ONSERIES Lisboa est un nouvel événement dédié aux séries télévisées portugaises. C’est une sorte de showroom de la création portugaise en matière de séries. Ainsi pendant 2 jours et demi, les professionnels du monde entier étaient conviés du 24 novembre au 26 novembre 2021 à découvrir ces séries portugaises dans un cadre merveilleux celui du Centre Culturel de Bélem à Lisbonne. C’est la première édition de l’événement.
J’ai eu la chance de faire partie de faire partie de cette première édition en étant invitée à Lisbonne par les équipes de ONSERIES Lisboa. J’étais la seule française issue de la presse et j’ai eu plaisir à retrouver mes camarades anglais et espagnols et de rencontrer des journalistes italiens ou portugais. On a été merveilleusement accueillis et j’ai pu constater l’avénement des séries portugaises qui s’ouvrent davantage au marché européen et international. On pourrait dire que les séries portugaises sont à l’âge d’argent se dirigeant doucement mais sûrement vers leur âge d’or.
En effet, lorsque j’avais présenté la série DOCE au festival de la fiction de la Rochelle, j’avais pu échanger avec la productrice Margarida Gramaxo qui m’avait expliqué en détails le marché audiovisuel portugais. Les portugais sont très friands des telenovelas brésiliennes, les préférant au bon vieux polar dont raffole le reste de l’Europe. La série de primetime de qualité tend à se développer davantage et la série DOCE qui raconte les coulisses d’un célèbre groupe portugais en est un bon exemple. Même sans aller dans le polar, les portugais tentent de se détacher des séries plus audacieuses avec un réel sens de l’économie que seuls ont les portugais. Le producteur délégué de la série Gloria de Netflix nous dit qu’ils ont eu beaucoup d’argent pour la série. Un budget qu’il n’avait jamais eu entre ses mains avec les diffuseurs traditionnels portugais. Et quand on lui demande le montant d’un épisode, Sérgio Baptista, nous répond entre 100 000€ et 1 million € !
L’ascension des séries portugaises, en dehors du Brésil, pays ami, se réalise notamment à travers la coproduction. C’est la stratégie de la société de production SPI qui nous a convié à un petit déjeuner pour nous parler de ses différentes séries dont la fameuse Gloria mais aussi d’un futur projet intitulé Cold Haven qui unit la chaîne portugaise RTP et la chaîne islandaise RUV. Il s’agit d’un drame policier qui lie habilement les deux pays à travers un meurtre sur fond d’immigration et de drame familial. RTP qui fait aussi partie des bienfaiteurs de Gloria avec Netflix même si minoritaire dans sa participation financière, la chaîne aura le droit de diffuser la série en primetime sur son antenne après un délai convenu avec le géant américain. C’est étrange comme deal mais ça se fait au Portugal à l’instar d’une série comme Le Bazar de la Charité en France d’abord diffusée sur TF1, puis dans un deuxième temps sur Netflix. À noter que SPI a commencé son entreprise de coproduction en visant plus petit avec une première coproduction entre le Portugal et la région espagnole de la Gallice pour des raisons évidentes de proximité. La série Auga Seca, intitulé Deep Water à l’international, est le fruit de cette collaboration. Cette série, qui compte à présent deux saisons, a été diffusé sur la version local de HBO en Espagne et au Portugal mais aussi sur les chaînes RTP et TVG pour l’Espagne.
Un autre facteur clef de succès de l’industrie portugaise en matière de séries passe aussi par l’achat de droits audiovisuels. J’ai assisté à une conférence passionnante sur le sujet avec Sydney Borjas, fondateur de Scenic Rights, une société de gestion de droits audiovisuels pour la littérature hispanophone et l’écrivain et le scénariste, João Tordo. Ils ont expliqué le business de l’adaptation littéraire en série et João Tordo a détaillé son travail d’adaptation de ses œuvres par lui-même ou d’autres scénaristes. Pour montrer l’engouement des studios et producteurs pour les oeuvres littéraires, Sydney Borjas cite l’Association des éditeurs britanniques : « Les séries qui sont basées sur des écrits littéraires ont reçu 25% des récompenses de la catégorie meilleure série dramatique aux BAFTA et 57% ont remporté le Emmy dans la même catégorie ». Toujours selon Sydney Borjas, les studios américains veulent les droits avant même la publication du livre. C’est un peu une course aux livres et trouver la perle qui fera une excellente série.
Enfin, j’ai également assisté à la session de pitch où il y avait 6 projets en compétition principalement des projets portugais et brésiliens ainsi qu’un projet français appelé Europol. Les deux gagnants sont :
- “Restlessness”
- ‘Waterline’
C’est toujours intéressant les sessions de pitch car on découvre les projets en cours, les tendances et ce qui anime les producteurs à un instant précis. Pour une première édition, la session de pitch n’était pas encore très riche mais on imagine avec l’ampleur que va prendre ONSERIES Lisboa, les projets vont être de plus en plus nombreux et le comité de sélection devra alors faire des choix cornéliens.
De ce séjour à Lisbonne le temps de ONSERIES Lisboa, j’en ressors avec une meilleure connaissance du marché portugais en matière de séries. J’y ai vu des choses prometteuses et encourageantes pour la suite. Il est fort probable que les séries portugaises fassent plus de bruit sur le marché audiovisuel. Ce qui est certain, c’est que les talents sont là ! En plus, le gouvernement portugais tentent d’encourager la création audiovisuelle dans son pays en proposant un cash rebate de 30% pour les productions sur son territoire. Alors, vive le Portugal en Séries !
