5 décembre 1986 : Malik Oussekine meurt sous les coups d’une injustice. La mini-série OUSSEKINE (4×60′) de Disney + revient sur la nuit tragique du 5 au 6 décembre 1986 qui ont conduit à la mort de Malik Ousskine (Sayyid El Alami) et les conséquences dramatiques sur sa famille : sa mère Aïcha (Hiam Abbass), ses frères Ben Amar (Malek Lamraoui) et Mohamed (Tewfik Jallab), père de substitution de la fratrie depuis la mort de leur père Miloud (Slimane Dazi) ; ses sœurs Fatna (Naidra Ayadi) et Sarah (Mouna Soualem) qui va tout sacrifier pour que justice soit faite. Centrée sur le combat de sa famille pour obtenir justice, elle plonge au cœur des années 80 pour comprendre l’impact que ce drame a eu sur la société française de l’époque.
Bouleversée à l’avant-première du premier épisode au festival Séries Mania et par la suite des épisodes sur Disney +, j’ai eu la chance entre Lille et Paris de rencontrer l’équipe de la mini-série Oussekine. Antoine Chevrollier, créateur et réalisateur de la série, a réuni autour de lui une équipe de choix, devant et derrière la caméra : l’écriture des quatre épisodes a été confiée à Faïza Guène, Cédric Ido et Julien Lilti.
Qui est Malik Oussekine ?
Malik, c’était quelqu’un de solaire.
C’était quelqu’un qui avait confiance en lui.
Confiance en son pays et qui se posait pas la question du déterminisme social.
C’était une quelqu’un qui avait foi en l’avenir.
C’était quelqu’un à certain moment, impétueux, profondément intelligent, qui se posait manifestement 1000 questions.
Et puis c’est quelqu’un de très drôle.
Il y avait beaucoup d’humour et une grande conscience de la place où il était et la chance qu’il avait d’avoir des frères et sœurs […] Puis, c’est quelqu’un qui avait un horizon.
Un horizon magnifique devant lui.
C’était un petit gamin qui regardait Paris et qui avait envie de bouffer le monde.
Voilà ce que je ressens.
Antoine Chevrollier
VIDEO les acteurs racontent OUSSEKINE
Naidra Ayadi, Taefik Jellab et Malek Lamaroui se sont arrêtés au micro de Lubie en Série sur le tapis rouge de Séries Mania pour parler de leurs rôles respectifs mais aussi de la nécessité de faire cette mini-série dans la France d’aujourd’hui.
Un droit moral envers la famille Oussekine
Antoine Chevrollier : « Pour moi, en droit moral, c’était important, évidemment, de prévenir la famille. Mais dans le meilleur des cas, qu’ils nous accompagnent d’une manière ou d’une autre. C’est un contrat moral. Je les ai donc rencontrés. Ça a été assez fastidieux puisqu’ils se sont disséminés à droite, à gauche. Et puis voilà, en la personne de Danny Terbèche, j’ai pu avoir accès à Ben Amar et Mohamed Oussekine. Et en la personne de Guillaume Tania, j’ai pu avoir accès à Sarah Oussekine. Dans un premier temps, on s’est donc rencontrés. Et puis, à partir du mois de septembre, quand l’écriture a vraiment été lancée. Pendant 3 à 4 mois, j’ai passé tous mes dimanches après-midi avec Mohamed Ousskine, Ben Amar Oussekine et Danny Terbèche . Au début, on parlait un peu de rien, de leurs enfants, de ma fille. Petit à petit, voilà, on a noué un lien de confiance qui a permis de parler un tout petit peu plus de évidemment, qui était Malik ? Mais qui était cette famille ? Qu’est ce qu’ils ont traversé ? Et puis, en parallèle, Sarah qui, elle, ne vit plus à Paris. Je l’avais au téléphone, elle, géographiquement un peu plus loin. Donc je l’avais au téléphone et donc je l’ai appelé également pour alimenter le récit. Et puis, ils nous ont accompagné donc Ben Amar et Mohamed, surtout parce qu’ils vivaient autour de Paris. Ils ont accompagné tout le processus, donc évidemment d’écriture. Ils nous ont donné beaucoup d’anecdotes qu’on qu’on voit dans les quatre films, mais ils nous ont également accompagnés en préparation sur le tournage ».
