui reconnaît que le pilote de No Offence a nécessité dix brouillons avant d’être celui diffusé à la télévision. C’est un véritable bourreau du travail reconnaissant qu’il n’y a pas un jour où il n’écrit pas et les idées fusent en ayant jusqu’à quatre en une journée. Ils conservent toujours ses idées bonnes ou mauvaises dans un coin de son esprit au cas où. Il est capable d’abandonner totalement une idée pour partir sur autre chose. Par exemple, dans State of Play, en écrivant l’épisode 6, il s’est aperçu que ça ne collait pas et il a tout changé. Une affaire coûteuse mais ses collaborateurs lui ont fait confiance, quelque chose qu’il apprécie fortement. Enfin, si vous souhaitez devenir scénariste,  Paul Abbott vous recommande un livre (en anglais) : « Becoming a writer » de Dorethea Brande écrit en 1934 « comme si Mrs Doutfire vous expliquait comment utiliser le coma artistique ».

 Actuellement, Paul Abbott travaille sur la saison 2 de State of Play soit 10 ans après la première saison !

Lubiie

Plus de 10 ans d'expertise dans le domaine des séries, blogueuse passionnée, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival, intervieweuse aux multiples questions en séries ou chroniqueuse radio. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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