Les secrets d’une comédie française !
En conférence de presse Gilles de Verdière dit : « Arte n’est pas connue pour ses prises de parole en comédie ». Et pourtant si ! Car le projet Au Service de la France a séduit tout de suite les équipes de la chaîne. Une comédie française au format de 26 minutes en prime time imaginée par le scénariste des films OSS 117, Jean-François Halin. Coup de projecteur sur la série Au service de la France :
C’est confidentiel et double tamponné !
Les coulisses d’OSS 117 en série
Le scénariste d’OSS 117, Jean-François Halin est à l’origine du projet et il est accompagné dans ces aventures par Claire Lemaréchal et Jean-André Yerlès. Un projet qui a mûri dans leurs esprits 5 ans plutôt après le deuxième film OSS 117 : Rio ne répond plus ! datant de 2009. L’idée, c’est d’explorer les bureaux des agents secrets français de l’époque, comme l’explique Jean-François Halin lors de la projection presse : « ça nous a amusé de montrer des grands hommes supposément et derrière cette petite vie de bureau routinière ». Comme si Au Service de la France s’intéressait aux coulisses d’OSS 117.
En effet, une bonne idée de séries d’autant plus que même si on n’a pas vu les films avec Jean Dujardin, le téléspectateur peut pleinement adhérer l’histoire. Ainsi, la France des années 60 est embourbée dans la paperasse administrative et incompréhensible mais a-t-elle évolué actuellement sur ce point ? Vous en doutez ? Une petite phobie administrative vous guette ? Au Service de la France montre avec le brio le côté absurde de ce système administratif. Cependant, Bruno Paviot, interprète de l’agent Moulinier dans la série, avoue qu’il avait une volonté de se détacher du style de jeu OSS 117 : « Dès les essais, Alexandre Courtès (réalisateur) nous avait stipulé que ce n’était pas du tout le style de jeu qu’il voulait. Il voulait aller vers quelque chose de plus réaliste pour justement créer un décalage« . Donc, on est dans l’esprit OSS 117 mais non dans la copie ou la parodie.
Un contexte historique pilier de la série
Pour apprécier la série, il ne faut en aucun oublier le contexte historique car sinon, certaines blagues vous paraîtront profondément racistes et misogynes. Jean-François Halin rappelle le contexte : « Pourquoi 1960 ? Évidemment car c’est l’indépendance des pays africains et la guerre d’Algérie et puis, pour la France, une époque charnière. on est après la guerre, un pays en reconstruction, un pays assez pauvre qui s’apprêtent à basculer dans une grande croissance et qui s’apprête à aller vers mai 68 et les yéyé ». Donc une réalité de l’époque qui permet aux auteurs de se lâcher mais non sans humour.
Hugo Becker, un véritable comique
Vous le connaissez en prince de Monaco dans Gossip Girl faisant ou bien aux fourneaux aux côtés de Clovis Cornillac dans la série Chefs ? Hugo Becker est l’acteur qui monte en France et à l’étranger. Dans Au Service de la France, il joue le rôle titre d’André Merlaux (proche d’André Malraux ou coïncidence ?) jeune recrue du bureau. Dans les 12 épisodes, son personnage devra gravir les échelons pour devenir agent secret au service de la France. Dans cette série, Hugo Becker est une véritable révélation ! En fait, il se débrouille plus que bien dans la comédie. L’acteur a pris un risque en changeant de registre mais comme il le dit lui même « la comédie c’est un peu plus technique que le drame » et « je me suis éclaté à faire ce rôle » donc un pari risqué mais qui vaut le coup.
Des acteurs qui jouent le jeu du transmedia
Avez-vous fait le tsèt ? Le test ultime pour devenir agent secret au service de la France ! Tout une opération transmédia a été créée autour de la série afin d’offrir une expérience plus poussée sur le web. Ainsi, le producteur Gilles de Verdière indique qu’il y a eu « un tournage de séquence propre pour le web avec des comédiens en costumes et c’est assez payant » comme expérience. Donc, le transmédia a été pensé en amont comme un moyen de poursuivre l’expérience télévisuelle. En plus, les acteurs sont impliqués ce qui rend cette expérience un peu moins virtuelle.
- Passez le tsèt !
NB : Un jeu-concours conclura ces épreuves permettant de gagner des DVD, des tampons et autres cadeaux mystères.
L’ambiance OSS 117 en série
Le concept de voir les coulisses des agents secrets côtoyés par Hubert Bonisseur de la Bath dans le film OSS 117 : Rio ne répond plus ! est une bonne idée en soit et la patte OSS 117 se ressent dans cet humour si singulier. Cependant, même si certaines blagues sont très drôles :
Tout a une fin sauf la banane qui en a deux
Elles se comptent au final quasiment sur le doigts de la main. En fait, le concept à la OSS 117 (tout en s’en détachant comme le souhaitait le réalisateur Alexandre Courtès) ne semble pas tenir sur la longueur de 12 épisodes même si c’est seulement 26 minutes. Le scénario fragile suit un fil rouge mais aussi s’éparpille comme la mission « courtoisie » où un monsieur en slip léopard apparaît subitement. Ce sont plus des scènes marquantes que l’évolution de l’intrigue.