La rencontre des acteurs avec la famille Oussekine
Tewfik Jellab : « Quand on est comédien et qu’on raconte une histoire vraie, la première chose, c’est d’avoir l’aval de ceux qui ont vécu, cette histoire et de ceux qui sont encore vivants. C’est vrai quand Antoine nous a parlé du projet, il a tout de suite introduit le fait qu’il était en contact avec sa famille. Et ce qui rassure aussi tout le monde, c’est à dire qu’on n’a pas l’impression de prendre une histoire et d’utiliser cette histoire à des fins personnelles ou autres. Et là, pour un acteur ou pour une actrice, c’était de les rencontrer. Et je raconte cette anecdote parce que elle est hyper importante. C’était c’est aussi ça le déclic chez nous, les acteurs, on a rencontré les deux frères, Mohamed et Ben Amar, un jour à Paris. Dans la société de production, il y avait Sayyid, Malek, moi et c’était, comment dire, émouvant, tendu. De notre côté, on attendait dans une pièce qu’ils arrivent et on savait que si ça se passait bien, c’était la validation. On pouvait démarrer ce projet en paix, en sérénité et raconter leur histoire. Ils sont entrés dans la pièce, ils ont vu Sayyid. Qui joue Malik Oussekine, et la première chose qu’ils ont dit ‘Malik, mon frère’ ! Tout le monde, larmes aux yeux fébriles et là, au delà d’émotions, on s’est rendu compte aussi d’une chose c’était qu’on avait le tampon de la famille Oussekine et qu’on pouvait démarrer ce projet et aller au bout de cette histoire et leur rendre hommage. Ça a été un point d’honneur. On ne fait pas ce genre de projet si on n’a pas l’aval des protagonistes. Ce n’est pas normal. Donc on l’a eu et on a foncé ».
Mouna Soualem n’a pas eu la chance de rencontrer Sarah Oussekine mais elle avait toutes les informations nécessaires à travers Antoine Chevrollier qui échange régulièrement avec elle. D’ailleurs, Mouna a très vite était appelé « Sarah » par l’ensemble de ses collègues même jusqu’à la fête de fin de tournage. Elle dit que la rencontre avec les frères Oussekine a été cruciale pour elle : « Moi, ça m’a aidé aussi. C’est exactement ce qu’a dit Twefik, ça a démarré à ne pas avoir cette sorte de responsabilité. On va se mettre à sa responsabilité. On l’a, mais on l’a eu dès qu’on a accepté ce projet. Après justement, il s’agissait de foncer entre nous, d’y aller à fond, de raconter ses histoires, de porter l’existence de ces êtres, parce que j’ai pas envie de parler de personnages, mais au final, on parle d’êtres. »
Alors que le jeune comédien Sayyid a beaucoup parlé de la vie avec Ben Amar Oussekine tout en se sentant triste de savoir que Malik a arrêté sa vie trop tôt notamment quand il découvre ses cours de fac qui s’arrête du jour au lendemain. L’actrice Hiam Abbass rappelle que jouer n’est pas une histoire de ressemblance : « Je crois que ce qui est vraiment moi m’a beaucoup plu dès le départ dans l’écriture qui m’a rattachée à ce projet. C’est le fait qu’on n’est pas en train de chercher la ressemblance physique, mais comment avec le corps de comédien, avec son talent de d’écrivain et de metteur en scène, on puisse rendre âme à des gens qui ont existé ou qui n’ont pas existé, pour les rendre vivants de nouveau. Et je crois que les frères vivants, d’ailleurs, ils ont ressenti ça aussi de notre part, c’est qu’il n’y avait pas vraiment une recherche. Et alors il a parlé comment Malik ou ta mère ? Elle était comment pour ta sœur ? Elle était comment ? C’était juste? C’était vraiment entendu. Donc notre entente avec eux venait du fait qu’il y avait une connexion, une sorte de spiritualité qui rassemblait toute cette famille Oussekine, que ça soit la vraie famille ou les autres, les personnages qui ont vécu la période dans une vérité et qui existent aujourd’hui dans les quatre épisodes. »
La Mallette de Malik Oussekine
La plupart des acteurs ont eu le même rituel proposé par Antoine Chevrollier. Il se retrouve seul dans une pièce avec une mallette et ils en font ce qu’ils veulent…
Antoine Chevrollier : « Une fois que j’ai noué une sorte de grande confiance avec la famille, Mohamed Oussekine et Benamar m’ont donné accès à une mallette dans la mallette qui va être une mallette de Malik, la mallette qui était dans son appartement et qui utilisait tous les jours. Cette mallette était remplie d’effets personnels de marque. Ça allait de choses qu’il avait sur lors de sa mort, à des choses qui étaient liées à ses études, au boulot, à sa quittance de loyer ou sa carte bancaire, son permis de conduire. Parfois, c’était des effets personnels de Malik. En gage presque de confiance. Ils m’ont livré cette mallette et bien que bon, évidemment, elle était dans notre bureau d’écriture. Et puis à tous les comédiens donc, ce qui est ce que décrit Malek, je l’ai fait avec eux avec Mounia, avec Twefik pour qu’il ait ce moment avec lui dans un rapport aussi de transmission. Et avec Sayyid aussi, évidemment. On l’a fait qui à ce moment de connexion presque méta avec Malik ».
Maintenant, je connais Malik Oussekine, son destin brisé injustement et la justice qu’il n’aura jamais eu. Les quatre épisodes m’ont fait verser des larmes. Une larme de honte envers la justice de mon pays et une larme de voir un si devenir si enthousiaste anéanti à coups de bâtons… La mini-série OUSSEKINE est à voir sur Disney + et ce n’est pas un conte de fées.
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