Il revisite l’histoire et en fait des séries ! Lui, c’est Michael Hirst, le showrunner de The Tudors et de Vikings ! Rencontre passionnante et historique avec Michael Hirst lors du 54ème Festival de Télévision de Monte-Carlo. Le showrunner revient sur ces précédents succès comme The Tudors ou The Borgias et aussi sur sa série phare du moment Vikings.
Cette interview contient des informations sur la saison 2 et 3 de Vikings !
Quel est votre procédé pour vous rassembler des documents sur une série comme Vikings ou Les Tudors ?
Michael Hirst : « Je ne fais pas vraiment la distinction entre le drame historique et le drame contemporain car au final, on vit tous l’histoire. Par exemple, demain cette conversation est historique. Je développe aussi quelque chose dans les années 60, est-ce que c’est historique ou bien contemporain ? Parce que c’est ancré dans ma mémoire car j’ai vécu dans les années 60. L’idée d’un drame historique revient à la manière dont ça était fait avant. Si vous décidez de raconter l’histoire d’Henry VIII, il y aurait cet homme énorme avec une barbe, si on respecte le portait du peintre Holbein, et il parlerait d’une drôle de façon et il ferait des choses qui nous paraissent inutiles pour nous et après il est mort. C’est une forme de curiosité comme aller au musée. Je pense qu’on est le produit de notre histoire. Le futur et le passé sont tous concentrés dans le temps présent. Ce que j’essaie de faire, c’est de connecter le passé et le présent. Alors, pour moi, Henri VIII a été un jeune homme, très beau quand il était jeune mais c’était aussi un être humain. Il a hérité de l’entreprise de son père à l’âge de 22 ans. Il était marié à une femme mûre et il est tombé amoureux d’une plus jeune. Bienvenue dans la vie contemporaine ! C’est pourquoi, un public américain ne veut pas voir une série sur des hommes en collant, et pourtant, ils ont regardé les Tudors parce qu’ils pouvaient s’identifier avec cet homme et avec ses problèmes. La Réforme anglaise a été faite car il voulait divorcer de sa femme. Selon moi, l’histoire est un sujet vivant. Bien sûr, toutes mes séries commencent par un travail de recherche en lisant des livres et des thèses d’historiens. J’aime à penser que tout ce que je fais est ancré dans la réalité. Ce n’est pas un documentaire, c’est un drame. Le drame a besoin d’être construit et spectaculaire. Je ne prétendrais jamais que tout est juste, en fait, l’ensemble est juste. Il y a de la vérité historique quoi qu’il arrive. J’ai lu des centaines de thèses historiques et elles sont toutes contradictoires. Il y a des faits historiques immuables : la date de naissance ou de mort, le nombre d’enfants, quoiqu’on sait jamais vraiment. En revanche, ce qu’ils se disent, ce qu’ils pensent, est-ce que les historiens le savent ? Non, les historiens supposent qu’ils le savent en produisant des thèses. De mon côté, j’ai un consultant historique. Moi, ce qui m’intéresse, ce n’est pas la justesse mais la vraisemblance. Est-ce que c’est possible que cela se soit passé ? Et l’autre point important est la vérité. Écrire une drame pour moi, c’est trouver une certaine vérité sur ces gens et sur cette époque. Et la vérité et la justesse historique ne sont pas la même chose ».
Comment en êtes-vous venu à écrire sur les Vikings ?
Michael Hirst : « Après le film Elizabeth, je faisais des recherches pour un autre film sur Alfred le grand, un roi anglais qui s’est battu contre les vikings. Je me suis donc pas mal intéressé aux vikings. Finalement, le film ne s’est pas fait et j’ai dû attendre avant que quelqu’un me demande parce que par expérience, je ne suis jamais parvenu à faire une série sur quelque chose qui m’intéresse. Il y a quelques années de cela, j’ai eu un succès et le producteur m’a dit : « ok, Michael, nous voulons faire ce que tu veux faire. Dis-nous quel est ton projet qui te tient à coeur et on le fera ». Je leur ai dit et ils m’ont dit à part ça. Donc, je n’ai jamais réussi à convaincre quelqu’un. Mais, il y a trois ans, MGM ( Metro-Goldwyn-Mayer Inc. est une société de production et de distribution pour le cinéma et la télévision) est venu me voir pour savoir si j’étais intéressé par un projet sur les vikings. Néanmoins, je pense que toute période historique est intéressante, si vous faites un travail de recherches ».
Est-ce que vous écrivez tous les épisodes de la série ?
