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Stéphane Caillard : « Le travail prime sur la personne »

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Après La Vie devant Elles, Stéphane Caillard décroche un rôle important dans la série Marseille. Pour Netflix, elle joue la fille de Gérard Depardieu. Comment a-t-elle abordé son personnage de Julia Taro ? L’actrice nous en dit plus sur son rôle dans Marseille.

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pastille50Est-ce que le fait que vous ayez travaillé dans la série La Vie devant Elles, série de Dan Franck, vous a aidé à décrocher le rôle de Julia Taro ?

Stéphane Caillard : « Non, ça n’a aucun rapport car d’abord on ne se fréquente pas. Et deuxième, ça aucun rapport car ça était long et périlleux pour moi d’obtenir ce rôle dans Marseille. Je le dois plus à l’imaginaire des réalisateurs et peut-être leur non-convensionisme sur le fait que je n’étais pas spécialement connue. Il y a une prise de risque qui est notable parce qu’elle est pas si fréquente et qui je pense est influé par un état d’esprit américain : la travail prime sur la personne. Donc, pas de lien avec Dan Franck ».

pastille50Donc, c’était un frein que vous n’ayez pas la carrière de Gérard Depardieu ?

Stéphane Caillard : « Je pense que la présence de Gérard Depardieu permet justement d’étayer autour. De toute façon, lui impose son ‘style’. C’est pas que c’est difficile, c’est un fonctionnement qui est comme ça. Que par moment je peux comprendre, que par moment je comprends moins. Mais, comme en avoir fait les frais et comme en avoir bénéficié de cette prise de risque, je reconnais que c’est chouette. Florent-Emilio Siri m’a vu plusieurs fois, plusieurs fois j’ai eu des essais. Moi, j’ai fait tout ce que je pouvais et ce que je voulais faire dans mes essais et au bout d’un moment, ça revient à la tête pensante qu’est Netflix. Je leur suis assez reconnaissant d’avoir pris ce risque là ».

pastille50Qu’est-ce que cela fait de jouer la fille de Gérard Depardieu à l’écran ?

Stéphane Caillard : « Moi, j’étais ravie d’avoir ce rôle-là, d’avoir cette place-là dans la généalogie de la série. Après, c’est quelqu’un qui vous donne la place sans problème. Après, c’est quand même un acteur d’envergure, qu’il faut savoir la prendre aussi sa place. Du coup, ça demande d’être assez mobilisée. Ça demande du travail. En plus de jouer avec des acteurs que l’on peut admirer, il y a tout de même une série à boucler en trois mois et sur 8 épisodes. Donc passée l’admiration, il faut pas que ça dure trop longtemps car il y a quand même du boulot derrière et il faut que ça aille à un certain rythme. Tout ça mêlé fait qu’on passe un tournage où on est là ».

pastille50Qui est exactement Julia Taro ?

Stéphane Caillard : « Julia est une fille de 25 ans qui est la fille du maire de Marseille et qui a pour mère, une artiste violoncelliste. Elle suit des études de journalisme. Elle s’embarque dans la voie journalistique. C’est évoqué, on n’est pas sur du journalisme d’investigation quoique après peut-être. En tout cas au début, elle est pigiste dans un journal. Je crois quand on regarde la série, il y a un lien très particulier avec ce père : l’Oedipe régant au-dessus. Mais, dans la manière on l’a traité, on imagine que mon personnage pourrait éventuellement suivre les traces de son père ou le rejoindre ou vriller entre politique et journalisme. On ne sait pas encore trop ».

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pastille50Quand on regarde la bande-annonce, Julia apparaît comme une fille rebelle ?

Stéphane Caillard : « C’est pas rebelle, c’est avec une certaine forme d’autorité et un instinct très fort ce qui fait que tout ce qui arrive fait partie des accidents ou heureux évenements d’une jeune femme de 25 ans. Il y a ce côté très affirmé par moment, je me demande si ce n’est pas quelque chose qui a transpiré de moi et de la manière dont il fallait que je m’affirme sur le plateau. Il y a forcément quelque chose où il  faut s’affirmer. Du coup par moment, ça rejaillit sur un trait de caractère du personnage. C’est un lien entre tous les milieux, tous les personnages. Les gens la rencontrent, elle rencontre, il y en a qui reste sur le carreaux, il y en a qui continue. Je trouve que c’est un point nerveux de la série. De part, sa profession, il y a un côté fouilleur, elle va voir quand elle a envie d’aller voir. Rebelle, je dirai pas ça car finalement, elle rentre facilement dans le rang si ce n’est pour des frasques amoureuses ».

pastille50En quoi Julia Taro est un personnage attachant ?

