Dans un monde fantastique à l’époque Victorienne, où vivent des créatures mythologiques immigrées de leurs terres natales, envahies par les humains. Cette population doit lutter pour coexister avec les humains : interdiction pour eux de vivre, voler, aimer, en toute liberté. Malgré la noirceur de ce tableau, l’espoir demeure, puisque le détective Rycroft Philostrate (Orlando Bloom) et une fée réfugiée du nom de Vignette Stonemoss (Cara Delevingne) vivent une dangereuse relation au cœur d’une société de plus en plus intolérante. Mais Vignette cache un secret qui pourrait mettre Philo en danger au cours de l’enquête la plus importante de sa vie : une série de meurtres atroces à même de mettre en péril la paix déjà précaire. Bienvenue l’ambiance de Carnival Row à découvrir sur Amazon Prime Video.

J’ai eu la chance de voir les épisodes en avant-première de ce projet qui était à l’origine un film qui n’a jamais vu le jour à Hollywood. Intitulé « A Killing on Carnival Row » écrit par Travis Beacham, le projet reprend vie quand Guillermo Del Toro se joint au projet. Alors, la série Carnival Row est envisagée mais finalement Guillermo Del Toro renonce au projet à cause d’un emploi du temps bien trop chargé préférant le cinéma. Accompagné de René Echavarria, Travis Beacham fait de son film une série et l’intitule tout simplement « Carnival Row« . La série a déjà décroché une saison 2 avant diffusion de la saison 1 sur Amazon Prime Video.

CARNIVAL ROW et ses ambitions fantastiques !

Carnival Row est définitivement une série qui se veut ambitieuse et surfant sur l’engouement Game of Thrones. Ça se voit et ça se sent au travail réalisé pour faire de cette série un grand événement sur la plateforme de streaming. Visuellement, la série est belle avec de très beaux effets spéciaux comme sur les ailes des fées par exemple. Il paraît que Carnival Row a nécessité cinq mois de travail en post-production pour une série de 8 épisodes de 60 minutes. Puis, le maquillage est remarquable comme les cornes des faunes (créatures issues de la mythologie romaines ayant des cornes de bouc et des pattes de chèvres, c’est le cas d’Agreus) tout comme les costumes raffinés. Il y a une véritable volonté d’éblouir le téléspectateur et de le transporter dans un monde féérique. A cela il faut ajouter le casting avec deux personnalités connues de tous et qui décrochent toutes deux leurs premiers rôles récurrents dans une série. Il s’agit de la mannequin Cara Delavigne devenue actrice et multipliant les rôles sur grand écran, elle joue Vignette. Pour amour, elle a face à elle Orlando Bloom dans le rôle de Rycroft Philostrate, surnommé Philo, qui est un détective hors pair. Un duo inattendue entre l’actrice-mannequin et l’acteur bien connu sous les traits de Legolas dans Le Seigneur des Anneaux (d’ailleurs, bientôt adaptée en série par Amazon Studios). Sans avoir un jeu étincelant, le duo parvient à faire le travail quoique parfois leur couple est plus ou moins crédible. En fait, le couple Vignette et Philo a un côté nian-nian, en ce sens, il y a de nombreuses répliques du style « j’ai fait ce que j’ai fait pour te protéger ou je t’aimais tellement qu’il fallait que je fasse ça pour te sauver ». Vous voyez le genre des amants qui se sur-protègent pour soi-disant le bien de l’autre. Au casting, on retrouve également Jared Harris, qui je crois se trouve dans toutes les séries maintenant mais toujours juste donc on ne dit pas non. Le reste des acteurs qui assurent dans les rôles qui leur ont été distribués. Mais, un casting de célébrités et des effets spéciaux pour en mettre plein la vue suffisent-ils pour faire illusion ?

CARNIVAL ROW : l’art de la fantaisie noire ?

De la « fantaisie noire », c’est ainsi que le projet Carnival Row a été qualifié à Hollywood et c’est totalement approprié. En effet, Carnival Row a beau dépeindre un monde fantaisiste qui n’existe pas où les humains cohabitent avec des fées et des faunes pour la plupart, notre héros Philo mène une enquête, certes, « noire », parce qu’elle est bien sinistre, mais une enquête policière tout ce qu’il y a de plus banal. Le détective a pour mission de découvrir qui est derrière la fameuse créature qui dévore les fées. D’où l’écho avec le titre original du film « A Killing on Carnival Row » qui peut se traduire par « Un meurtre au sein du Carnaval ». Philo mène juste une enquête sur une sorte de créature serial killer qui crée la panique au sein d’un monde fantastique. Tous les codes du thriller sont là au milieu d’une mythologie hasardeuse. En effet, pourquoi ce monde fantastique est peuplé uniquement d’humains, de fées et de faunes ? La série puisent dans différents éléments de différentes mythologies sans réelles cohérences. En revanche, ce qui est certain, c’est la série veut faire passer un message de tolérance. La société de Carnival Row est très hiérarchisée et en dehors d’Agreus qui a réussi à s’élever socialement, les faunes sont réduits au service des humains et les fées sont bien souvent liés aux bordels. C’est très cliché ! Les humains rabaissent en permanence les créatures. Seuls Imogen et Agreus défient ces lois sociales tout comme Vignette et Philo même si c’est mal vu voire dangereux. D’ailleurs, Agreus explique que, lui faune, a essayé de se mettre dans l’état d’esprit d’un humain pour sortir de sa condition sociale. Carnival Row touche bien évidemment, par de son message de tolérance, à la migration. Accepter l’étranger est ce que l’on ressort de cette série qui utilise le fantastique pour véhiculer une idée positive même si parfois, la manière dont c’est fait dans Carnival Row est un peu grossière. De plus, c’est aussi l’occasion de condamner l’impérialisme, ici, des humains sur les créatures.

Même si il y a de réelles ambitions qui se sont visibles avec le travail sur l’univers visuel, l’illusion fantastique ne peut pas masquer la réalité, un scénario trop léger qui tourne autour d’une simple enquête du type thriller mais dans un univers décalé celui du fantastique de Carnival Row.