Michael Hirst : « Quand j’ai commencé avec les Tudors, je ne savais pas que je pouvais écrire une série. Puis, j’ai découvert l’exercice et je l’ai apprécié. J’aimais la liberté d’écrire sur des personnages à travers le temps et lier les histoires entre elles. J’ai continué pour Vikings. Par exemple dans la saison 2, ce n’était pas évident. Chaque réalisateur réalisent deux épisodes donc on a un réalisateur qui tourne et un qui se prépare au tournage. Cependant, je n’avais pas fini d’écrire la saison et les gens n’arrêtaient pas de me demander qu’est-ce qui se passe à la fin de la saison. J’écrivais six épisodes simultanément. C’est un véritable défi mais j’adore ça ».
Pour la saison 3 : les vikings seront à Paris ?
Michael Hirst : « Oui, en effet, c’est un événement historique connu arrivé en 824 ou quelque chose dans ses eaux-là. Les vikings ont attaqué Paris, mais, il faut savoir qu’à cette époque Paris c’était l’île de la Cité. La ville avait été construite par les Romains donc, il y avait des remparts romains et deux tours pour la protéger. Les vikings l’ont attaqué avec une centaine de bateaux. Une de leur plus grande expédition jusqu’à maintenant. Et c’est devenu un siège car la cité était bien protégée. La personne en charge de la protection de la cité française était le comte Eudes, assez connu car il avait une main en métal. Paris n’était pas Paris pas celui que l’on voit dans les séries médiévales. L’architecture était plus proche de l’Est de l’Europe, il y avait des esclaves noirs, les costumes étaient somptueux. N’importe qui pense connaître Paris et la France vont être très surpris. Croyez-moi, j’ai fait beaucoup de recherches sur le sujet. Nous partons pour une aventure et j’aime à dire que la série revient à prendre un bateau. Ragnart n’a jamais vu une peinture auparavant ».
Est-il vrai que qu’un producteur américain avant le tournage des Tudors vous a envoyé des épisodes de la série « A la maison Blanche » pour vous montrer l’évolution de la télévision américaine ? Qu’avez-vous pensé de son initiative ?
Michael Hirst : « Je pense que c’était très intelligent de sa part. Je n’avais jamais travaillé pour la télévision et la télévision en Angleterre était le cousin pauvre du cinéma. Au départ, j’avais l’impression de devoir niveler par le bas car je voyais mal les Tudors adaptés pour un public américain. J’ai demandé à ce que l’on m’envoie des séries américaines afin que je puisse voir quels sont les standards exigés et ce qu’on attend de moi. Ben Silverman (un producteur des Tudors) m’a envoyé plusieurs épisodes d »A La Maison Blanche (The West Wing) et ce qu’il voulait me demander c’est d’être divertissant mais je pouvais également être sérieux. A La Maison Blanche est une série plutôt sérieuse, intelligente, réfléchie. Donc, ce n’est pas un nivellement par le bas mais un véritable challenge. Je n’avais jamais travaillé pour la télévision auparavant et pour la première fois en tant que scénariste, j’étais respecté. C’était surprenant ! Dans les films, on veut se débarrasser du scénariste. Une fois que vous avez fini d’écrire le script, vous n’êtes plus utile. Dans les séries, le scénariste est Dieu ».
Deux épisodes abordent les rituels vikings : épisode 8 saison 1 « Sacrifice » et épisode 7 saison 2 « Blood Eagle » comment vous êtes-vous documenté sur les pratiques vikings ?
Michael Hirst : « Nous ne faisons pas de la violence rituelle dans notre série ni pour le sexe ni pour la violence. On y met un poiunt d’honneur, la violence a toujours une raison. L’épisode « Blood Eagle » est violent pour plusieurs raisons : tout d’abord, Ragnar veut mettre les points sur les « i » en montrant qu’il ne faut pas s’attaquer à sa famille. Puis, ça permet à Jarl Borg de se racheter et d’accéder à Valhalla. Si vous regardez de nouveau l’épisode, vous ne verrez pas grand chose de violent mais vous savez ce qui s’est passé car Ragnar l’explique à Bjorn ».
Les enfants de Ragnar sont des conquérants plus prolifiques que leur père, envisagez-vous d’écrire la suite avec les enfants de Ragnar ?
