Après Prison Break, la carrière d’Amaury Nolasco ne s’est pas arrêtée bien au contraire que ce soit au cinéma ou à la télé, l’acteur enchaîne les tournages. De passage au 58ème Festival de Télévision de Monte-Carlo, Amaury Nolasco est venu parler de sa série Deception ou chez TF1 Cameron Black : l’illusionniste. C’est une série de remplacement de la mi-saison dans la grille de la chaîne ABC mais malheureusement elle a été annulée. Seulement 13 épisodes ont été tournés. J’ai profité de la venue d’Amaury Nolasco pour discuter d’une théorie sur les séries de mi-saison, elles seraient vouées à l’échec voire maudites ? On en parle en interview autour d’une table ronde avec Amaury Nolasco !
Deception/Cameron Black : l’illusionniste est ce que l’on appelle une série de mi-saison. N’avez-vous pas l’impression que les séries de mi-saison ont plus de chance de se faire annuler ?
Amaury Nolasco : « Je vais devoir être probablement être d’accord avec vous. Mais en même temps, si vous me demandiez est-ce que je préférais être dans une série de mi-saison ou une série sur la saison complète, voilà ce qui arrive avec les série de saison complète et ce n’est pas mon cas. Quand vous débutez en septembre avec une série de rentrée, il y a tellement de compétition parce que toutes les séries sont lancées au même moment. Et si vous ne captez pas le public tout de suite, vous vous faites annuler après le sixième ou cinquième épisode voire bien avant. En étant une série remplacement de mi-saison, vous avez la chance de tourner tous les épisodes. Donc, financièrement, je préfère faire treize épisode que six. Et encore, on a l’occasion d’être vu si on l’annule ou non, qui sait ? Parce qu’à la fin, je finis par attendre au moins je finis par faire 13 au lieu de 6 et il y a moins de compétition. Maintenant, n’oublions pas, une série comme Grey’s Anatomy était une série qui était un remplacement de mi-saison. Et la série continue 14 ans plus tard. Maintenant, que vous avez soulevé le problème que je pense qu’il est plus facile d’annuler ces séries. ça était mon cas, j’ai fait trois séries de remplacement de mi-saison. L’un d’elle était Work It, puis elle a été annulée, Telenovela et elle a été annulée ».
Décrocher une série, c’est comme si on allait à un premier rendez-vous galant et que l’on vous brisait le cœur à ce moment-là.
Comment le vit-on quand sa série est annulée ?
Amaury Nolasco : « C’est une vraie peine parce que les gens ne réalisent, vous devez passer le process du casting dans son ensemble. Une fois le process d’audition terminé, vous décrochez le rôle. C’est génial, un obstacle franchi. Après vous faites la série et vous espérez que la série soit commandée. Puis, ‘oh on a été pris’!, c’est génial, c’est un autre obstacle franchi. Puis, une fois que vous avez tourné la série, vous espérez qu’elle va être prise dans la course aux pilotes. C’est comme de l’escalade, vous montez, montez, montez. Et puis, ils vous arrêtent, ils vous disent tous ‘oh non’, c’est comme si ce n’était rien, vous revenez à zéro. Quelqu’un m’a dit il y a longtemps : auditionner, c’est comme si, ou décrocher une série, c’est comme si on allait à un premier rendez-vous galant et que l’on vous brisait le cœur à ce moment-là. Parce que c’est comme si vous étiez déjà tombé amoureux du personnage. Donc, imaginez je suis en premier rendez-vous avec vous et je suis déjà amoureux de vous. Et puis vous me dites ‘ah, non’ et littéralement vous avez votre coeur brisé à ce moment-là. C’est ce que ma carrière est, vous tombez amoureux de choses et puis elles arrivent et vous n’avez aucun contrôle sur elles. Cette série, Deception, c’est une très bonne série et les gens vont l’apprécier. Bien sûr, s’il y a des choses pour tout, je veux dire qu’on ne va pas être nommé pour cette série ? Non, c’est dramédie fun. Ce n’était pas Prison Break, ce n’est pas Casa de Papel, c’est facile, vous savez, ce n’est pas Breaking Bad, c’est juste un série différente dans laquelle j’ai été impliqué pour deux raisons. Le réalisateur est David Nutter. David Nutter était un réalisateur avec qui j’ai travaillé dans une série appelée Chase. Et aussi, vous le connaissez parce qu’il a réalisé beaucoup d’épisodes de Game of Thrones. Il a réalisé cet épisode très connu, appelé Les Noces Pourpres* où tout le monde est tué. Alors, quand on m’a dit qu’il travaillait sur la série alors je me disais ‘ok, je dois la faire’ et c’était différent parce que je joue toujours le mauvais garçon ou le prisonnier. Et cette fois, j’étais de l’autre côté et j’ai dit ‘est-ce que je peux faire le gars du FBI ? Oui je dois’. C’était donc une opportunité ».
