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Rencontre avec Anne Landois, la showrunner d’Engrenages

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Après avoir vu en avant-première les deux premiers épisodes de la saison 5 d’Engrenages qui sont plus que réussis, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Anne Landois, la femme derrières tous les Engrenages de la série. Véritable showrunner à la française, Engrenages est devenu à partir de la saison 3, la série d’Anne Landois. Elle, qui voulait être commissaire plus jeune tout en étant attirée par le cinéma, écrire une série sur les flics et autres protagonistes comme Engrenages est un bon compromis entre deux passions.

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Engrenages est une série documentée qui fait appel à de nombreux conseils dans les différents thèmes qu’elle aborde. Comment cela se passe-t-il ? Voyez-vous d’abord les conseillers puis après vous écrivez ou bien l’inverse ?

Anne Landois : « En fait, il y a deux choses dans un premier temps, on a des idées qu’on va soumettre à nos conseils et peu à petit l’histoire naît de nos échanges avec eux parce qu’on a des pistes vers lesquelles on a envie d’aller, des univers qu’on a envie d’explorer mais on sait pas trop si c’est une bonne idée, s’il y a des choses à creuser dans cette direction. Et en parlant avec les consultants, eux ils vont nous parler de la réalité d’un métier et ça nous conforte dans l’idée que c’est une bonne idée d’aller dedans parce que ça soulève des problématiques auxquelles on avait pas pensé car on les maîtrise pas. On n’est pas sur le terrain. Par exemple, pour la saison 6, on est en lien avec un chef de district du 93 et brusquement tout ce qu’il nous raconte sur sa vie dans le 93 c’est tellement hallucinant qu’il y a un sujet à part entière. C’est comme ça que les idées jaillissent et après quand on commence à écrire, on est tout le temps en contact avec eux. Dès qu’on a besoin d’une précision, un truc qu’on n’a pas compris, on les appelle car après ça devient un maillage précise qu’on essaie de pas se tromper En fait, on est tout le temps en contact avec eux. Ils nous accompagnent du début de l’écriture de l’arche jusqu’à la fin du tournage du douzième épisode. On a tout le temps besoin de leur poser une question, de changer ».

Vos conseillers ne sont pas méfient en vous parlant de leur métier ?

Anne Landois :  » Ils me confient uniquement les affaires réglées. Ils sont pas méfiants en fait, on a un rapport de confiance avec eux qui est tel car on se connaît depuis longtemps, qu’on se parle assez ouvertement. Puis, ça leur permet de parler de leur expérience de vie et ça leur donne du recul par rapport à l’analyse qu’ils ont de leur métier ».

Avez-vous un personnage que vous préférez écrire ?

Anne Landois :  » En fait, aucun personnage n’est facile à écrire. Ils sont tous dur à écrire car ils sont tous tellement différents. Laure ne s’exprime pas comme Roban, Roban ne s’exprime pas comme Pierre Clément. Ils sont tous déjà très incarnés par les comédiens. Je le vois bien quand j’écris je me dis : « non, lui il ne peut parler comme ça », c’est pas sa façon de parler, son attitude, il ne dirait pas ça. Non pas de préférence car je les aime tous. Joséphine, ça peut être une peau de vache mais elle est géniale à dialoguer. Roban, il est hyper pointilleux dans tout ce qu’il dit, il peut parfois être relou dans ce qui dit mais on l’adore. J’adore dialoguer pour lui. Laure, elle peut être d’une vulgarité sans nom parfois. En fait, je les aime tous »!

Vous avez rejoint la série à partir de la saison 3 et vous êtes imposé en tant que showrunner ?

Anne Landois : « Je me suis totalement emparée de cette série parce que je l’ai pas créée. Et quand je l’ai découverte, je me suis dis c’est exactement ce que j’ai envie d’écrire. J’adore le genre d’univers police/justice. J’aime le côté noir de la société. J’aime le côté interrogé les institutions pas de faux-semblants. J’aime les personnages un peu rugueux. En fait, j’adore les flics. Je voulais être commissaire quand j’étais petite. Mon père connaissait un commissaire et il m’avait dit « tu veux être commissaire alors je vais t’emmener voir un commissaire » ! J’avais 14-15 et je lui avais que je voulais être commissaire et il m’avait fortement encouragé. Après, j’ai été très attirée par le cinéma, l’écriture. En fait, c’est un super compromis car je bosse avec des flics tout le temps donc j’adore. Et à la rigueur, je préfère faire ce que je fais aujourd’hui que d’être sur le terrain ».

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SPOILERS sur la saison 5 et saison 6 ! 

Les deux premiers épisodes ont des notes d’humour que l’on retrouve moins dans les épisodes précédents, est-ce une volonté de mettre davantage d’humour dans la série ?