Stéphane Caillard : « C’est un personnage qui va s’accidenter énormément. Qui va créer l’accident dans ses relations avec Eric, dans ses relations avec Selim, dans les relations avec sa mère. C’est quelqu’un qui va toujours vouloir continuer tout droit, qui a sa trajectoire et pourtant, elle va s’en prendre plein la tronche. Mais dans quelque chose qui ne l’arrête pas mais qui l’affirme. C’est comme si elle avalait tout ce qui arrive sur son passage. On ne sait pas si ça va la bonifier, en faire quelqu’un de mauvais mais en tout cas, elle se remplit en fait. Il y a des choses qui vont l’assécher. Ce que je trouve émouvant qu’on est sur un personnage qui est en formation, qui est en construction. C’est une dynamique qui est un peu inarrêtable mais qui est faite d’à-coups. En ça, c’est assez touchant à voir, j’imagine ».

pastille50Quels ont été vos principaux challenges sur ce rôle ?

Stéphane Caillard : « C’était de partir d’un point et d’aller jusqu’au bout à la fin du huitième épisode. Justement en prenant en compte tous ces accidents et d’essayer de faire grandir ce personnage et de l’amener le plus loin possible où on pourrait arrêter la saison 1. C’est compliqué car on tourne pas dans l’ordre, il y a deux réalisateurs. Je crois que mon plus gros challenge est de pas quitter ce que j’avais envie de faire, de garder ma ligne. Il y a des choses dont je suis plutôt contente, il y a des choses où je le suis moins. Mon plus gros challenge était de rester endurante sur ce à quoi j’avais réfléchi et ce qui me paraissait être la bonne voie. Quand tout ça est là, il faut garder son cap. C’est plus compliqué que par exemple dans La Vie Devant Elles puisqu’on est mêlé à des intrigues, à de la politique, des univers qui sont beaucoup plus envahissant, on est moins le maître de quelque chose et pourtant, il faut rester son propre maître à ce moment-là ».

pastille50Est-ce que Netflix est intervenu sur votre personnage ?

Stéphane Caillard : « Il y a aucune intervention en terme de direction ou quoique ce soit. Je crois qu’ils ont beaucoup travaillé en collaboration avec Dan Franck en amont sur les idées qu’ils avaient et sur les personnages. Avant de commencer le tournage, j’ai quand eu un des patrons de Netflix qui me demandait : ‘parle-moi. Comment est-ce que tu vois ton personnage. En tout cas, on espère que tu pourras faire le meilleur de toi’. Moi, je l’ai eu par encouragements, je l’ai eu pour qu’on se mette un peu d’accord sur la ligne et après j’ai passé trois mois en autonomie ».

pastille50Selon vous, qu’est-ce qui différencie une production française traditionnelle d’une production française à la Netflix ?

Stéphane Caillard : « Finalement, il n’en a pas tant que ça. Malgré tout ce que l’on pourrait leur reprocher, j’imagine car je ne connaissais pas spécialement Netflix avant, ils ne sont pas dans l’omniprésence, ils ne sont pas dans l’impérialisme, grand conquérant. On tourne avec une production française, en France, avec une équipe à taille humaine. Certes, il y a deux plateaux mais Le Bureau des Légendes a fait la même chose. Donc, finalement quelque chose vers laquelle la France est en train de s’élever toute seule. Netflix a plus une curiosité de venir travailler dans d’autres pays plutôt que d’imposer son style. En tout cas, moi je ne l’ai pas ressenti et pour connaître des gens sur Le Bureau des Légendes, le fait qu’il y ait trois-quatre réalisateurs c’est normal. Je crois qu’on essaie de prendre ce qui a de bon dans leur manière de construire mais à l’inverse, ils sont pas venus dans cet état d’esprit-là afin d’uniformiser le fonctionnement mondial de l’audiovisuel. Il y a beaucoup de gens qui fantasment ce côté très colonisateur. Tant que ça peut faire évoluer les choses. Il y a encore beaucoup de choses à développer en France. Je trouve que c’est un bon début ».

pastille50Pourquoi un étranger devrait regarder Marseille ?

Stéphane Caillard : « Au-delà, du fait que la série soit française, elle reprend les ficelles des choses qui marchent depuis la nuit de temps à savoir : les histoires de familles, les histoires de trahison. Pour qui aime lire, ne serait-ce un minimum, pour qui aime le théâtre un minimum, on peut retrouver exactement les mêmes enjeux. Donc, que ça se passe à Marseille ou n’importe où ailleurs, on est sur de la tragédie familiale. Ça a toujours bien fonctionné, les ficelles sont les mêmes et elle sont super et voilà. Qui aime ce mélange là de vengeance, de trahison, d’amour, de sexe, il y a un melting-pot qui est celui qu’on fait en général mais qui je suis désolée continue à fonctionner. Pour quelqu’un qui connaît pas Marseille, qui s’en fout et qui me dit pourquoi je regarderais la série ? Parce que ça reprend les plus belles histoires pour qui a lu un peu Shakespeare, pour qui a lu les tragédies. Ça reprend exactement les mêmes tiraillements. Donc, en général, c’est plutôt agréable à suivre ce genre de choses ».

Julia Taro est à Marseille sur Netflix

Lubiie

Plus de 10 ans d'expertise dans le domaine des séries, blogueuse passionnée, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival, intervieweuse aux multiples questions en séries ou chroniqueuse radio. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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