Présentée en compétition internationale à Séries Mania, Chimerica interroge par son sujet puissant et politique. Un journaliste photographe fictif Lee Berger essaie de trouver qui est celui que l’on a surnommé « tank man » l’homme devant le tank de l’armée chinoise sur la place de Tianan’men. Vous avez tous vu ce fameux cliché devenu iconique et symbole d’une résistance du peuple face à l’oppression. La mini-série Chimerica propose une histoire sur cet homme dont personne ne sait vraiment qu’il y est avec ses sacs de courses. Mais, Chimerica propose une histoire moderne, orientée politiquement et aussi une critique du journalisme actuel. Lors de Séries Mania, j’ai pu rencontrer l’équipe de la série la créatrice Lucy Kirkwood, le réalisateur Michael Keillor et un des producteur Adrian Sturges. Autour d’une table ronde, tous les trois ont répondu à mes questions et ils m’en ont dit plus sur leur ambition avec cette mini-série. Chimerica est à découvrir sur Canal + Séries.

Chimerica, c’est d’abord votre pièce de théâtre que vous avez adapté en mini-série : pourquoi ?

Lucy Kirkwood : « C’est arrivé quand la pièce de théâtre s’est retrouvée à West End* et c’est souvent le premier pas avant de transformer une pièce en film. Mais, je ne voulais pas en faire un film parce que j’ai travaillé de façon très intense avec la metteur en scène Lindsay Turner et la pièce a été coupée de 4h30 à 3h donc faire un film, cela impliquait de couper davantage. Je n’étais pas intéressée. Colin Callender, qui dirige la boîte de production Playground, m’a dit pourquoi tu n’en fait pas une mini-série ? C’est alors que j’étais intéressée parce que cela me laissait une plus grande toile d’expression ».

*West End theatre est un terme populaire désignant collectivement les grands théâtres situés dans le quartier londonien des théâtres appelé West End.

Quand vous avez écrit la pièce en 2013, Donald Trump n’était pas encore président des Etats-Unis. Comment avez-vous réadapté votre texte de votre pièce de théâtre pour le rendre pertinent à notre époque avec votre mini-série ?

Lucy Kirkwood : « C’est une des raisons pour laquelle je voulais le faire. Je suis une auteur très lente. Quand quelque chose comme Trump ou le Brexit arrive, vous avez envie d’écrire toute suite dessus mais cela me prend plus de temps. Puis, on avait déjà évoqué la mini-série suite aux élections de 2012. Cela m’a déjà pris du temps d’écrire la pièce de théâtre à la suite des élections de 2008. Je suis passée d’une victoire incroyable d’Obama, d’une réélection d’Obama à ce foutu Trump élu. En plus, la relation entre la Chine et les Etats-Unis étaient encore plus tendues. Trump utilisait la Chine comme un ennemi et il prenait aussi des prêts des banques chinoises car c’est aussi un homme du business. C’était fascinant pour moi. C’était le plus grand changement et aussi le plus excitant des changements ».

La première scène est clef et donne le ton de la série avec ce jeune photographe qui prend une photo emblématique de la place Tianan’men et qui doit se dépêcher car la police arrive pour lui prendre son cliché. Comment avez-vous réalisé cette scène ?

Michael Keillor : « On a fait un mix avec une véritable archive de l’événement de Tianan’men, des images de stocks des journaux d’informations de l’époque et quand il s’agit de la photographie de l’homme devant le tank, nous l’avions filmée car on avait un véritable tank. Mais, finalement pour cette scène d’ouverture, c’était mieux d’utiliser la véritable archive parce que c’est très connu même si elle a trente ans et qu’il y a du grain sur l’image. Vous voyez que nous avons mixé les deux ensemble mais c’était important pour la véracité de l’histoire surtout quand vous faites quelque chose sur un fait réel mais que vous le scénariser. Utiliser les vraies archives était un moyen d’être authentique et avoir cette impression de vérité ».