Anne Landois :  » Oui. en fait, on essaie toujours d’en mettre alors bizarrement parfois ça passe plus ou moins. Il y a des moments où on rit mais moi quand j’ai écrit je ne pensais pas qu’on allait rire. donc, il y a des choses qui m’échappent complètement. Par exemple, Roban, je sais que tout le monde se marre mais moi je ne l’ai pas écrit pour qu’on se marre. Mais, je sais que j’écris pour un personnage qui peut susciter ça parce qu’il est tellement réglo, il regarde toujours les gens de travers. Mais, c’est vrai qu’au début, je ne pensais pas qu’on allait éventuellement sourire. Dans le deuxième épisode, il y a plus de scène d’humour car le premier est davantage une scène d’exposition. C’est vrai que dans le deuxième, on se lâche un peu. Après dans les épisodes, on a envie qu’il y ait des moments un peu drôles rien parce que les flics entre eux ont toujours un moment pour faire des blagues : ça leur permet de souffler un peu ».

La saison 5 semble être plus centrée sur Laure la rendant plus accessible au public ?

Anne Landois : « L’histoire de la grossesse, ça nous rapproche d’elle. Jusqu’à présent c’est un personnage qu’on a toujours vu avec des hommes dans une bande d’hommes et brusquement, il lui arrive un truc de nana. Elle le refuse car c’est pas la vie qu’elle a choisi et pour une fois c’est une nana qui n’a pas le contrôle. Elle est totalement perdue par rapport à ça ».

Des nouveaux personnages arrivent cette saison, une volonté de renouveler le casting des débuts ?

Anne Landois :  » Oui parce qu’on toujours un peu en vase clos. On voit toujours les mêmes avocats. On a l’impression qu’il y a deux personnes au Barreau comme on a l’impression qu’il y a un juge d’instruction à l’Instruction. Donc, là il y en a d’autres qui arrivent : une jeune juge d’instruction jouée par Fatou Ndiaye. C’est marrant parce qu’avec Roban c’est quand même le jour et la nuit : cette jeune femme absolument magnifique et lui en fin de carrière et très strict. En fait, cette opposition est vraiment intéressante. Louis-Do de Lencquesaing joue un adversaire de Joséphine pendant pas mal d’épisodes puisqu’ils vont être opposé dans un procès et après, ils vont avoir autre chose à jouer ensemble dans une autre affaire. On voulait faire entrer un nouvel avocat ».

Et pas de nouveau procureur ?

Anne Landois : « Non mais en saison 6 oui ».

Déjà en écriture de la saison 6 ?

Anne Landois : « Oui on a déjà commencé à écrire la saison 6. Et on a envie de faire rentrer un jeune procureur. On s’était posé la question pour la saison 5, mais on a préféré faire rentrer une juge d’instruction. Sinon, c’était bizarre de faire rentrer un juge d’instruction et un procureur dans la même saison. La juge d’instruction a vraiment un rôle à jouer là et ça se justifiait pas trop le procureur. En revanche, dans la saison prochaine, ça va se justifier. On commence la saison 6, il y a des choses qui commencent à émerger ».

Vous êtes la femme d’Engrenages : qu’en pensez-vous ?

Anne Landois : « Je pense qu’Engrenages est une série de nanas pas une série d’hommes. Quand j’ai dit à Caroline (Proust) qu’elle allait être enceinte, elle m’a dit « c’est génial, je vais défendre un truc de nana ». Et je pense qu’un mec aurait eu l’idée que Laure Berthaud soit enceinte. Il y a cette impression qu’être enceinte ça va être chiant mais on joue pas du tout ça, on joue le refus de maternité. C’est quelque chose qui existe d’abord et compliqué à vivre pour une femme qui est enceinte. En fait, ça fait partie des tabous et Engrenages est peut-être une des rares séries qui peut aller dans ce genre de directions c’est-à-dire avoir le droit de montrer une héroïne enceinte qui dit j’en ai rien à foutre d’être mère ».

Surtout Laure Berthaud passionnée par son métier, cet enfant est une contrainte ?

Anne Landois : « C’est une contrainte qui la force à se remettre en cause ses choix. Donc, la remise en cause est trop brutale car ça veut dire qu’elle doit arrêter de bosser 12h par jour, elle doit rentrer à la maison à heure fixe, elle doit se lever pour donner un biberon…etc. Pour Laure Berthaud, ce n’est pas envisageable. C’est ça que l’on veut interroger par la grossesse. On a pas voulu faire le scénario : elle est enceinte et elle doit enquêter sur la mort d’une petite fille. C’est pas ça en réalité. C’est encore plus fort si les deux la bousculent. Si elle est enceinte et qu’elle doit enquêter sur la mort d’une petite fille alors qu’elle en a rien à foutre d’être enceinte. L’émotion du personnage va venir d’ailleurs ».

Ne ratez pas la saison 5 d’Engrenages à partir du 10 novembre à 20h55

Lubiie

Plus de 10 ans d'expertise dans le domaine des séries, blogueuse passionnée, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival, intervieweuse aux multiples questions en séries ou chroniqueuse radio. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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