Découvrez l’envers du décor du WINTER PALACE avec le réalisateur Pierre Monnard ! Un réalisateur suisse habitué aux décors enneigés et dont nous avons pu déjà admiré le travail en France avec la série Hors Saison. Avec Winter Palace, il donne vie par l’image à un hôtel de luxe en plein cœur de la montagne suisse. Dans cette interview, Pierre Monnard vous révèle ses secrets de fabrication pour créer une illusion parfaite à l’écran !

Winter Palace, une série qui nous emmène dans les Alpes suisses, 1899. L’ambitieux hôtelier suisse André Morel a une vision audacieuse : un hôtel cinq étoiles qui restera ouvert pendant toute la saison d’hiver. Mais son entreprise, risquée, sera mise à mal par les conditions climatiques extrêmes, le personnel quelque peu rustre et les exigences des clients.

Les défis du tournage de WINTER PALACE

Tout d’abord, Pierre Monnard a dû faire face à deux défis de taille : trouver de la neige pour tourner et dénicher le décor principal : l’hôtel du Winter Palace !

Le défi tourner dans la neige

Pierre Monnard : « C‘est vrai que tourner en hiver et dans la neige, c’est un vrai défi. C’est quelque chose que j’ai fait assez souvent. J’ai fait des films, j’ai fait d’autres séries qui se passent dans la neige, donc c’est des situations que je connais bien. Mais par contre, je peux vous dire, c’est que ça devient de plus en plus difficile. Évidemment, le réchauffement climatique est une réalité. Je m’en rends compte d’autant plus que tous les deux ans, je tourne un projet qui se passe dans la neige. Et c’est vrai que pour Winter Palace, ça n’a pas été simple. C’est vraiment la première fois, sur un tournage où on a dû vraiment se battre pour avoir cette neige. Il n’y a pas de neige artificielle sur Winter Palace, mais on a dû constamment changer notre plan de travail, nous adapter. Surtout qu’on avait beaucoup de scènes en extérieur, donc c’est vrai qu’on avait besoin de beaucoup de journées de neige. Mais finalement, on a réussi à créer l’illusion de la neige à l’écran, même si dans la réalité, parfois, il y en avait que quelques centimètres. C’était vraiment une petite couche cosmétique, mais ça suffisait évidemment pour pouvoir créer cette illusion. »

Créer l’illusion du palace parfait !

Pierre Monnard : « Le plus grand défi, au-delà de la neige, c’était de trouver ses décors. Et c’est vrai qu’on a étudié différentes pistes. L‘une d’entre elles était de tourner en studio, mais on s’est vite rendu compte qu’on n’aurait pas les moyens de pouvoir le faire. En Suisse, on a un très grand réservoir de palace, donc on a sillonné la Suisse, vraiment d’est en ouest et nord en sud, on a visité énormément d’hôtels et au final, le palace de Winter Palace, il est constitué de cinq différents hôtels. C’est véritablement un puzzle qu’on a construit à partir de cinq différents lieux, qui nous permettaient de construire cinq différents espaces. En fait, il y a un hôtel, dans lequel on a fait toute la réception et les salons. Il y a un hôtel dans lequel on a fait la salle de bal. Ensuite, il y a un autre endroit où on a fait les chambres et il y a un autre endroit dans lequel on a fait les sous-sols de l’hôtel avec la chaudière et toutes ces pièces qui sont un peu le backstage de l’hôtel. Et il y a un autre endroit dans lequel on a fait la cuisine. Puis ensuite les extérieurs de l’hôtel,ils sont divisés en deux décors. Il y a l’arrière de l’hôtel, cette cour a été tournée dans une caserne militaire, quelque part sur une montagne suisse et non loin de cette caserne, il y a en fait un monastère assez connu, l’hospice du Simplon. Il nous a servi en de base pour l’extérieur de l’hôtel quand j’ai dit servir de base. Je pense aux deux premiers étages, le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment, sont vraiment le rez-de-chaussée et le premier étage de ce monastère à l’identique. Et ensuite tout ce qui vient se rajouter à ce bâtiment à partir du deuxième étage sont des images de synthèse, on a un peu modifié l’architecture de ce monastère pour lui donner des airs un peu plus d’hôtel parce que c’est vrai qu’il y a une grande toiture assez classique qui lui donne plutôt une allure d’église, plutôt qu’une allure d’hôtel. Donc c’est un savant mélange d’effets spéciaux et de décors réels qui nous ont permis de créer cet hôtel. »

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Du papier à la caméra !

