C’est une tradition depuis la saison 1 du festival Séries Mania, Thomas Destouches, responsable de la rédaction séries Allociné, ouvre le bal par une table ronde avec des professionnels du monde des séries. Le thème de cette 5ème édition : « Les séries, comment cela se termine ? »
Liste des intervenants :
- les journalistes : Charles Decant (puremedias.com), Nicolas Robert (Daily Mars), Marie Turcan (Huffington Post, Les Inrockuptibles), Caroline Veunac (GQ, Glamour, Le Mag Séries)
- un créateur de série : François Descraques (Le Visiteur du Futur)
- une productrice : Nicole Collet (Mafiosa).
Parmi toutes les thématiques abordées lors de cette table ronde, en voici 3 axes :
C’est quoi la fin d’une série ?
En théorie, les séries n’auraient pas de fin, mais, dans la pratique, elles en ont une. Caroline Veunac affirme que « Par essence une série n’est pas censée avoir de fin ». Nicolas Robert étaye le sujet en appuyant sur la dimension émotionnelle d’une série en parlant de « l’engagement émotionnel » du téléspectateur. La conclusion d’une série « c’est la fin d’une époque, aussi bien pour les personnages que pour les téléspectateurs ». Nicole Collet, en tant que productrice, confirme ce sentiment. Après 7 ans de collaboration avec l’équipe de Mafiosa, l’émotion était évidemment au rendez-vous.
A quel moment commence la fin d’une série ?
Penser la fin d’une série « c’est un luxe » selon Charles Deccant. Lost est cité comme exemple d’une fin pas assez bien réfléchie en amont. Marie Turcan considère que la question du choix de « l’instant final » est intimement liée à la qualité. Elle explique que la fin de Dexter aurait commencée à la fin de la saison 4, à la différence de Breaking Bad où « on ne peut pas dire que la fin ait commencé plusieurs saisons avant ». Peut-être faut-il donner plus d’intensité au final ? C. Veunac rétorque qu’un auteur peut avoir une idée de son final ou du moins savoir vers quoi il tend, même si le côté « organique » de la série fait qu’elle évolue. La journaliste continue en citant le cas de Carlton Cuse, créateur de Lost : « parfois, les auteurs partent d’une image forte qui leur est venue en tête » et ils doivent ensuite réfléchir à « comment ils vont faire le chemin jusque-là ». François Descraques prend son exemple : « une série évolue en même temps que son créateur, il ne faut pas rester figé sur un scénario d’il y a cinq ans ». Selon lui, c’est normal de pas tout savoir à l’avance. N. Robert souligne que l’auteur est « toujours au carrefour entre l’idée directrice, l’évolution des personnages et l’évolution de l’auteur ». Donc, « on peut avoir une idée au départ mais il n’est pas sûre que ce soit celle que le téléspectateur découvre au final ».
A qui est destinée la fin d’une série ?
Le sentiment d’appropriation est beaucoup plus fort pour les séries selon F. Descraques A tel point que certains fans n’hésitent pas à faire leur propre version d’un final (cf. How I Met Your Mother). N. Robert ajoute que « la série, c’est l’art de l’évolution », en ce sens, le téléspectateur attend une conclusion en phase avec l’évolution des personnages. C. Veunac parle d’un équilibre à trouver entre ce que « l’on doit au public » et la proposition des auteurs : « on ne peut pas consommer les séries comme un fastfood ! »
Cette table ronde a aussi permis d’échanger autour de la postérité des séries, des fins unanimes, de l’indifférence du final, sur la question du spin-off ou la réduction du temps de vie des séries. Encore plus nombreux que l’année dernière à suivre la table ronde, ce début de Séries Mania est un succès et laisse augurer un fabuleux festival !