Je n’ai jamais caché sur ce blog, ma passion pour les séries signées Shonda Rhimes. Créatrice de séries de génie, Shonda Rhimes a ce pouvoir de vous rendre accro à ses séries en quelques minutes et vous les faire aimer pendant des années. Accompagnée de son acolyte Betsy Beers, productrice à Shondaland et de ses acteurs Tony Goldwyn de Scandal et Mireille Enos de The Catch, Shonda Rhimes a parlé de son travail devant une foule de journalistes tout aussi impatients d’en savoir plus sur ses séries à succès. En direct du Mipcom la conférence de presse :

Ma question à Shonda Rhimes !

Comment faites-vous pour garder les rênes de vos séries et en même temps déléguer car vous ne pouvez pas tout gérer en même temps ?

Shonda Rhimes : « Une des chances de mon travail, c’est que je ne fais pas tout. Deux des séries sont créées par deux talentueuses personnes qui sont occupées à les écrire et les produire. Une des meilleures choses que l’on fait, c’est que l’on croit en nos séries et ils ont une véritable voix et vision créative. Je ne pense que nous ne pouvons pas faire des séries avec des gens qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire ou ce qu’ils veulent dire. How To Get With Murder et The Catch sont entre de bonnes mains. J’aime à dire que je suis davantage la grand-mère de ses séries. Les gens me donnent le bébé, je le caresse et je le rends. Je passe du temps avec eux à parler des histoires mais c’est tout ce que je fais. Je n’ai pas besoin de faire plus car ils savent ce qu’ils font, ils ont une voix. Avec Grey’s Anatomy et Scandal, ce sont des séries sur lesquelles je travaille depuis longtemps, il y a des parties de moi dans celles-ci. Raconter leurs histoires est intrinsèque à qui je suis, c’est une partie de moi et ce ne semble pas être un job. Les scénaristes de Scandal sont presque tous là depuis le début et certains scénaristes de Grey’s Anatomy sont là depuis treize saisons. Ce n’est pas une difficulté et déléguer devient facile quand vous avez des gens présents depuis aussi longtemps, vous leur faites confiance ».

Betsy Beers : « Pour la partie production, une des choses que nous essayons de faire avec les gens que nous apprécions et qui travaillent merveilleusement bien, nous essayons d’étendre ses responsabilités de manière à ce qu’ils ne partent pas. On essaye de créer une atmosphère où les gens veulent rester et qu’ils continuent à avoir des défis. Si vous challengez les gens et les faites évoluer, ça rend les gens encore plus heureux et cela rend le lieu de travail plus sain ».

Shonda Rhimes : « Je ne pense que quand on a commencé l’entreprise, on s’est dit qu’on allait continuer 13 ans plus tard. Parce que nous sommes toujours là, nous voulons que les gens restent aussi parce que nous apprécions cela ».

Tony Goldwyn : « C’est quelque chose d’incroyable avec cette entreprise qu’elles ont formé. C’est un cliché quand les gens disent ‘nous sommes une famille’ mais elles ont vraiment travailler dur en ce sens. Elles ont promues des gens en interne et encouragées des gens à faire des choses qu’ils n’ont jamais fait avant et de repousser les limites dans tous les sens. Les gens qui ne correspondent ont tendance à disparaître. La culture de Shondaland est extraordinairement positive. J’ai vraiment l’impression que les gens qui viennent travailler, sont vraiment excités d’être là. Les gens passent d’une série à l’autre, les gens ont des promotions, par exemple, un assistant caméra est encouragé à passer au niveau au-dessus. Cela me donne la foi dans la manière dont le management et le leadership doivent fonctionner ».

La recette Shonda Rhimes

Quelle est votre recette ?

Shonda Rhimes : « Betsy et moi avons une règle qui est la suivante : on fait uniquement des séries que l’on a envie de voir. C’est la chose la plus importante pour nous. Si la série est intéressante et que l’on a envie de la voir. Si j’écris quelque chose et que ça reste dans ma tête et que je ne parviens pas à lâcher cette idée. Les séries que l’on produit que d’autres personnes créent, on est intéressé uniquement si on est impatiente de les voir ».

Betsy, vous êtes la moitié de Shondaland mais vous ne participez pas à l’écrire alors qu’est-ce qui vous occupe la journée ?

Betsy Beers : « Concrètement mon job, c’est d’être disponible à tout moment pour n’importe quelle série tant que ça n’implique pas l’écriture, la réalisation, jouer le jeu ou aussi chanter ce qui n’est pas utile dans ce cas (rires). Je passe une bonne partie de mon temps de série en série en travaillant sur les différents aspects de la série avec les différents créateurs et producteurs exécutifs des séries. Aussi une bonne partie de mon temps consiste à développer de nouvelles séries : trouver de la nouvelle matière, travailler avec des scénaristes, venir avec de nouvelles idées afin qu’on les prépare à vendre en espérant avoir un pitch, qui devient un pilote et qui part en production ».

Shonda Rhimes : « Le vrai talent de Betsy c’est qu’elle a un nez pour les nouveaux talents, nouveaux scénaristes. Elle sait quand une nouvelle idée va rester et devenir intéressante. Elle est vraiment douée avec les scénaristes à les aider à construire leurs idées et en faire quelque chose de plus grand. Ce qui est magnifique ».

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet de The Catch ? Et pouvez-vous nous en dire plus sur Alice Vaughan ?

