Avant d’être une série, Chewing Gum c’est une pièce de théâtre imaginée par Michaela Coel où elle joue tous les personnages. Le passage en série a fait de Michaela Coel, un des talents les plus prisé du Royaume-Uni. Il faut dire que cette jeune femme a plus d’un tour dans son sac car elle est auteur, créatrice, actrice, productrice de la série. Sur le plateau, elle est omniprésente comme elle aime à le dire et avoue même être peut-être trop imposante. C’est elle qui dit « Action » et « Coupez » ! Découvrez mon tête à tête avec Michaela Coel lors du Festival de la fiction TV de La Rochelle.
Dans la pièce, vous jouez plusieurs personnages et là dans la série, vous avez des acteurs pour les jouer ces personnages : qu’est-ce que les acteurs ont apporté ?
Michaela Coel : « Quand vous devez jouer tous les personnages dans une pièce de théâtre, cela signifie qu’il y a tellement de choses que vous pouvez faire. Vous jouez tous les personnages et vous ne ressemblez pas à la personne. Par exemple, la femme qui donne la pilule du lendemain, je la joue dans la pièce de théâtre. Vous pouvez jouer sur le physique mais quand l’acteur est là, il ajoute sa touche. Le sentiment pour un auteur est incroyable, c’est moi dans mon état euphorique. La saison 1 est si bonne, ils sont confiants et ils n’ont pas peur. Maintenant, quand j’écris je ne pense plus au fait que je dois le jouer et parfois, je me dis ‘Oh mon Dieu ! est-ce que j’ai écrit ça’ ? Quand j’écris je ne pense pas aux acteurs et je suis reconnaissant qu’ils ne posent pas de questions ».
Chewing Gum évoque la religion, est-ce un élément de votre vie auquel vous deviez faire référence dans votre série ?
Michaela Coel : « Je n’ai pas grandi dans une famille stricte et religieuse mais à l’âge de 18 ans, je suis devenue chrétienne. Pas à cause de ma famille mais parce que j’ai rencontré une fille, elle m’a emmené à l’Église et j’y suis allée pendant cinq ans. Puis, j’ai quitté l’Église et je ne suis pas religieuse mais maintenant, ma famille est devenue religieuse. Ma soeur est chrétienne, ma mère est chrétienne et je suis définitivement pas chrétienne, je suis vilaine ».
Dans Chewing Gum, on a l’impression que la religion empêche Tracey de faire son expérience de la vie ?
Michaela Coel : « Cela ne bloque pas Tracey pour son expérience de vie. Elle voit le monde extérieur et elle se dit qu’elle ne vit pas sa vie comme il faut. En fait, c’est pas vrai, sa vie est bien. Elle a vécu ce que plein de gens n’ont pas vécu en allant à la messe etc… Elle continue à poursuivre cette idée d’une vie normale qu’elle voit à la télé. Elle ne donne pas de la valeur à ce qu’elle possède. Elle voit ce qu’elle a comme petit. Elle peut avoir une expérience de la vie dans son monde. Elle ne doit pas s’imposer l’expérience de la vie que le monde lui ordonne ».
Peut-on y voir une critique de la chrétienté dans Chewing Gum ?
Michaela Coel : « Ce n’est pas la critique de chrétienté, c’est une critique de la foi aveugle. Par exemple, dans l’épisode 2, Tracey dit qu’elle n’a jamais lu la Bible avant. Sa mère n’a jamais lu la Bible non plus mais elles adorent réciter des psaumes et chanter. Il n’y pas de fondation dans leur religion ce qui font d’elles des personnes guidées par des illusions. A quoi croient-elles ? C’est ça dont je me moque. C’est pourquoi, je pense que les gens qui lisent la Bible peuvent en rire et je pense qu’ils le font. La revue de l’Église en Angleterre a fait une adorable critique de la série. En fait, j’emmerde tout le monde, personne n’est épargné. Dans l’épisode 3, j’emmerde les banquiers puis, des directeurs des ventes, des gens de l’état, encore de la religion, les hommes, tout le monde en fait. Vieux ou jeunes tout le monde ».
Sur E4, la chaîne qui vous diffuse en Angleterre avez-vous carte blanche ?
Michaela Coel : « Je pense que oui mais parfois ce que vous voulez n’est pas bon. A l’origine, je voulais de la nudité dans Chewing Gum. Maintenant, je comprends pourquoi ça n’aurait pas marché. Un jour j’écrirai une série avec de la nudité mais ce n’est pas cette série. Il y a quelque chose de magique entre E4 et Retort, ma société de production, dans la manière dont nous avons travaillé ensemble. Vous êtes libre mais c’est un peu comme un enfant qui marche et les parents sont derrière »(rires).
Sachant que la saison 2 est assurée, espérez-vous une saison 3 ?
Michaela Coel : « Qui sait ? Quand on a fait la saison 2, on ne savait pas si on allait avoir une saison 2 avant que la saison 1 finisse. Donc, nous devons encore attendre. Peu importe l’issue, je suis un auteur et une créatrice et je continuerai à écrire des choses donc on verra ».
Malheureusement, c’est une première mais j’ai rencontré un problème d’enregistrement donc ce qui est retranscrit correspond à la moitié de l’interview… ? Je me rappelle lui avoir demander pourquoi ce titre Chewing Gum, elle m’a expliqué qu’elle voyait un Chewing Gum tombé d’un gratte-ciel et s’écraser sur le trottoir où tout le monde marche dessus.
Masterclass Michaela Coel
J’ai également assisté à un bout de la Masterclass de Michaela Coel accompagnée d’un des acteurs de la série Kadiff Kirwan qui joue Aaron au festival Fiction TV de la Rochelle. Voici l’essentiel de cet entretien avec le public :
Comment avez-vous fait pour passer de l’écriture du théâtre à l’écriture d’une série ?
Michaela Coel : « C’était très difficile car la pièce de théâtre que j’ai écrite, c’était uniquement moi et je jouais environ 11 personnages différents dans un spectacle de 50 minutes. La personne qui travaille dans la section des développements des scripts chez Retort (société de production) a lu mon script et pensé que je pouvais en faire une série. C’était très dur ! Mon premier épisode, j’ai 41 brouillons pour cet épisode. J’ai essayé, j’ai raté, j’ai essayé, j’ai raté, raté, raté… 41 fois pour avoir un bon essai ».
Et comment s’est déroulé le passage du drame à la comédie ?
Michaela Coel : « Mes premiers brouillons étaient assez sombres. Mais, j’ai été engagé par une société de production de comédie. Donc, on m’a dit ‘enlève ça et ça’. Cependant, dans la saison 2 je vais un tout peu plus dans le sombre ».
Petite anecdote : la scène de la rose, elle la mange littéralement alors qu’elle est au restaurant avec son petit ami Ronald, c’est une scène suggérée par l’acteur John Macmillan qui joue le rôle de Ronald. Comme expliqué auparavant, Michaela Coel est reconnaissante des plus que ces acteurs ont pu apporter à la série. Recul qu’elle n’avait pas dans la pièce de théâtre dont elle a assuré l’ensemble des rôles.
Ping : THE LAZARUS PROJECT : jouer avec le temps et sauver le monde ! - Lubie en Série
Ping : I MAY DESTROY YOU : le trauma qui change une vie ! - Lubie en Série