La saison 6 de House of Cards était très attendue non pas parce que c’est la dernière de la célèbre série de Netflix mais parce que c’est la seule sans Kevin Spacey. En effet, suite aux nombreuses polémiques (harcèlements sexuels et de rendre le plateau de la série « toxique ») l’acteur, interprète de Frank Underwood, a été tout simplement viré. C’est alors Robin Wright alias Claire Hale Underwood qui prend les rennes de la série en saison 6 même si en saison 5, sa prise de pouvoir avait été amorcée. « My Turn » (« C’est mon tour ») prononce Claire Underwood à la fin de l’épisode 13 de la saison 5. Un axe narratif pensé à l’époque sans savoir au préalable que Kevin Spacey ne ferait plus partie de l’équation. Heureusement, ce choix scénaristique de fin de saison 5 est aussi celui qui a permis une transition plus facile à la version sans Kevin Spacey.
Magistrale Robin Wright !
House of Cards doit beaucoup à Robin Wright. Non seulement l’actrice porte cette saison 6 d’une main de maître mais elle a aussi tenu à ce que les fans de la série est une fin la plus décente possible. Puis, c’est non négligeable, elle fait pression sur Netflix et MRC (le studio qui produit House of Cards) pour que plus de 2000 personnes qui travaillent sur la série aient eux aussi une fin correcte pour leur travail. Robin Wright dit à Variety : « J’étais contente que Netflix et MRC décident conjointement de donner une véritable fin à cette série, et qu’on finisse de la manière souhaitée ». Bref, cette femme est juste parfaite 🙂 Avec plus de sérieux, Robin Wright a continué l’histoire de Claire Hale Underwood avec brio. Elle est époustouflante dans ce rôle mais on le savait depuis la saison 1 et dans la saison 6 son changement de statut, présidente des Etats-Unis est assuré à la perfection. On y croit totalement. Elle porte la saison 6 à bout de bras face à des partenaires de jeu, en dehors de Michael Kelly, à qui on n’a pas laissé le temps d’exister. Les Shepherd, Bill et Annette, jouent uniquement le rôle bête et méchant d’opposant à Claire. Ces ennemis n’avaient pas de profondeur et leur combat semblait vain surtout face à une Claire surpuissante même si pas une sainte louée par le public assurément. Robin Wright a fait de son mieux avec le scénario réécrit à la va-vite. Ainsi, on a de grosses incohérences comme ce bébé qui vient de nulle part et personne se demande si ce n’est pas l’enfant de Tom (l’écrivain qu’elle a aussi légèrement assassiné) et non de Francis ou bien Cathy Durant faussement morte, puis vivante et définitivement morte. Malgré une performance excellente de la part de Robin Wright, elle ne peut pas tout sauver et encore moins le scénario qu’on lui a donné très bancal. A vrai dire, on regarde pour Robin Wright pas pour l’histoire qui nous est raconté et c’est malheureusement problématique.
Le fantôme de Kevin Spacey trop présent
House of Cards, ça reste un duo qu’on le veuille ou non. Sans Kevin Spacey, ça fonctionne pas tellement mais sans Robin Wright ça n’aurait pas mieux fonctionner. Attention ! Je ne valide pas les faits reprochés à Kevin Spacey et je ne suis pas juge ici. Mais même si Robin Wright est magistrale dans cette saison 6, son Frank Underwood manque tout de même un peu. Soyons honnête ! Mais, pourtant les scénaristes se sont efforcés à nous rappeler sa présence en permanence. D’ailleurs, Claire se plaint que tout soit ramené à Frank lors de sa présidence. En effet, le fantôme de Frank Underwood est bien présent tout au long de la saison 6. Il n’est pas là en images mais il est constamment dans les dialogues. Alors, au départ, on se dit les premiers épisodes, c’est normal il faut justifier l’absence mais en fait, cela dure sur l’ensemble de la saison et ça devient même un moyen de justifier la présence de Claire à son poste. C’est dérangeant car parfois, on aimerait mettre l’affaire Spacey de côté pour voir émerger un personnage encore plus fort en la personne de Claire. Comme si les équipes House of Cards assumaient à moitié le choix radical de tuer le personnage de Frank Underwood.