Mireille Enos : « Alice Vaughan est une détective privée très tenace vivant à Los Angeles et elle a une vie amoureuse tumultueuse. Je me suis retrouvée sur le projet car c’était bien différent de The Killing (US). En tant qu’acteur, c’est toujours bien d’explorer différent angle et travailler avec ces deux-là, c’est un rêve ».

Shondaland ce n’est pas un univers que de femmes, qui est le président des États-Unis de Scandal ?

Tony Goldwyn : « Fitzgerald Grant est un homme plein de contraste. C’est quelqu’un qui a été poussé au pouvoir de part la famille d’où il vient et de part son désir de surpasser son héritage problématique venant d’un père corrompu. Il a de véritables démons qui le déterminent à racheter cet héritage. Utiliser le pouvoir pour le bien. Et dans son esprit, une manière de justifier le pouvoir qu’il a entre les mains en faisant ça ses démons obtiennent le meilleur de lui. Je pense que c’est quelqu’un ayant profondément la main sur le coeur et aussi quelqu’un bourré de défauts et il agit de manière odieuse de temps en temps. L’autre chose importante dans sa vie, c’est cet amour désespéré qui a pour Olivia Pope, interprétée par Kerry Washington. Qui le veuille ou non, c’est un élément moteur dans sa vie ».

Cela doit être très intéressant en tant qu’acteur d’avoir toutes ses forces ?

Tony Goldwyn : « C’est ce qui est génial de travailler pour Shonda et Betsy, les personnages sont toujours remplis de contrastes. Ils sont funs et c’est très excitant et divertissant. Shonda en tant que scénariste, pousse les limites dans l’autre sens. Ma vision des choses, c’est que l’on ne s’ intéresse pas à des personnages particulièrement sympathiques tant qu’ils sont captivants. Ce n’est pas une question de sympathie. On se retrouve à détester ces personnages à tel point de les trouver totalement incorrigibles alors souvent en une page, Shonda va renverser la situation pour que l’on tombe amoureux d’eux. On agit de mauvaise manière et on pousse jusqu’à l’extrême. Une de nos grandes forces est de tout bousculer, défier les attentes et soudainement, vous avez de la compassion pour cette personne. Pour un acteur, c’est fantastique. Puis, nous faisons ça depuis six ans. Je ne suis jamais ennuyé un jour ou avoir l’impression de me répéter une seule fois. Je ne m’y attendais pas car c’est la première que je me retrouve dans une série aussi longue ».

L’essentiel en citations

Des séries uniques

Shonda Rhimes considère chacune de ses séries comme unique : « Dans mon esprit, il n’y a pas quelque chose de particulier que vous pouvez reconnaître dans l’ensemble des séries de Shondaland. Je sais qu’il y a quelque chose car tout le monde me le dit. Je ne vois pas les séries comme toutes similaires, on n’essaye pas de les faire identiques. C’est important pour moi. Elles sont toutes individuelles ».

Un duo, une amitié

Betsy Beers déclare sa passion pour son job et son amie Shonda Rhimes. Les deux femmes se connaissent depuis 14 ans et elles sont véritablement complémentaires. Shonda est la créative, celle qui raconte les histoires et Betsy est celle qui s’assure que tout fonctionne correctement. Betsy Beers avoue : « Quel job génial » ! et elle ajoute : « J’apprends toujours quelque chose avec elle. (…) travailler avec elle me fait grandir ».

Diversité

Une question que l’on pose souvent à Shonda Rhimes et elle n’estime pas avoir eu un rôle, elle fait de la télévision en étant fidèle à la réalité : « On travaille très dur à faire ressembler la télévision aux gens normaux ».

Retour aux sources ?

Shonda Rhimes n’oublie pas pourquoi elle a été engagée, pour son talent : sa créativité et sa capacité à raconter des histoires. Elle a besoin de retrouver son espace de créativité : « J’ai réalisé il y a deux ans que la raison de mon job, c’est parce que je suis censée être une raconteuse d’histoires et non une personne de business ». Elle a alors recruté des gens pour assurer le business et lui laisser ses temps de créativité. Elle passe aussi beaucoup de temps dans la salle des montages.

La parole aux femmes

« On me pose souvent comment vous faites pour écrire des femmes aussi fortes, complexes et intelligentes ? Je réponds toujours que l’alternative serait des femmes débiles et faibles, je ne connais pas ces femmes. […] J’ai écrit des héroïnes pour que les gens les regardent et les apprécient. Ces femmes parlent comme des femmes que je connais. Elle parle comme ma mère, comme mes amies, comme Betsy, comme moi. Elles parlent comme des femmes que je connais. Je n’ai jamais eu l’impression que ce qu’elles disent est choquant ».

Pas des séries politiques

Même si Shonda Rhimes et Betsy Beers sont des femmes engagées politiquement, elles ne perçoivent pas de message politique dans leurs séries comme l’explique Shonda Rhimes : « Je ne pense pas que nos séries sont des séries d’enjeux. J’essaie d’écrire sur des choses qui me paraissent intéressante pour moi, point. […] ce qu’on trouve de surprenant, c’est quand on écrit quelque chose et que ça arrive. Ce qui est terrifiant. Mais, nous n’essayons pas de commenter la politique où ce qui s’y passe ».

Still Star-Crossed

Shonda Rhimes n’a lâché aucun spoiler sur sa nouvelle production, la série Still Star-Crossed, une sorte de Roméo et Juliette des temps modernes. Visiblement Shonda et Betsy avait envie de voyager dans le temps : « C’est vraiment fun de jouer dans une époque différente » dit Betsy Beers et Shonda Rhimes ajoute : « je voulais juste voir des gens en corsets » (rires).