La première série originale Netflix allemande Dark revient pour une saison 2. Lors du festival Canneseries, j’ai pu m’entretenir autour d’une table ronde avec le président du jury qui est le co-créateur de Dark, monsieur Baran Bo Odar. Du jour au lendemain, lui et son épouse Jantje Fries ont vu leur série propulsée dans le monde entier grâce à Netflix. Une série allemande vue et appréciée dans plus de 200 pays, c’est pas tous les jours et pourtant, Netflix l’a fait. Lors de cette interview, Baran Bo Odar fait quelques révélations sur la saison 2 de Dark et il parle également de son incroyable expérience internationale.
Si vous pensiez que c’était les allemands les plus impatients de découvrir la saison 2 de Dark, détrompez-vous ! Il y a plus impatient, c’est l’Amérique Latine. Baran Bo Odar s’amuse et dit :« En Amérique Latine, ils deviennent fous. Ils se demandent où est la saison 2 ». Mais, en France, on n’est pas en reste car on l’attend cette saison 2 aussi. Il faut se mettre à la place de Baran Bo Odar et Jantje Fries qui n’avaient jamais fait de série auparavant : « Quand la saison 1 de Dark est sortie, nous étions très surpris et émotionnellement touchés qu’il y ait des gens dans le monde qui l’ont aimé. Vous devez comprendre que Dark est une série très personnelle pour nous. C’est littéralement, ma femme et mon monde, notre manière de pensée, comment on voit le monde. Il y a de nombreuses intrigues qui sont des combinaisons de choses qui nous sont arrivées. Vous vous sentez très nus et vous mettez votre art à disposition de 200 pays. Avoir ce retour, nous a vraiment frappé émotionnellement. On pensait être les seuls gens sombres du monde, uniquement nous étions intéressés dans ce truc. Puis, il y a un adolescent en Argentine qui pense la même chose. C’est très intéressant« .
Comment gère-t-on une saison 2 d’une série très attendue dans le monde ? Niveau pression, Baran Bo Odar et Jantje Fries ont atteint un certain niveau, il explique : « On a ressenti beaucoup de pression. On est littéralement obsédé par la lecture de toutes les théories des fans ». Puis, il y a eu un changement de stratégie : « On a essayé de répondre à leurs attentes pendant 3 semaines. Puis, on a réalisé que ce n’était pas bien. On a alors tout jeté. On s’est dit, faisons comme si personne ne regardait Dark, quelles histoires devons-nous raconter ».
Se lancer dans le monde des séries et entrenir une relation avec Netflix ? Baran Bo Odar raconte : « Nous venons tous les deux du cinéma, on ne pensait pas que nous allions faire quelque chose pour la télé. Je pense que ce mot doit disparaître car ça n’a plus rien à voir avec de la télévision mais ‘streaming’ me paraît pas horrible. On doit trouver un nouveau mot pour cette manière de raconter des histoires. On ne voulait rien à voir à faire avec cet univers. Mais quand ils nous ont demandé, on ne savait pas trop. Puis, Netflix n’était pas si gros et particulièrement sur le marché international. Alors, on a réalisé qu’ils nous donnaient beaucoup de liberté pour raconter l’histoire que nous voulions et nous avons véritablement apprécié les gens là-bas. Une société dirigée par des femmes même si Reed Hastings et Ted Serandos restent les patrons. Reed Hastings est une des personnes les plus incroyables que j’ai rencontrée. C’est un véritable Barack Obama. Il écoute, il ne vous impose pas son point de vue, il est très bien. C’est très rafraîchissant surtout quand vous savez comment peuvent être les patrons d’Hollywood. Il est à l’écoute. Il engage beaucoup de femmes parce qu’elles sont plus intelligentes, plus calmes et meilleure dans ce business. On a vraiment aimé cette nouvelle manière qu’ils empruntent ».
Attention ! Baron Bo Odar ne considère pas Dark comme une série d’horreur et il ne se trouve pas lui et sa femme comme des personnes sombres : « Il y a d’autres gens bien plus sombres que nous. On ne pense pas que nous sommes des gens sombres. C’est juste un titre. Puis, au final, ce n’est pas une série d’horreur mais une série de science-fiction ». En revanche, sa vision sur le cinéma d’aujourd’hui est très sombre : « Je pense vraiment que les films vont mourir mais on va raconter les films d’une autre manière. Le traditionnel format deux heures dans un cinéma va mourir, c’est certain ».
Dark, la saison 2 et la suite ? Baran Bo Odar est affirmatif : « On a trois saisons en tête et ça s’arrête. On ne veut vraiment pas finir comme Lost. J’adore Lost mais la série s’est perdue ».