Arrivée pendant la saison 2, Lala Amanullah a su imposer son style, son caractère bien trempé et montrer qu’elle était la digne fille de son père, le colonel Amanullah. Suite à notre rencontre lors d’une soirée du Kaboul Kitchen, Karina Testa a accepté de me livrer les secrets de Lala lors d’un entretien téléphonique. Alors, on a abordé le personnage sous différents aspects de la fille, à l’épouse en passant par l’amie et la soeur. Qui est Lala Amanullah ?
Si vous avez vu l’ensemble de la saison 3 sur Canal + à la demande alors, cette interview de Karina Testa vous sera très utile pour vous éclairer sur la série. En revanche, adepte de la diffusion hebdomadaire, quelques propos de l’interview sont des spoilers !
Lala, la fille du Colonel
Dans la biographie du personnage, Lala est décrite comme la copie conforme du colonel Amanullah. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ? Et si Lala et le colonel partagent un trait de caractère, lequel serait-il ?
Karina Testa : « Il y a des similitudes mais elle n’est certainement pas la copie conforme parce qu’elle est en contradiction avec lui. Lui est plutôt dans un côté traditionnel dans la vision de sa fille, de son évolution dans la société, alors qu’elle, elle est très moderne. Pour ça, ils sont totalement opposés. Il a une vision totalement archaïque de la femme, en tout cas, il reste dans ses positions là et elle est plutôt visionnaire. Elle veut faire bouger les femmes en Afghanistan. Sur ce point, ils sont vraiment opposés. Après du point de vue du caractère, elle est arrivée plus tard en saison 2, les créateurs de la série et Canal Plus voulaient que sa fille lui ressemble et je pense que c’était plutôt en terme d’énergie. Elle est copie conforme en terme d’énergie, il fallait qu’elle soit à la fois dangereuse et à la fois, avec beaucoup d’humour et de légèreté. Je ne sais pas si j’ai totalement réussi car c’est très difficile d’égaler Simon Abkarian. C’est plutôt en terme d’énergie d’acteurs, il a fallu transmettre ce truc-là. Et en même, je trouve pour moi, c’est aussi l’énergie des femmes qui veulent revendiquer quelque chose. Il y a beaucoup de violence, beaucoup de chose à faire sortir. La violence, je pense que ça peut être la violence des gens qui vivent dans des pays compliqués comme l’Afghanistan ou autres. Une sorte de violence de fierté, honneur, tous ça on l’a et c’est ça que l’on a en commun ».
Lala est arrivée en saison 2 et le colonel avait un objectif pour elle : le mariage. En saison 3, il est obsédé par le bébé. Le colonel renvoie toujours sa fille à des problématiques de femmes. Est-ce qu’on peut imaginer qu’il voit sa fille comme son égal ? Sans devoir la ramener à chaque fois à sa condition de femme et ses devoirs de femmes.
Karina Testa : « Dans l’immédiat, non. C’est vrai qu’il n’y arrive pas. Pour lui, une femme doit enfanter, être engrossée. Mais, Lala a un caractère assez tenace pour pouvoir lui faire comprendre, ça va être très dur, peut-être en saison 4 je ne sais pas, lui faire comprendre qu’il n’y a pas que ça. Elle, ce n’est pas sa priorité. Elle n’est pas contre dans l’idée. Mais, c’est vrai que c’est assez agaçant. C’est même agaçant dans la vie en général. Moi, qui est vécu de ne pas être enceinte avec une petite trentaine que tout le monde vienne vous voir pour vous dire alors, c’est pour quand. Quand est-ce que tu vas avoir un enfant ? C’est toujours énervant quand on te renvoie à ça, une espèce d’évidence où vous êtes obligé dans la société ou sinon, vous êtes hors norme. C’est révoltant donc le fait qu’elle tienne le coup et qu’elle va essayer de le faire changer d’avis sur ce point de vue là. C’est super important et j’espère qu’elle va tenir le coup assez longtemps pour lui faire changer d’avis. Après, je ne sais pas si le colonel Amanullah est apte à entendre ça vraiment. Mais, elle fera tout pour lui faire comprendre que c’est son égal ».
Comment copie-t-on le phrasé du colonel Amanullah ?