*Red wedding
De quel côté préférez-vous le méchant ou le gentil ?
Amaury Nolasco : « Je préfère le détenu. Je ne sais pas, ils s’amusent plus. Mais être le bon gars n’est pas aussi fun, je me suis amusé à travailler sur Deception à cause de deux éléments : j’ai travaillé avec un super cast, une équipe incroyable que j’avais avec laquelle j’ai travaillé. J’étais le doyen, ce qui est étrange, car je suis encore jeune. Et j’ai pu tourner à New-York ce qui est pour moi la ville la plus incroyable. Je suis allé à l’école à New-York avant d’être acteur, donc avoir la possibilité de revenir et de travailler là-bas, c’était incroyable. J’ai eu une opportunité d’être là-bas pour 7 mois et j’ai passé un super moment. Maintenant, retour à la case départ pour trouver une nouvelle série. Je pense que pour la prochaine, je vais essayer de trouver une série sur Netflix, Hulu ou Amazon ».
Pourquoi cette envie pour ces plateformes de streaming ?
Amaury Nolasco : « Eh bien, il n’y a pas de série de remplacement de mi-saison premièrement 😀 Deuxièmement, j’aime la qualité de ce qu’ils font. Ce qui est merveilleux à propos de leurs séries, c’est qu’ils ne s’intéressent pas aux audiences parce que tout est une question d’abonnement. Donc, clairement, ils souhaitent que la série soit bonne et ils peuvent savoir combien de gens la regardent. Mais, vous avez plus d’opportunité d’être créatif, de réaliser plus de choses et de partir sur des choses que vous n’auriez pas eu la chance d’aller. Donc, du point de vue créatif, j’apprécie qu’il y ait un groupe de jeunes esprits différents à la tête de ces séries et ces plateformes. Elles sont plus gourmandes que les séries que vous connaissez, vous pouvez couvrir plein de choses. De plus, vous pouvez tourner 13 épisodes et après vous avez le temps de faire des films. Et c’est quelque chose qui est parfait parce que quand vous êtes habitué à faire une série sur une network, la série s’étend sur 22 et 24 épisodes, vous travaillez pendant 9 à 10 mois, alors vous n’avez plus que 2 mois en moyenne pour faire un film ou vous détendre ».
13 ans plus tard, on parle toujours de Prison Break parce que c’est une de ces séries qui a cassé les codes.
Pensez-vous alors que les networks américaines sont trop conventionnelles peut-être ?
Amaury Nolasco : « C’est une bonne question et j’espère qu’aucune question ne m’écoute. 🙂 Les networks ont leur rôle auprès de leur public, elles ont un rôle dans le respect de leur public. Quand vous allez sur Netflix ou une autre de ces plateformes gratuites, vous y allez sachant que vous prenez un risque de devoir contrôler les séries que vos enfants regardent. Sur les networks, c’est censé être sûr pour les enfants, pour tout le monde. Elles ont peut-être leurs poings liés et elles doivent suivre des règles que je comprends. Néanmoins, il y a toujours de la bonne télévision dessus. Ce que je veux dire, c’est que la télé a tellement changé et je dois dire que j’ai fait parti d’une série qui a changé le visage de la télé. Prison Break et 24h étaient des séries qui ont cassé et changé ce que la télé était. La télé à l’époque, c’était une série de droit, une série médicale, une série policière et vous pouviez voir l’épisode 1 comme le l’épisode 50, ça ne posait pas de problème, vous n’aviez vraiment rien raté. Maintenant, tout le monde recherchent des séries feuilletonnantes . C’est parce que des séries comme Prison Break ou 24h sont arrivése, et il y a eu Lost aussi et tout le monde se disaient ‘as-tu vu ça’ ? et tout le monde regarde l’ensemble de la série. Par exemple, Prison Break, réfléchissons ensemble, Prison Break, c’était en 2005 et ça était diffusé sur une network, il n’y avait pas de Netflix, il n’y avait rien de cela quand c’est sorti. Il y avait HBO et ils faisaient ça bien mais c’était les seuls. Mais, Prison Break est arrivé, après la diffusion, c’était incroyable. Quand des enfants venaient me voir, ils avaient 15 ans et ils me disent ‘Oh, je suis un grand fan de Prison Break’ et je me dis mais tu avais un an quand on a fait Prison Break. Mais pourquoi ? A cause de Netflix. Netflix l’a remise au goût du jour et c’est la manière de regarder ces séries, à la chaîne. Quand Prison Break a été diffusée, quand 24h a été diffusée, quand Lost a été diffusé, c’était toujours sur des networks et vous deviez attendre la semaine prochaine avant de voir la série. Maintenant, ces séries sont faites pour être vues à la chaîne. C’est pourquoi, on parle toujours de Prison Break quinze ans plus tard. Je veux dire treize ans plus tard, Prison Break c’était en 2005, on est en 2018. 13 ans plus tard, on parle toujours de Prison Break parce que c’est une de ces séries qui a cassé les codes et c’est ce que d’aujourd’hui est fait ».
