Imaginez-vous dans l’Australie de 1900, perdu au milieu de nulle part, dans un manoir où l’on éduque les jeunes filles de bonnes familles à devenir de vraies dames. Bienvenue dans l’établissement de Madame Appleyard qui tient d’une main de fer ses jeunes pensionnaires à qui elle inculque les bonnes manières. Veuve sombre, Madame Appleyard est très autoritaire et pourtant, elle accorde à ses pensionnaires une sortie, un pique-nique à Hanging Rock, un lieu magique qui est dominé par un imposant rocher. Tout se passait bien, les jeunes filles dormaient paisiblement quand la jeune Edith déboule en hurlant. Irma, Miranda, Marion et leur professeur Miss McCraw ont disparu….
Un mystère a élucidé sur Canal +.
Plus qu’un mystère, une ambiance
Vous entendrez à chaque épisode, ce son assourdissant, qui sous la chaleur du lieu, vous donne mal à la tête. Ambiance idéale pour perdre ses sens et suggérer le rêve. C’est l’objectif de Picnic at Hanging Rock qui ne cherche pas à vous raconter un mystère et comment le résoudre. Bien au contraire, le but est de vous plonger dans une atmosphère où vous ne parvenez pas à distinguer le réel du rêve. En effet, on s’y perd et volontiers. Même si le mystère des ces disparitions est intéressant, l’univers de la mini-série et de ses personnages l’est bien plus. C’est ce qui séduit dans Picnic at Hanging Rock. C’est une véritable invitation à un pique-nique champêtre.
Natalie Dormer, parfaite lady
Depuis Les Tudors et non Game of Thrones, le talent de Natalie Dormer m’a toujours interpellé. Encore une fois dans Picnic at Hanging Rock, elle propose une belle performance dans le rôle de cette femme de pouvoir qui prend un malin plaisir à éduquer des jeunes filles de bonne famille même si il faut parfois passer par la sévérité. Ce rôle est tout à fait adapté à l’actrice qui s’en sort avec brio car même si Madame Appleyard est plus abjecte des personnages, notre sympathie se tourne vers elle. Puis, ses petites phrases en française sont exquises.
Ne cherchez pas à comprendre la fin de Picnic at Hanging Rock !
Tout au long de votre périple chez les filles de Madame Appleyard, vous vous êtes senti pommé depuis le début ? N’espérez pas mieux de la fin… On reste dans l’onirisme et l’atmosphère. Vous ne saurez pas ce qui est arrivé aux trois filles Irma, Miranda, Marion et leur professeur Miss McCraw. Irma sera la seule retrouvée mais amnésique alors que les deux autres filles restent à tout jamais disparues tout comme leur professeur. Quant à Madame Appleyard, une fois montée son rock, elle s’y suicide tout simplement.
Cette fin vous laisse perplexe ? C’est le but ! Sachez que l’auteur Joan Lindsay, du livre Picnic At Hanging Rock publié en 1967, a non seulement écrit son oeuvre en 4 semaines mais elle a volontairement laissé le mystère intacte jusqu’au bout car son objectif était de faire un livre d’atmosphère autour d’un lieu comme celui du Hanging Rock. Des rumeurs disent qu’elle se serait inspirée de faits réels selon des notes retirées par son éditeur. Ce dernier s’est aussi permis de retirer le dernier chapitre avec la soi-disant explication du mystère qui a été publiée uniquement dans la réédition de 1980 à la demande de l’auteur. Les filles et leur professeur seraient parties dans une autre dimension… Le film de Peter Weir de 1975 propose une fin différente. Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est un mystère et libre à votre imagination de décider de la fin idéale. Cette mini-série est avant tout une expérience, une ambiance plus qu’un mystère.
Je peux comprendre que le téléspectateur soit déstabilisé par la fin de Picnic at Hanging Rock. Mais, si on privilégie l’expérience, le rêve au mystère alors, il semble plus facile d’accepter la fin. D’autant plus que dès le premier épisode, vous sentez que l’ambiance dans laquelle vous êtes plongés n’est pas normale. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise à vrai dire. Moi, je trouve ça intéressant que ce ne soit pas le polar qui domine autour d’un mystère même si j’aurais voulu une fin plus sensée, je me contente de celle que l’on m’a donné sans trop d’amertume.