Karina Testa : « J’ai passé un casting pour cette série en saison 2 et dans le brief, c’était effectivement marqué qu’il cherchait la copie conforme donc une petite colonel. Quand on arrive dans une série qui existe déjà, c’est génial parce qu’on peut la voir et on a l’impression de rentrer dans la télé. J’ai bien regardé la série et j’ai observé le jeu de Simon et j’ai observé l’univers. On m’a donné le choix de faire avec ou sans accent. Je pouvais le faire sans accent mais je trouvais que ça enlevait quelque chose. En fait, ça me rendait trop française et je trouve que par rapport à Sophie, il fallait que ça tranche. J’ai essayé en terme d’énergie et de phrasé, alors, je ne peux pas faire les amanullades, les vrais jeux de mots du colonel Amanalluh car ça serait trop. Mais, il fallait que je trouve quelque chose qui me rende afghane et pas trop parisienne. J’ai inventé un accent. Au départ, j’ai essayé de trouver l’accent afghan mais je ne l’ai pas trouvé donc j’ai imité Simon ce qui a donné l’accent que je fais. Simon, il était là sur le casting et Simon sur le plateau, c’est quelqu’un qui aide beaucoup. Il m’a beaucoup aidé et sans lui, ça aurait été beaucoup plus compliqué. Je m’inspire de lui. J’ai même passé des heures à l’imiter dans le jeu et je n’ai jamais réussi. C’est très dur. C’est quelqu’un qui est en rupture. Il joue beaucoup en rupture c’est-à-dire tout d’un coup, il va rire aux éclats et d’un coup parler très sérieusement. J’ai essayé de m’inspirer ce truc-là et de ralentir mon débit. Parler de façon plus articulée ».
Lala, l’épouse
Comment avez-vous vécu l’annonce de la rupture entre Axel et Lala ? Voyez-vous de nouveau un avenir ensemble ou il y a un fracture entre les deux ?
Karina Testa : « Lala, elle n’accepte pas. Lala est positive c’est-à-dire, si elle tente un truc, elle va aller jusqu’au bout. Elle est complétement folle d’Axel et elle y croit en ce couple. C’est peut-être la seule qui y croit vraiment au fond. Même Amanalluh au cours de la saison quand ils doivent partir avec le bus, il lui dit si tu veux Axel, on peut le jarter, on peut le faire disparaître. Elle dit mais non ça va pas c’est mon mari. Elle a cette idée en tête et je pense qu’elle va tout faire pour le récupérer. Elle est prête à tout quand elle a une idée en tête, elle ne va pas ailleurs ».
Pourtant, on voit Lala séductrice auprès d’un trafiquant ? Pas très sympa pour Axel ?
Karina Testa : « Non, c’est pas sympa pour Axel. Mais, alors là, c’est tout son combat par rapport à sa place au sein de la famille, dans la société de ce qu’elle veut faire de sa vie, son travail en gros. Comme elle veut trafiquer, être dans le trafic d’arme et prendre la place de son père avec ce côté bonhomme viril. Là ça prend le dessus toute cette saison et d’ailleurs, elle s’en veut après parce qu’elle a été dépassée par les événements. Elle a tellement d’ambition, elle veut tellement se battre contre sa condition de femme qu’elle fait des conneries. Tout ça, c’était pour arriver à ses fins, acheter des armes, pour pouvoir devenir l’égal de son père et elle se plante. La séduction, elle l’a utilisé que pour ça. Une sorte de manipulation. ça ne sera jamais amoureux, c’est uniquement pour arriver à ses fins puisqu’à ce moment, sa révolte intérieure et ce qu’elle avait envie de faire était tellement fort. C’est une des armes qu’elle avait ».
Et quand Axel prononce le mot « divorce » Lala a soudainement peur ?
Karina Testa : « Elle a ses espérances, ses envies de changement de sa condition mais dans le fond, elle est toujours confronté des déceptions. On peut avoir mille combats, parfois, on est très fort et quand on se prend un mur, on devient pire qu’une lope. C’est fatiguant aussi de se révolter tout le temps. C’est épuisant et ça ne marche pas tout le temps. Malgré toute l’énergie que l’on met à changer sa vie, parfois ça ne marche pas. Elle doit continuer à garder la face ».
