Irak, 2003. A la suite de la chute de Saddam Hussein, Baghdad est plongée dans le chaos. Les forces de sécurité locales sont démantelées par la coalition internationale, alors même que les insurgés politiques poursuivent le combat. Américains et Britanniques tentent de sécuriser le pays et Mushin al-Khafaji, ex-policier irakien, est contraint de collaborer avec eux. Lorsque la fille de Mushin disparaît, une course contre la montre est engagée. C’est Baghdad Central, une série présentée à Séries Mania. C’est lors du festival que j’ai eu la chance de rencontrer la réalisatrice Alice Throughton, le scénariste Stephen Butchard et la productrice Kate Harwood pour parler de la série et ses enjeux.
Baghdad Central, c’est également le titre du roman d’Elliott Cotta dont la série est inspirée. La série est à découvrir sur Arte.
BAGHDAD CENTRAL, un projet de série séduisant
Stephen, vous connaissez un peu le terrain de l’Iraq et ses enjeux après votre mini-série House of Saddam. Est-ce que vous aviez envie de revenir sur ce terrain ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans le projet Baghdad Central ?
Stephen Butchard : « J’ai vraiment apprécié le travail fait sur House of Saddam et c’est un projet dont je suis fier. Nous avons fait du bon boulot sur cette affaire, mais c’était une histoire autonome.[…] L’histoire de Khafaji et ses filles, c’est ce qui m’a attiré. Parce que vous avez besoin de sentir ce que vous écrivez afin d’écrire six heures de télévision. Donc, cela doit vous affecter et vous devez avoir une clef d’entrée. Cette histoire pouvait être très humaine, courageuse excitante. Puis, il y a le lien avec la guerre en Irak, un énorme événement mondial comme un énorme pavé dans la mare, et dont nous en subissons toujours les répercussions ».
Alice, qu’est-ce qui vous a intéressé dans le projet Baghdad Central en tant que réalisatrice ?
Alice Throughton : « Ce projet m’a attiré parce que j’adore son écriture ( référence à Stephen Butchard) depuis longtemps. Et quand j’ai lui les deux premiers scripts, je suis tombée amoureuse du projet. En plus, avec Kate (Harwood) au titre de productrice exécutrice, elle est si créative, enthousiaste et encourageante envers les réalisatrices. Donc, avec un groupe si créatif, notre collaboration était l’alchimie parfaite. C’était un projet d’un an pour moi. C’est un engagement long. Alors, vous devez travailler avec les bonnes personnes. Il fallait s’imposer sur le terrain des réalisateurs hommes qui ne nous le permettait facilement. Je pense à Kathryn Bigelow qui l’a fait pour le cinéma, mais à la télévision ce n’est pas le cas. Il y a beaucoup de dramas avec des points de vue alternatifs, celui des Anglais, celui des américains, c’est le premier avec un production irakien. Donc, il y avait plusieurs aspects à ce projet très intéressants et attirants ».
Une série dérivée du livre
Baghdad Central est un livre d’Elliott Colla. Stephen, quel est votre rapport avec ce livre pour construire la série ?
Stephen Butchard : « Je dirai que la série est un dérivé du livre plus qu’une adaptation. Nous devions remplir six heures de télévision. Donc, nous avions besoin d’une histoire forte et excitante et nous avions besoin d’étoffer les personnages et en inventer quelque-uns. Le livre était une formidable source d’inspiration pour moi. C’est davantage une relation et le cœur de la série vient du livre. Mais, ce n’était pas une adaptation directe, c’était une inspiration, un dérivé ».
Faut-il un crime pour raconter l’Iraq contemporain ?
Aviez-vous besoin d’un crime pour raconter cette histoire ?
Stephen Butchard : « Cela dépend de l’histoire dont on a besoin. Nous avons besoin d’un fil conducteur pour le courage, nous avions besoin de quelque chose pour motiver Khafaji. Il y a en quelques sortes deux crimes qui se profilent : un dans la Zone Verte et un autre en dehors de la Zone Verte. Et le seul intérêt pour Khafaji c’est de les confronter. Donc, la réponse est oui. Nous avons besoin d’un crime parce que c’est une série de crime. Khafaji est un policier, Parodi est un policier et donc, ils ont besoin de résoudre des crimes. Mais, ils essaient de résoudre deux crimes différents, même s’ils sont liés. Cela tient à l’intention, cela tient à l’intrigue. Le but est d’entremêler ces crimes. Ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est que Khafaji retrouve sa fille ».
Kate Harwood : « Le crime est un genre fantastique pour proposer un récit. C’est un genre puissant. Il vous donne la permission d’en quelque sorte de débarquer dans la vie des gens qu’ils soient stressés ou sous pression. C’est formidable ».
Une saison 2 pour Baghdad Central ?
Kate Harwood : « On pourrait l’imaginer. La bonne chose, peut-être que la seule bonne chose à propos de l’Irak en 2003 était qu’il y avait beaucoup d’argent à laver et là où il y a de l’argent, il y a du crime et il y a beaucoup de gens qui essaient d’obtenir cet argent et il y a beaucoup de gens qui cherchent à exploiter d’autres personnes à leurs propres fins. Et je pense qu’il y a plein d’histoires à raconter ».
Pour le moment, la saison 2 reste un projet sans annonce de concrétisation.
Mon avis sur la série après les deux épisodes projetés à Séries Mania : ici
Baghdad Central sur Arte