Catch-22 est une adaptation en série du livre Joseph Heller. La mini-série a eu pas mal de publicité car il s’agit d’une série produite par monsieur George Clooney. Il n’est pas uniquement producteur puisqu’il endosse également les rôles de réalisateur et d’acteur, il joue le folklorique colonel Scheisskopf. Catch-22 a une signification particulière pour George Clooney dont l’ancien beau-père Martin Balsam (la première épouse de l’acteur est Talia Balsam, fille de Martin Balsam) avait joué dans le film dans lequel il jouait le rôle que Kyle Chandler endosse dans la mini-série à savoir le colonel Cathcart. En plus, Catch-22 la mini-série bénéficie d’un casting étoilé avec Hugh Laurie (Dr.House, The Night Manager), Kyle Chandler (Friday NIght Lights, Bloodline) et Christopher Abbott qui joue notre jeune héros John Yossarian et qui ne cesse de montrer son talent depuis son passage dans GIRLS. Catch-22 est une série Hulu à découvrir sur Canal +.
CATCH-22 se moque de l’armée et sa bureaucratie
Quand je découvre une série qui est une adaptation d’un livre que je n’ai pas lu (ce qui arrive les 3/4 du temps, honte à moi ?), j’aime bien avoir l’avis de gens qui ont lu le livre et vu l’adaptation sérielle. Dans la grande majorité, ces lecteurs de Catch-22 de Joseph Heller, disent que la mini-série est une version simplifiée d’un livre complexe et subtile et ils s’accordent tous pour le manque d’humour de la mini-série dont serait truffé le livre. Certains lecteurs acharnés recommandent même de ne pas perdre leur temps avec la mini-série. Or, moi j’ai bien aimé la mini-série.
En fait, au départ, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Le premier épisode n’est pas hyper bien construit, il ne met pas assez l’accent sur l’enjeu de la série à savoir que John Yossarian, bombardier professionnel pour l’armée américaine pendant la Seconde Guerre Mondiale, devient de plus en plus angoissé à l’idée de monter à bord d’un avion afin d’assurer ses missions. D’autant plus, que ses responsables hiérarchiques ne cessent d’augmenter le nombre de missions. La mécanique répétitive et la lutte du surnommé Yoyo devient plus compréhensible dans l’épisode 2. Puis, on s’attache au personnage de Yossarian et on comprend son angoisse grandissante. On compatit pour ce soldat qui se retrouve confronter à une bureaucratie absurde ! Le meilleur exemple est le diagnostic de la folie mentale qui devrait normalement empêcher un soldat d’accomplir ses missions correctement. Yoyo a une conversation surréaliste avec le médecin du camp qui lui donne l’exemple de son camarade Orr :
Yossarian : Is Orr crazy?
Doc : Oh, he sure is.
Yossarian : Can you ground him?
Doc : I sure can. But first he has to ask me to.
Yossarian : Then why doesn’t he ask you?
Doc : Because he’s crazy. You’d have to be crazy to want to keep flying combat missions. Sure, I can ground Orr. But first he has to ask me to.
Yossarian : And that’s all he has to do to be grounded?
Doc : That’s it.
Yossarian : Just let him ask. And then you can ground him?
Doc : No, then I can’t ground him.
Yossarian : Why not?
Doc : Catch-22. Anyone who wants to get out of combat duty isn’t really crazy. Catch-22 specifies that a concern for one’s own safety in the face of danger real and immediate is the process of a rational mind.
Yossarian : What? Orr’s crazy, and therefore he can get out of flying combat missions all he has to do is ask. But as soon as he asks, he’s no longer crazy, and so he has to fly more missions.
Doc : Orr would be crazy to want to fly more missions and sane if he didn’t, but if he’s sane, then he has to fly them. If he flies them, then he’s crazy, and so he doesn’t have to. But if he doesn’t want to, then he’s sane, and so he has to. That’s some catch, that Catch-22.
Yossarian: Est-ce qu’Orr est fou?
Doc: Oh, il l’est.
Yossarian: Pouvez-vous l’interdire de mission ?
Doc: Je peux bien sûr. Mais il doit d’abord me demander de le faire.
Yossarian: Alors pourquoi il ne vous le demande pas ?
Doc: Parce qu’il est fou. Il faudrait être fou pour vouloir continuer à voler pour des missions de combat. Bien sûr, je peux interdire, Orr. Mais il doit d’abord me demander de le faire.
Yossarian: Et c’est tout ce qu’il a à faire pour être interdit de mission ?
Doc: C’est tout.
Yossarian: Laissez-le demander. Et ensuite vous pouvez l’interdire de mission ?
Doc: Non, alors je ne peux pas l’interdire de mission.
Yossarian: Pourquoi pas ?
Doc: C’est le cercle vicieux. Quiconque veut se retirer du combat n’est pas vraiment fou. Le cercle vicieux précise que le souci d’un esprit rationnel est le souci de sa propre sécurité face au danger réel et immédiat.
Yossarian: Quoi? Orr est fou, et par conséquent, il peut se retirer des missions de combat en vol, tout ce qu’il a à faire, c’est demander. Mais dès qu’il le demande, il n’est plus fou et il doit donc effectuer plus de missions.
Doc: Orr serait fou de vouloir voler plus de missions et plus sain d’esprit s’il ne le faisait pas, mais s’il est sain d’esprit, alors il doit les piloter. S’il effectue ses missions de vol, alors il est fou, alors il n’est pas obligé de le faire. Mais s’il ne veut pas, il est sain d’esprit et il doit les faire. Voilà un piège, c’est le serpent qui se mort la queue.
Au fait, en anglais, Catch-22 est une expression qui veut dire cercle vicieux, le serpent qui se mord la queue ou bien une situation inextricable. C’est exactement ce qui vit Yoyo qui a des fous furieux aux commandes qui ne cessent d’augmenter le nombre de missions qu’il doit effectuer avant de rentrer à la maison. Malgré toutes ses tentatives de se faire passer pour malade à l’infirmerie et d’autres subterfuges plus ou moins ingénieux, il y a toujours quelque chose qui va poser un problème et le forcer à remonter dans cet avion qu’il redoute de plus en plus. Il ne parvient pas échapper à ce cercle vicieux même parachuté au milieu de nulle part, son escadron le retrouve. Ce n’est qu’à la fin que Yoyo trouve un parade pour manifester son mécontentement même si ça lui vaut d’être dans le plus simple appareil.
Il y a un côté kafkaein dans cette mini-série parce qu’en respectant ou non les règles, Yossarian ne parvient pas à sortir de cet engrenage burlesque sans queue ni tête. C’est ainsi qu’augmente le niveau de stress de Yoyo et celui du téléspectateur qui ne voit pas d’issue favorable pour son héros. Pourtant, les décors, les costumes et le lieu font rêver avec ce soleil italien radieux qui donne un effet jaune éblouissant à cette oeuvre et pourtant, le héros est coincé dans son campement militaire absurde. C’est là que Catch-22 est assez forte dans une impression de liberté avec ce camp en plein air, le soldat Yossarian crée ses limites. Puis, contrairement à certains lecteurs puristes, il y a des passages assez drôles alors peut-être pas forcément subtiles mais voir le déhanché de George Clooney en militaire ça vaut le coup et Kyle Chandler tout comme Hugh Laurie ne sont pas en reste avec leurs personnages hyper caricaturaux. Entrez dans le cercle vicieux de Catch-22, vous ne le regretterez pas ! Parole de soldat !