Lala, la soeur
Lala est la première à se méfier du retour du fils ainé Jamal Amanullah mais en même temps, elle est aussi la première à s’allier avec lui ! Comment expliquez-vous ce retournement de situation ?
Karina Testa : « Pour moi, ça part du fait qu’elle a cette ambition contre son père. Elle a vraiment une révolte contre son père dès le départ. Elle veut lui faire comprendre qu’elle peut reprendre le business. Elle pète un plomb. En fait, il y a un mélange entre deux choses. Le père a fait confiance au fils donc à Jamal et qui en fait, était là pour le trahir. Et elle le savait depuis le début, elle lui a dit. C’est encore une fois où son père ne l’a pas écoutée. Puis, elle veut faire du business, elle veut faire du trafic. Mélangé à ces deux trucs-là : elle est contre son père donc elle va s’allier à Jamal car Jamal est contre son père aussi. Elle arrive à point de non retour donc elle ne sait plus quoi faire pour réveiller Amanullah. ça arrive juste après qu’Amanullah découvre qu’elle fait du trafic d’armes. ça reste sa seule issue de s’allier à Jamal. Un épisode après, on voit qu’elle n’est pas super contente de ce qu’elle a fait. Elle regrette un peu mais c’était sa seule issue. C’est aussi une manière de voir ce qu’il allait faire Jamal, de contrôler et de prévenir aussi son père ».
Lala, l’amie
Comment voyez-vous la relation entre Sophie et Lala ? Sœurs de coeur ?
Karina Testa : « Cette relation est très particulière. Il y a une sorte de distance car pour Sophie, je suis quand même la fille d’Amanullah donc elle est toujours un peu sur la défensive. Et en même temps, je pense qu’il y a une sorte de compassion par rapport au fait que l’on soit des femmes toutes les deux. Mais, malgré tout on est différente, on n’est pas de la même culture. Y aura jamais une entente complétement fusionnelle mais une possibilité d’évolution je ne sais pas. Il y a une solidarité féminine mais c’est pas complétement amical. On n’est pas les meilleures amies du monde. Lala et Sophie sont dans des problématiques de femmes en Afgjhanistan. Sophie, elle est dans le business elle gère son truc et Lala aussi. C’est pas des filles-filles, c’est un peu comme une relation de mecs. Elles se voient, elle s’aiment bien, elles se respectent mais ça s’arrête là. On ne va pas au cinéma. C’est une amitié beaucoup plus lente ».
Y a-t-il une scène qui vous a marqué lors de cette saison 3 de Kaboul Kitchen ?
Karina Testa : « Il y en a plusieurs évidemment. Mais, il y en a une que j’ai beaucoup aimé. Elle est très courte à l’écran. Je l’ai adoré parce que c’est génial avec Simon. C’est à la fin. Quand Jamal il meurt, on est dehors et tout a explosé. Je vais guider les russes et Amanullah s’écroule par terre à côté de la voiture et moi, je cours pour le retrouver. Ce moment-là, c’était fou parce quand j’ai vu Amanullah par terre, ça m’a fait ça aussi pour l’épisode 6 où on le chasse de chez lui, mais moins que dans ce cas dans l’émotion que j’ai ressenti. ça m’a complétement bouleversé de le voir écroulé par terre. Il y a peut-être le mélange entre le personnage et le comédien. Mais, l’émotion que j’ai c’est la vraie. En général, je n’arrive pas à pleurer techniquement donc quand je pleure à l’écran, c’est que quelque chose ou quelqu’un m’a touché. ça était très rapide comme scène mais le fait de voir Simon comme ça, cela m’a vraiment bouleversé ».
Partante et confiante pour une saison 4 ?
Karina Testa : « Tellement partante car ça me ferait tellement de peine de ne pas continuer. Je n’ai pas envie que ça s’arrête. Confiante, j’espère. Ils sont plutôt confiants car ils sont entrain d’écrire. Entre la saison 2 et 3, malgré le fait que Gilbert Melki soit parti, ils avaient attendus les audiences pour commencer à écrire alors que là, non. J’espère vraiment. J’adore ce personnage et j’adore l’équipe. Je trouve qu’il y a un super esprit. La série je l’aime vraiment ».