J’ai fait parti d’une série qui a changé le visage de la télé.
BONUS pour les fans de Prison Break !
Vous la connaissez tous la série qui a révolutionné la télévision de jadis, c’est Prison Break. Une de mes collègues a posé une petite question sur Prison Break que je vous partage.
Avez-vous toujours une affection pour votre personnage de Prison Break ?
Amaury Nolasco : « Oh Mon Dieu, Fernando Sucre est la raison pour laquelle je suis entrain de vous parler. Fernando Sucre m’a ouvert le monde. Mon personnage est un des personnages les plus appréciés. Mon personnage était censé rester qu’une seule saison et d’une certaine manière, les gens sont tombés amoureux de Fernando et ils ont adoré qui il était et sa loyauté, son amitié entre lui et Michael, c’est quelque chose qui jusqu’aujourd’hui, excusez-moi me donne la chair de poule. Je dois littéralement tout ce que je possède à ce personnage, cette série m’a ouvert des rôles, des opportunités de travailler avec johnny Depp, Keanu Reeves, Kevin Costner, Gary Oldman, Mark Wahlberg, Bruce Willis. J’ai eu la chance de travailler avec des gens si incroyables et c’était grâce à ce rôle. Je me souviens quand j’ai décroché Prison Break, mon manager m’a appelé et m’a dit ‘hey, ils te veulent pour cette série’ et j’ai répondu ‘non, non, je ne veux rien avoir à faire avec la télé’. Parce que à cette époque, la télé c’était ennuyeux et je faisais tous ces films à la suite et j’avais deux films où ils me voulaient. Mais, il m’a dit ‘lis le script, c’est vraiment bon’ et j’ai dit ‘non, restons sur ce film, ce film sera bon, restons dessus’ et il a insisté ‘lis le script, si tu n’aimes pas, on laisse tomber’, j’ai dit ‘ok, envoies-moi le script’. Donc, j’ai lu le script et je ne pouvais plus le lâcher et quand j’ai fini, j’ai appelé et j’ai dit ‘on fait Prison Break, je m’en fous mais on fait cette série’. Puis, je suis passé par le process. Je veux parler de ce qui est fait pour vous. Je suis allé aux auditions jusqu’à que je décroche le rôle. Je ne le voulais pas au départ. Mais quand les choses sont faites pour vous, il n’y a aucun moyen de les contourner. Cela arrivera pour vous. C’est quelque chose que j’ai appris dans ce business. Je suis dans le business depuis un peu plus de quinze et avant je disais je veux ça, je veux ci, j’avais l’habitude de tomber amoureux de personnage, tomber amoureux de rôle que je ne pouvais décrocher et j’étais si dévasté. Cela m’a pris du temps mais quand quelque chose n’est pas fait pour vous, mettez-le de côté car autant que vous le souhaitez ce n’était pas fait pour vous, c’est pour quelqu’un d’autre, vous devez apprendre cela. Vous ne pouvez pas laisser cela diriger votre vie, vous ne pouvez laisser le business diriger votre vie. Vous devez diriger votre vie et laisser le business à côté sinon vous allez devenir fou parce nous n’avons aucun contrôle dessus ».
Je dois littéralement tout ce que je possède à ce personnage, cette série m’a ouvert des rôles.