La collaboration entre l’écriture et la réalisation

Lindsay Shapiro signe la création et le scénario des huit épisodes de Winter Palace, tandis que Pierre Monnard en assure, seul, la réalisation. Deux artistes qui ont brillamment relevé le défi de porter la série à eux deux, maîtrisant leur art sur toute la longueur des huit épisodes, sans l’appui d’autres collaborateurs. Un pari audacieux et une collaboration fructueuse.

Pierre Monnard : « Il y a une vraie collaboration qui c’est surtout faite sur la dernière année avant qu’on commence vraiment la préparation. À partir du moment, on a commencé à sentir que la série allait devenir une réalité, qu’on a débuté aussi à faire les repérages, à faire le casting, à chercher les lieux et à étudier les différents scénarios de comment on allait concrètement faire la série. C’est vrai que j’ai beaucoup travaillé avec Lindsay qui a constamment adapté le scénario aux décors qu’on trouvait. Moi, je faisais des castings, je voyais ce qui marchait bien. J’avais la chance de pouvoir tester des scènes, donc il y avait un dialogue entre nous et c’est quelque chose qui a nourri, je pense, les scénarios. Ensuite, on a continué à collaborer ensemble. Pendant le tournage, Lindsay venait nous voir, mais une fois que la machine est lancée, c’est un bateau qui a quand même une grosse inertie, donc on ne peut pas faire beaucoup de changements. Mais c’est vrai que de temps en temps on a des problèmes où il y avait des scènes qu’on devait supprimer pour des raisons budgétaires. Donc, il fallait trouver un autre moyen de faire passer une information ou de provoquer une émotion. Lindsay a toujours été là pour nous soutenir. Et puis ensuite, au montage, c’était une partenaire très précieuse parce qu’elle nous a toujours fait d’excellents retours, très précis sur les montages et que son regard, en tout cas pour moi, comptait beaucoup. C‘est quelqu’un avec qui je m’entends très bien et puis avec qui j’aimerais beaucoup continuer de travailler. Et ce sentiment est réciproque. On verra, si on peut continuer à raconter les histoires d’André et Rose Morel, mais si ce n’est pas sur une deuxième saison, j’espère que ça sera sur un autre projet. »

Donner vie à André Morel

Lindsay Shapiro et Pierre Monnard ont eu l’aide précieuse de Evelyne Lüthi-Graf, ancienne directrice des Archives hôtelières suisses. Devenue consultante de la série, elle a permis de façonner le personnage d’André Morel qui est inspiré du célèbre César Ritz.

Pierre Monnard : « Le personnage d’André Morel, il est très inspiré du personnage de César Ritz. Cet hôtelier légendaire que tout le monde connaît et qui est aussi bien évidemment très connu en France parce qu’il a travaillé dans différents hôtels et il a fondé l’hôtel Ritz à Paris. C‘est vrai qu’on retrouve beaucoup de points communs entre André Morel et César Ritz. Le fait qu’ils sont tous les deux Suisses, valaisans qui viennent de cette même région de Suisse. Ils ont fait leurs écoles d’abord en Angleterre et ensuite ils ont fait affaire avec des fortunes anglaises pour créer leur propre hôtel. C‘est des gens qui sont ensuite aussi revenus en Suisse. César a aussi ouvert des hôtels en Suisse, dans la région d’où il venait, qui était une région assez pauvre, qui était une région où il y avait principalement des agriculteurs, des paysans, des montagnards. Et donc il a eu cette vision et cette idée de dire mais on va pouvoir faire venir ces Anglais, on va pouvoir prévenir ces gens chez nous, parce qu’on a des paysages extraordinaires, parce qu’on a une nature et un air qui va plaire à ces gens qui habitaient des grandes cités industrielles comme Londres, qui étaient un peu pollués. C’étaient des visionnaires et c’est des gens qui prenaient d’énormes risques. »

Winter Palace (8×45′) est disponible sur Netflix !