Michael Hirst : « Oui. Cette série est une saga de Ragnar Lodbrok et ses fils. La seule crainte de Ragnar était que ses fils deviennent plus célèbre que lui. On a recruté Alexander Ludwig dans le rôle de Bjorn et il est parfait. Mais, les fils de Ragnar vont grandir et nous allons trouver des acteurs pour leurs rôles. Bjorn a été en Méditerranée, en Espagne notamment et il a attaqué une ville qu’il pensait être Rome. Les autres fils sont allés ailleurs : Irlande même le Groenland. Je ne veux pas arrêter avant qu’on découvre l’Amérique ».
Bjorn, le fils de Ragnar grandit soudainement d’un épisode à l’autre ! Pourquoi avoir choisi de faire une ellipse ?
Michael Hirst : « On a passé sous silence quatre années et je savais que je devais faire ça. Au départ, on m’avait dit qu’il ne fallait pas ça et j’ai demandé s’il y avait des règles. Je sais que parfois, il est nécessaire de faire avancer la série et je vais devoir avoir recours à ce procédé éllipse temporelle à un autre moment. Certains personnes trouvaient que c’était osé. Dans le magazine Variety, il a été nommé un des meilleurs flashforwards (sauts dans le temps) ».
Avez-vous regardé des films réalisés sur les vikings ?
Michael Hirst : « De manière générale, j’évite pour éviter d’être influencé. Cependant, j’ai vu le film Vikings (1958) avec Kirk Douglas et Tony Curtis : une très belle œuvre. Ce film montre comment les vikings ont toujours été représentés dans le passé : ils portaient des casques,boivent beaucoup et ils hurlent Odin à tout va. Et Tony Curtis portait une petite robe limite une mini jupe et nous avons fait des recherches historiques et nous avons trouvé cette information ».
Comme vous le dites, on a une image ancrée dans nos têtes des Vikings et c’est principalement des hommes. Mais, vous avez créé des personnages féminins remarquables. A quel point est-ce important pour vous ?
Michael Hirst : « Très important ! J’apprécie écrire les personnages féminins. Je trouve ça si cool qu’une série appelée Vikings a un public féminin très fort. Lagherta est si populaire et un modèle. Quelqu’un m’a dit c’est parce qu’il a personne comme elle à la télévision américaine. Il n’y aucune femme qui est une épouse, une mère et qui met des branlées comme elle. J’ai des messages de militantes lesbiennes disant que je peux tuer n’importe quel homme dans la série mais si vous tuez Lagertha attention à vous » !
La prophétesse est un personnage à part et étrange : est-ce une volonté de sortir un peu du contexte historique pour ajouter un peu de mystique ?
Michael Hirst : « Les prophétesses ont toujours eu un part de mystique qui est associé avec les Dieux. En effet, les Dieux habitaient la Terre et ils se métamorphosaient, les vikings étaient au courant de leur existence. Si un mystérieux étranger arrive : il peut être un vagabond et il y en avait beaucoup ou une prostituée. Les vikings étaient très orientés famille donc ils savaient reconnaître les prostituées. Ou il peut être un Dieu. Nous savions qu’il y avait des prophétesse, d’ailleurs, Odin est allé consulter une prophétesse lui disant que son fils allait mourir. Selon la légende, la prophétesse est censée être âgée de plus de cent ans et elle vit sous terre. C’est pourquoi, on lui a donné cette apparence. Il y a toujours des éléments mystiques mais rattachés aux Dieux ».
Comment avez-vous développé le personnage de Floki ?
Michael Hirst : « J’ai trouvé des preuves d’un homme du nom de Floki. Il représente quelque chose de très important dans la société vikings, c’est le rôle du joker (farceur). Il peut aussi bien faire de bonnes choses comme les mauvaises. Il est aussi le constructeur de bateau et c’est un rôle quasi sacré pour les vikings. Ce personnage représente des choses profondes de la société vikings. Ce n’est pas étonnant qu’il soit proche de Ragnar car vous avez besoin de votre constructeur de bateau et de votre lunatique. Par la suite dans l’histoire, les gens avaient leur bouffon. Gustaf Skarsgård qui a décroché le rôle, a vraiment creusé le personnage lui donnant vie. Encore, le cliché des vikings assoiffés de sang et vicieux mais en réalité, ils sont maussades. Floki contredit cette image avec son espièglerie et sa joie de vivre en dansant partout et il se différencie du sérieux de Ragnar ».
Quel est le personnage le plus difficile à écrire ?
Michael Hirst : « Je dirai Rollo car Ragnar demande toute l’attention et il est l’ombre de ce dernier. Rollo essaye de sortir de l’ombre de son frère et à chaque c’est une menace pour Ragnar ».
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