MOAH, c’est la préhistoire d’un mec ! Mais c’est surtout la première série française en prise de vues réelles sans dialogue et sans musique ! Un véritable exercice de style assez fou qu’il fallait tenter. Seul OCS via son label OCS Signature pouvait avoir l’audace d’accepter ce projet de série. Après avoir osé l’espace avec Missions, la vie à poil avec Nu, maintenant OCS propose la préhistoire sans dialogues ni musique. En plus, « Le plus facile c’était de convaincre OCS » dit Henri Debeurme, producteur et auteur de l’idée de Moah. Cet exercice sériel particulier a été produit par Empreinte Digitale, une société de production connue pour ses projets de séries ambitieux et originaux. La Lazy Company, Les Grands, Missions sur OCS, c’est eux ! Lors du Festival de la Fiction, j’ai eu la chance de m’entretenir avec l’équipe de la série Moah afin de connaître les secrets de fabrication de cette série unique qui laisse sans voix. À mon micro, le producteur Henri Debeurme, producteur et co-créateur de Moah, Bertrand Soulier, co-créateur et scénariste et Benjamin Rocher, le réalisateur.
Le concept de Moah !
L’idée de Moah a germé dans la tête du producteur Henri Debeurme de part son expérience personnelle d’enfant différent tout comme Moah mais aussi de par sa passion pour la préhistoire. Le producteur/créateur avait en tête cette idée une sorte de « Woody Allen chez les hommes préhistoriques. Je voulais faire un homme décalé dans un monde décalé ». Puis, il est aussi parti d’un constat : « j’avais jamais vu de séries préhistoriques avec des hommes préhistoriques et même La Guerre du Feu* m’avait laissé froid » :p C’est assez vrai, malgré une histoire des séries très riche, l’homme préhistorique n’a pas suscité l’engouement au point de lui consacrer une série entière de 10 épisodes de 26 minutes. Le mal est à présent réparé avec Moah sur OCS.
Cependant, il ne fallait pas tomber dans l’écueil de la caricature de l’homme préhistorique comme celui qui vient à l’esprit dans l’imaginaire populaire. Le réalisateur Benjamin Rocher y a veillé et explique son intention : « Je voulais raconter sans anachronismes, sans hauteur, sans distance par rapport aux personnages […] Je voulais qu’on soit en immersion totale et qu’ils se définissent par leurs qualités humaines ». Voici l’ambition du projet de Moah.
Cela n’empêche quelques notes d’humour car comme le dit très justement le scénariste et co-créateur Bertrand Soulier : « Dans la structure de l’humour tout ce qui passe en dehors du mot est de facto burlesque. On était forcé d’être dans du humour burlesque parce que l’on n’a pas tout notre talent du jeu de mot ».
*film de Jean-Jacques Annaud, 1981
A quoi ressemble un script de Moah ?
Comme il n’y a pas de dialogues, on est en droit de se demander mais à quoi peut bien ressembler un script de Moah ?
Bertrand Soulier : « On a eu du mal jusqu’au moment où on a eu l’idée d’expliquer l’interaction avec l’expression « l’air de… » c’est-à-dire Gwaa regarde Moah l’air de lui dire j’ai envie de manger un lapin. Du coup, je renvoyais le ballon aux acteurs et au réalisateur en leur disant démerdez-vous. On a mis du temps à trouver ça ».
Benjamin Rocher : « La forme du scénario aussi combien de temps de truc muet correspond à 26 minutes. On a beaucoup tâtonné ».
Bertrand Soulier : « On est passé par des langages plus développés, moins développés, des voix-off, par une narration comme si un grand-père racontait à son petit-fils. L’idée c’était de simplifier. L’idée c’était de raconter pas grand chose avec pas grand chose comme ça devait se faire à l’époque ».
Le casting
Quand on lit le pitch de Moah et le script du moins ce qu’il y a de script, on comprend qu’un acteur soit un peu réticent de tenter l’expérience qui est au final un exercice de jeu pas évident. Comment se déroule casting pour Moah ?
Benjamin Rocher : « Il y a que Bruno Sanchez qui est connu qui joue Catherine et Liliane. Il est déjà grimé mais à part lui, c’est des gens effectivement que l’on voit peu. C’est des gens qui viennent du théâtre pas parce que c’est une volonté mais parce qu’au fil des casting, c’est ceux qui étaient meilleurs dans l’abandon dans le je prends des risques avec mon corps. Ce sont souvent des acteurs qui ont l’habitude de monter sur scène. Moi, j’avais la volonté de ne pas avoir des gens connus quand bien même Jean Dujardin aurait voulu jouer Moah. Je trouvais ça chouette d’avoir des nouvelles têtes. Un des gros challenges, c’est qu’on y croit à cette période-là et je sais que si on ne voit pas un acteur qu’on connaît déguisé mais que l’on découvre des gens dans cette situation-là ça aiderait. J’ai un camarade avec qui j’adore travailler, c’est Sébastien Lalanne qui a une tête très reconnaissable. Je voulais qu’il soit de la partie mais je l’ai rendu méconnaissable. Il joue faza du coup. Je ne voulais pas qu’on le reconnaisse mais je voulais profiter de ses qualités parfaites pour le rôle ».
Moah à voir sur OCS