Servier : vous savez vous êtes mon seul ami finalement
Larcher : je ne suis pas votre ami
Servier : ah bon. Moi je suis le vôtre.
Larcher : Servier, on a vécu des choses terribles ensemble et je vous respecte mais c’est pas ça un ami.
Servier : parce que vous en avez des amis ?
Larcher : Non ?
Servier : vous voyez c’est peut-être juste que vous ne savez pas les voir.
Peut-on parler d’amitié en temps de guerre ? Retrouve-t-on ses amis après la guerre ? Ce dialogue entre Servier et Larcher est une entrée en matière parfaite pour commencer le cycle de mémoire qu’entame en Saison 7 Un village français pour son dernier chapitre.
Toujours aussi juste dans ces dialogues et dans son approche de l’Histoire. Les six épisodes de cette première partie sont toujours à la hauteur de la qualité de cette série française remarquable. La guerre est finie, la France est libre mais ne sait plus où elle en est. La justice veut reprendre ses droits mais souvent hantée par cette guerre qui aveuglent les jugements. Comment oublier l’horreur et apporter un jugement objectif ? Un Marchetti ou un Servier se défendront par une seul argument : avoir exécuté les ordres de l’Etat. Mais quel Etat ? Celui de Vichy…
La série comme à son habitude ne juge pas, ne condamne pas ces personnages, elle raconte l’Histoire avec ces personnages attachants et même accablés de la peine capitale, le téléspectateur éprouve un petit pincement au coeur. Ces méchants de l’Histoire, ce sont des personnages que l’on a appris à connaître en sept saisons et que l’on comprend dans leur choix ou plutôt que l’on comprend mieux. Toujours avoir en tête que quand on n’a pas vécu la chose, on ne peut pas savoir quel aurait été notre camp. Un Village Français montre tout le monde au sein de Villeneuve sans jugements, ils ont fait des choix.
Quelle justice pour le Docteur Larcher ?
C’est pourquoi le procès de Daniel Larcher en est plus douloureux à suivre car autant Servier, l’issue est prévisible mais Larcher, ce bon vieux docteur Larcher,n’est-il pas bon ? L’emblème de la série selon moi. Comment le condamner ?
Larcher : Longtemps, j’ai pensé que je n’y étais pour rien que tout cela se passer malgré moi, contre moi. Mais avec le recul et l’obligation de réfléchir auquel me soumet ce procès en attendant votre verdict. Maintenant, je vois les choses autrement. J’ai voulu éviter le mal et en réalité, je l’ai accompagné. Mais, je ne suis pas le monstre manipulateur que décrit le procureur. Je n’ai ni volé un enfant, ni envoyé son père à la mort, ni informé la gestapo. Comment dire ? J’ai…oui j’ai pris plaisir à m’occuper des autres à un moment où ce n’était sans doute pas possible de le faire bien. Peut-être que c’est une faute qu’il faudra payer je ne sais pas comment. […] Je ne suis ni un traître, ni un monstre, ni un manipulateur, juste un homme. Un homme qui s’est peut-être un peu trompé sur lui-même.
Cette dernière phrase de Larcher est magnifique et si juste. Tous ces gens, ce sont des hommes, des femmes qui ont fait un choix dans un contexte précis. Peut-être le mauvais pour certains mais nous étions pas à leur place. Ce discours de Larcher devant la cour est si émouvant et résume tout la difficulté de l’après-guerre en quête de justice.
Enfin, un brin de nostalgie souffle sur Le Village Français, les disparus reviennent en bon souvenir des vivants et pour le plus grand plaisir de nous téléspectateur. Il y a même des flashbacks. Revoir le petit Gustave, qui n’a plus du tout la même tête, rappelle les premières années du Village Français. Des images qui réchauffent le coeur et nous rappelle tristement que la fin approche…