Présentation de leur personnage et du projet par les acteurs
Qu’est-ce qui vous a plus dans le rôle que vous jouez et est-ce que vous êtes inspiré de l’univers OSS 117 ?
« On a tous eu la même réaction que lui en découvrant le scénario, on a pas des textes comme ça tous les jours en main. Moi, j’étais déjà mort de rire en lisant les textes tout seul donc forcément l’envie, elle était énorme. Et puis, pouvoir comme ça dans l’intrigue à souligner les tarvers de la société française dans les années 60 et donc de l’évolution avec de la comédie ».
« J’ai regardé beaucoup de films d’espionnage. mon personnage est beaucoup plus dans l’absurde. Ces trois agents, ces trois humours un peu différents. Trois personnalités avec un humour différents : un peu franchouillarde chez Moulinier, un peu à la’anglais chez Jacquard alors calot a priori, il est dans l’étrange. Un vrai plaisir pour un acteur car il y a un texte. C’est vraiment le texte qui, moi, à la lecture m’a fait rire donc on a juste suivi ce que l’on devait dire ».
« Ce qui est important dans ce scénario, c’est que c’est un film qui traite d’une époque avant tout. Moi, en tant qu’acteur, je l’ai abordé comme un personnage qui a vécu une époque et chose curieuse, c’est aussi une période que j’ai vécu les années 60. Donc, c’est pas toujours le cas de jouer dans un film d’époque dans lequel, on a vécu l’époque. Je l’ai pris avec un certain recul, non pas en regardant OSS 117, que j’avais déjà et comme on n’est pas la parodie. Mais, je regardais Le Général par exemple. Je regardais des archives sur De Gaulle que je trouvais très rébarbatif quand j’avais dix ans et que je le voyais à la télé et que j’ai trouvé très intéressantes avec le recul. C’est un homme qui vient avec un discours roulé dans sa main qui pose ce discours sur son bureau et qui parle à des centaines de journaliste ce qui les fait rire et tout ça pendant une heure avec des phrases très alambiquées. On a de très beaux costumes, une très belle lumière et un très beau texte. Dans mon personnage, je n’ai pas traité la comédie, c’est un personnage qui peut avoir des côtés drôles et tant mieux mais j’ai toujours été au plus près du texte et au plus près d’une époque et au plus près d’une relation avec mes différents partenaires ».
« Comme mes partenaires, la matière à jouer au niveau des dialogues et des scénarios. C’est vrai que ce n’est pas souvent que l’on a ça entre les mains. Quand on en parlait sur lors du casting avec d’autres comédiens, on aimerait tous y participer. Quant au personnage, Moïse, j’adore ce personnage et vous verrez au fur et à mesure des épisodes, il évolue. il y a une intrigue qui commence à se développer à partir de la moitié de la saison. Pour l’inspiration, j’ai grandi dans les années 70 et il y a un film qui m’a marqué c’est Le Grand Blond avec une chaussure noire, et donc, je me suis inspirée de Blier et de Rochefort. J’ai en fait ma sauce et des films d’espionnage beaucoup plus sérieux. et aussi de l’époque que je trouve très intéressante du début d’un confrontation qui est une époque de transition d’un vieux monde coloniale et d’un nouveau monde avec les jeunes ».
« C’est le fait qu’il y ait beaucoup d’auto-dérision dans ce projet qui m’a attiré au départ et le mélange de personnalités : les scénaristes avec Alexandre Courtès. Le rôle de Clayborn, c’est un véritable rôle de composition, je lui donnais une voix beaucoup plus grave. Je me suis un peu inspirée de Mrs. Robinson, le personnage que j’ai le plus aimé dans Le Lauréat (1967) et elle n’est pas forcément drôle dans ses dialogues mais c’est les situations dans lesquelles, elles se retrouvent. J’aime ce qu’elle (Clayborn) émane, qu’elle les prennent de haut et la façon dont elle met mal à l’aise André, ce sont des situations très drôles à jouer. Je me suis beaucoup amusée en fait ».
« Moi, j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer ce personnage-là et de le jouer comme nous la demandait Alexandre (Courtès) avec un premier degré total. Et une sincèrité malgré l’humour et la non-modernité de mon personnage. C’est plutôt dans la musicalité des films de Jacques Demi qui m’ont inspiré dans ce côté un peu désuet, chantant, heureux qui ne voit le mal nulle part. Ce qui était très agréable, c’est que même si on avait peu de phrase, chacune d’entre elle soit des pépites à jouer. C’est aussi une grande fierté pour moi d’avoir participé à ce projet ».
« On a été averti sur OSS 117, l’idée c’était de ne pas être dans la même chose. L’idée ce n’était pas de faire une parodie. C’est vraiment une série à laquelle, on peut croire et qu’on peut suivre. on peut suivre les intrigues et pas une succession de sketchs. J’ai essayé de m’inspirer de ce qui était écrit et de ce que me disait le metteur en scène. Bien sûr, il y avait deux-trois références : les films d’espionnage, les films de Pierre Richard. Moi, il y avait un peu de Simon Templar (alias Le Saint, la série) car j’aime beaucoup même s’il y a pas beaucoup de rapport ».
En aparté, Hugo Becker me dit de noter les mots « sensas » et « chouette » prononcés par Alexandre Courtès, le réalisateur car « ce qui prouve à quel point on s’est imprégné dans le truc, du film et de l’univers ».
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