Au 57ème Festival de Télévision de Monte-Carlo, il n’y a pas que des stars américaines, il y a des argentins comme ce charmant Juan Minujín, acteur principal de la série argentine à succès El Marginal. Une série qui offre une plongée angoissante et prenante dans l’univers de la prison en Argentine. Lors d’une table ronde, j’ai pu poser quelques questions à Juan Minujín afin de mieux comprendre les enjeux de la prison en Argentine et expliquer le succès internationale de cette série pourtant si argentine.
El Marginal commence par une impressionnante course-poursuite dans la ville ! Pouvez-vous nous en dire plus sur les coulisses de cette scène d’ouverture.
Juan Minujín : « Cela nous a pris trois jours pour réaliser cette course-poursuite de départ. C’est ce que l’on appelle en espagnol les ‘villas miseria’ (bidonvilles), ce sont des lieux non réglementés où les gens occupent l’espace comme ils le peuvent. Ce sont des lieux surpeuplés où il n’y a aucune intervention du gouvernement. C’est une zone sauvage. La plupart du temps, je réalisais moi-même les scènes et parfois, ce n’était pas moi ».
El Marginal : la vie prison
Le thème de la prison est très en vogue avec des séries comme Orange is The New Black ou Wentworth. Comment expliquez-vous le succès d’El Marginal ?
Juan Minujín : « Je crois que ce qui a fait de la série une réussite. C’est un thème tellement authentique. On a travaillé avec des personnes qui ne sont pas des acteurs, avec des personnes qui ont été en prison depuis longtemps ».
Avez-vous un exemple de personnes qui n’étaient pas des acteurs professionnelles ?
Juan Minujín : « La plupart sont des acteurs en fond mais il y a aussi le petit (Brian Buley qui joue le personnage de Pedrito Pedraza). Maintenant, il joue beaucoup et c’est grâce à cette série. A l’origine, ce n’était pas un acteur. Les personnes en fond ne sont pas des figurants mais de vrais gens qui ont été en prison par le passé.
C’est un peu flippant de tourner avec des ex-détenus ?
Juan Minujín : « Pas vraiment. Je pense que l’une des raisons du succès de la série, c’est l’humour. La réalité a beaucoup d’humour mais dans les moments les plus sombres. Même dans des événements tragiques, vous trouvez toujours de l’humour car c’est humain. On voulait vraiment atteindre l’audience et pour cela, nous devions montrer quelque chose de réel et non quelque chose de solennel ou dramatique. C’est ainsi, vous êtes dans le pire des mondes, c’est un véritable enfer mais même dans ce lieu vous pouvez rire avec vos partenaires, vos amis ».
Pastor, votre personnage est quelqu’un de calme. Est-ce une de vos volontés de lui créer cette personnalité calme et apaisante ?
Juan Minujín : « C’était un véritable challenge pour moi car je suis un acteur qui a une manière différente de s’exprimer beaucoup plus expressive. Pour ce projet, j’ai dû baisser le volume de l’expression. C’est quelque que j’ai pu observer chez un des policier que j’ai vu et que j’ai interrogé de nombreuses reprises. C’était quelqu’un de très calme qui ne disait pas grand chose, qui observait tout. Il m’a dit qu’il avait l’habitude d’infiltrer différents milieux. Ce genre de personne n’ont pas envie de rater leur mission et de dire quelque chose qui révèle leur identité. Donc, ce sont des gens en retrait et c’était une clef d’entrée pour mon personnage. Quand j’ai réfléchi au personnage, je me suis dit que c’était le genre de type qui en dit peu, qui se met en retrait, qui observe et qui ne participe pas trop. Il s’adapte. Le moins, c’est meilleur pour lui ».
Est-ce que c’est quelque chose qui vous a été demandé par le réalisateur ?
Juan Minujín : « On a travaillé ensemble dans ce sens. Au départ, c’était une page blanche, on ne savait pas pas dans quelle direction aller. On pouvait pencher pour un gros dur qui agit durement avec tout le monde ou un gars qui agit dans l’ombre. Nous avons pensé tous les deux que c’était mieux de choisir la discrétion. Puis, également par ce que l’univers des acteurs et non acteurs dans la prison était si drôle et bon ».
Une série primée
La série El Marginal a remporté le prix de la meilleure série internationale au festival Séries Mania et ce prix a été décerné par un jury présidé par Monsieur David Chase ! Comment avez-vous reçu l’annonce de ce prix ?
Juan Minujín : « J’étais très content et surpris d’autant plus que quand on a reçu le prix, on n’avait pas encore diffusé la série en Argentine. Comme je le disais, c’est une série très locale, très argentine. Ce n’était pas fait pour être universel. J’ai travaillé dans d’autres séries, écrite pour être internationale. Mais au final, vous avez rien car c’est trop international qui en résulte rien. Personne ne s’identifie car cela peut être ici (à Monaco), ça peut être Buenos Aires, Caracas ou Mexico, Panama ou le Brésil. Quand vous écrivez votre passé, d’où vient ce gars ? de partout ? Il est important d’être spécifique. Cette série est très précise et spécifique et je pense que c’est la clef qui a fait d’elle une série internationale. Le public veut voir des mondes particuliers la Corée, la France, on ne veut pas voir des choses générales. Quand on fait du général, on a tendance à copier la méthode américaine. C’est vraiment ennuyeux pour tous. Les séries américaines sont ok mais si vous regardez un film de Hong-Kong à la méthode américaine, vous ne voyez rien. C’est mon avis « !
Concernant la saison 2…
Un préquel est envisagé car le concept de saison est assez nouveau en Argentine comme l’explique Juan Minujín : « C’est quelque chose de nouveau en Argentine d’avoir une série qui peut avoir une saison 2. On a l’habitude de faire uniquement une seule saison ».
Mais il y a une raison à l’idée du préquel d’El Marginal…
Juan Minujín : « On a tué pas mal de gens donc revenons en arrière parce qu’on a pratiquement tué tout le monde ».