Une fin tordue
Ce fut une sage décision de réduire le nombre d’épisodes passant ainsi de 13 par saison à 8 pour cette dernière saison. Cela perd d’éviter le massacre total et de sauver les meubles… Encore merci Robin Wright ?? Alors pour comprendre la fin de House of Cards, il faut se mettre dans l’esprit très perturbé de Douglas Stamper, le bras droit de Frank Underwood. Dans les 5 dernières minutes, Claire lui fait avouer que c’est lui qui a tué Frank Underwood. Mais pourquoi Doug tuerait-il peut-être la seule personne qui l’a jamais aimé ? C’est là que ça devient tordu mais assez bien vu quand même, si on réfléchit de plus près ! Doug aimait tellement l’empire que Frank avait créé pour laisser son idole tout gâcher en assassinant la présidente en poste et son épouse. Doug dit :
He was coming here to kill you.
I couldn’t let you destroy himIl allait vous tuer.
Je ne pouvais pas le laisser se détruire.
Alors, Doug a modifié le dosage de son traitement pour le foie et Frank a succombé à une overdose. S’il avait tué Claire, Frank aurait été le coupable numéro 1 et sa femme, la présidente aurait été vue comme une martyre. Doug a voulu éviter ce scénario afin de conserver un héritage intact de l’image du président Underwood. Mais pourquoi Doug hérite de l’ensemble des biens du défunt Frank Underwood ? Pour la simple et bonne raison que comme Frank avait prévu d’assassiner sa femme, il a modifié son testament indiquant qu’il léguait tout à la seule personne en qui il avait confiance à savoir Doug. Mais, alors que Doug fait ses aveux à Claire la menaçant d’un couteau à la gorge. Celle-ci récupère le couteau et l’enfonce dans l’abdomen de Doug. Pour l’aider à partir plus vite, elle l’étouffe en lui pinçant le nez. Alors que Doug succombe dans les bras d’une femme enceinte et présidente, Claire prononce des mots autrefois prononcés dans l’épisode 1 de la saison 1 de House of Cards quand Frank tue le chien du voisin.
There. No, more pain
Voilà. Fini la souffrance.
Plein de questions restent en suspens avec cette fin qui a vrai goût d’inachevé. Que va devenir la petite fille ? Son prénom ? S’appellera-t-elle Frances comme suggérer par Doug ? Comment Claire Hale va justifier le meurtre de Doug ? Qu’est-ce que Janine va faire de son article sur la présidence Underwood ?
Clairement et sans jeu de mot, la saison 6 est la moins bonne d’entre toutes quoique déjà en saison 5 je parlais de mandat de trop. Ce n’est pas tant que Kevin Spacey soit indispensable parce que Robin Wright assure toute seule mais c’est la matière qu’on lui a donné qui n’était pas d’assez bonne qualité. On a été habitué à mieux niveau qualité dans les saisons précédentes alors la saison 6 apparaît en sous régime avec ses 8 épisodes qu’elle boucle tant bien que mal. C’était louable de continuer malgré le scandale Kevin Spacey. Bien sûr, il ne fallait pas perdre trop de temps en production pour réduire l’attente autant au niveau temps que résultat et donc l’écriture en a souffert. On imagine aussi des scénaristes dépités par ce scandale et peut-être en panne d’inspiration ? Je pense que la saison 6 a le mérite d’avoir été tentée. Ce n’est pas une réussite mais il fallait essayer quand même. Rien n’était prévisible dans ce genre de cas. Tout ce que l’on retient de cette saison 6, une Robin Wright époustouflante avec un Michael Kelly qui lui donne le change. Robin Wright a bien joué sa carte et jusqu’au bout…