Olivier Marchal s’attaque avec Section Zéro à un genre nouveau, celui de l’anticipation. Comme il le dit lui-même, c’est un genre que les américains maîtrisent mais moins les français d’où une certaine appréhension au départ du projet. Section Zéro est « un petit hommage » à Mad Max (1979) pour Olivier Marchal, un film qui l’a profondément marqué.
Quel est le contexte de l’écriture de la série ?
Olivier Marchal : « Il se trouve que j’ai perdu mon ami Denis Sylvain, qui jouait le commissaire Brodier dans Braquo la saison 1. C’était un frangin comme j’en ai cinq ou six. Il est parti d’un cancer foudroyant et donc c’est vrai que je suis parti dans une espèce de dépression. J’avais un rejet de tout et j’ai commencé à écrire Section Zéro à ce moment-là. J’en voulais à la terre entière qu’il soit mort. Je voyais aussi l’état des institutions, tout ce délabrement moral. Enfin, comme je dis la France est devenu un pays de droit et pas de devoir. Moi, je suis plutôt un homme de devoir mais j’ai aussi des défauts. J’ai été élevé comme ça. Je me suis un peu abandonné dans cette écriture. Alors, oui j’appréhendais. J’avais peur qu’on soit ridicule d’arriver dans un univers qui n’est pas le notre. Que ce soit trop trash, trop violent. Est-ce que dans le contexte actuel, est-ce que les gens ont envie de se prendre tout ça dans la gueule, je ne sais pas. Même s’il y a un public pour ça. On est allé sur l’émotion des personnages. Je trouve qu’on est en empathie avec eux et c’est ce qui cautionne cette violence. Mais, pour moi, la violence, elle est partout. […] On est dans un monde où les flics se lèvent et ne savent pas s’ils seront en vie le soir, les gens se lèvent. On tue les gens parce qu’ils nous encombrent. C’est ma vision des choses, si les choses continuent comme ça dans 20 ans je pense qu’on y sera ».
Pourquoi Ola Rapace, acteur suédois pour le rôle principal ?
Olivier Marchal : « J’ai cherché parmi les acteurs français au départ. C’est vrai que c’est très compliqué en France de trouver un acteur qui soit beau, intelligent et qui soit physique. Qu’il soit capable de jouer un Russel Crowe à la française. Russel Crowe, je l’ai découvert dans L.A Confidential à l’époque et pour moi quand j’ai écrit Sirius c’était ça. En France, malheureusement, on n’a pas cette culture du corps, de l’esprit. On a des bons acteurs un peu fragiles. On est un peu feignant sur le sport. Moi, le premier. La directrice de casting m’avait parlé de Ola qui est une grosse vedette en Suède. […] On n’avait pas peur de la prestation mais de la langue car les suédois, ont un coté très guttural. On a récupéré beaucoup de chose en post synchronisation car il a fait un travail à l’américaine très concentré et en même temps dans la vie, c’est un gros fêtard, un gros sportif. Tout ce que j’aime en fait. J’aurais aimé être comme lui. C’est un acteur puissant, quand je l’ai vu, j’ai su que j’avais mon Sirius. Après autour, c’est de la dentelle. Quand on a le capitaine du bateau, on met l’équipage qu’on veut. Tout le monde s’est calé sur lui. De toute façon, j’ai des acteurs merveilleux franchement ».
NB : la voix d’Ola Rapace a été retravaillé en post-production pour enlever l’effet guttural des suédois parlant le français.
Qui est Sirius Becker ?
Ola Rapace : « C’est un flic sans espoir, violent. Mais, il est pas cynique sur la vie. Il a un côté très violent, désillusionné mais pas encore cynique. Il fait son travail car c’est la seule chose qui lui reste ».
Est-ce que vos personnages sont-ils des héros car ils semblent plutôt bordeline ?
Olivier Marchal : « Pour moi oui, en tout cas, je les aime. Les héros ne sont pas sans défauts. Ce sont des personnages qui ont choisi de servir et protéger et qu’ils le font à leur manière. « Entre la lâcheté et la violence, je choisis la violence », c’est une phrase de Gandhi. Il parlait de l’Inde (1920) en disant que la violence est nécessaire plutôt que le déshonneur et c’est vrai que c’est magnifique ce qu’il dit. Ce sont des gens qui se battent avec leurs petits moyens. Le personnage d’Ola, c’est pas un mec cynique, c’est pas un mec violent mais c’est un mec qui souffre d’être comme ça. Et moi, c’est ce que j’ai ressenti quand j’étais flic ».
Pourquoi le titre Section Zéro ?
Olivier Marchal : « Parce que c’est une section qui n’existe pas. C’est Tchéky Karyo qui joue un ancien flic qui va recruter le personnage Sirius. Section Zéro parce qu’ils n’ont aucune existence légale. Ça sera expliqué dans l’épisode 2 ».
Francis Renaud, pouvez-vous nous parler de votre course-poursuite du premier épisode visuellement impressionnante ?
Francis Renaud : « Une journée de tournage par rapport différente étape par rapport à la poursuite après Marcus, enfin Alex qui est un grand sportif donc, il m’a bien fait transpiré. C’est un mec qui ne transpire pas. Dans cette séquence-là dans les gravats, il y a eu au moins trois-quatre prises. Ensuite, il y a eu des montées qui ont été coupées où on arrive sur des toits mais comme j’ai le vertige je me suis retrouvé tétanisée à trente mètres de haut. C’est très physique à faire ».
Secrets de tournage
20 semaines de tournage en Bulgarie avec la neige et les températures très basses.
Olivier Marchal a refusé trois fois de prendre Pascal Gregory dans son équipe. Finalement, le créateur de Section Zéro l’a rencontré et il a été séduit à tel point que son petit rôle a pris plus d’importance que prévu dans le scénario initial. Olivier Marchal est ravi par la prestation de l’acteur qu’il a vraiment découvert.
Au départ, la série devait se passer en 2050 mais il a été choisi d’être dans un futur 15 ans plus tard pour des raisons économiques et en même temps, pour ne pas paraître cheap avec des gadgets.
Olivier Marchal a écrit tous les épisodes et réalisé 7 épisodes sur 8. Une écriture débutée en 2012 pour les deux premiers épisodes et le troisième épisode après un gros cliffhanger est arrivé deux ans après.
Certains figurants bulgares voulaient jouer avec leurs propres armes mais Olivier Marchal les a calmé sur ce point-là 🙂
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