Avez-vous déjà entendu parler de cette histoire d’une vierge qui pleure du sang ? Certains disent que c’est une légende et d’autres disent que c’est un miracle. Le phénomène aurait été déclaré en 1995 à Civitavecchia en Italie. Malgré une soixantaine de témoins, la frontière entre le mythe et le miracle est floue. Il Miracolo a décidé de jouer avec cette ambiguïté et de réaliser une série à ce sujet. Cette série italienne a été imaginée par Niccolo Ammaniti, connu dans son pays pour être auteur de roman à succès. Arte est co-producteur et diffuseur de la série. Présentée à Séries Mania en avant-première, Il Miracolo a été doublement primée du prix spécial du jury et du prix d’interprétation masculine pour Tommaso Ragno. Il faut dire que le cliffhanger de l’épisode 2 à laisser la salle interloquée avec une envie féroce de voir la suite. Convaincue par ce miracle, j’ai poursuivi Il Miracolo et vu les 8 épisodes de cette série. Maintenant à moi de vous faire croire au miracle !
S’agit-il d’un miracle ?
Il Miracolo pose une question simple : faut-il croire au miracle face à l’inexplicable ? Serait-ce l’oeuvre d’une intervention divine ? Une Madone qui pleure du sang, c’est inexplicable ? Ce n’est pas un être vivant car il s’agit d’une statue et les êtres humains ne pleurent pas du sang sauf en cas de problème très grave. Mais alors comment est-il humainement possible d’expliquer ce phénomène ? Il Miracolo décide de confronter différents types de personnages à cette question : le politique avec Fabrizio Pietromarchi (Guido Caprino), le religieux avec le prêtre Marcello qui a perdu sa vocation (Tommaso Ragno), la scientifique avec Sandra (Alba Rohrwacher) et le militaire avec le général Votta (Sergio Albelli). Des personnages qui représentent des piliers de la société italienne et qui sont forcément ébranlés par ce phénomène. Ils sont tous suffisamment profonds pour que le téléspectateur se sente concerné par leurs interrogations et leurs doutes face à cette vierge qui pleure du sang. Pas besoin d’utiliser le polar pour raconter cette histoire de miracle, juste l’analyse et l’exploration de l’humain suffit. L’image et la réalisation est soignée et il y a une sorte de grâce qui se dégage de la série. Une grâce presque mystique qui s’applique parfaitement à cet univers du miracle. Il y a des effets de flou qui traduisent assez bien cette frontière si fragile entre la légende et le miracle. Il Miracolo n’oriente pas son public vers une réponse, une solution mais la série étudie de près ses personnages face à une situation humainement inexplicable. Que faut-il croire ?
Lors de Séries Mania, Niccolo Ammaniti, le créateur de la série a répondu à la question du genre de la série qui donne l’impression d’osciller entre le fantastique et le religieux : « C’est mon genre à moi. Mon genre personnel à moi. Cette série est construite de la même manière que je construis mes livres c’est-à-dire que je m’inspire de différents genres et je les inclus dans mes histoires. Dans ce cas, je n’ai pas écrit ce projet seul ».
Comment faire durer le miracle ?
Cependant, si les deux premiers épisodes sur grand écran à Séries Mania ont fait leur effet, la suite est un peu plus laborieuse et en particulier les deux derniers épisodes. Le passage du père Marcello dans les tréfonds de l’océan me paraît totalement délirant mais bon passons son interprète Tommaso Raggno fait en effet du très bon travail dans son rôle et mérite largement son prix à Series Mania. Il y a aussi l’histoire de Sandra avec le personnage d’Amir qui dérive vers du n’importe quoi. Néanmoins, les révélations sur sa relation avec sa mère et sa tentative scientifique d’identifier ce sang qui coule de la Madone est intéressant. A vrai dire, les personnages les plus passionnants restent Frabizio et son épouse Sole. La tragédie qu’ils vivent est poignante et la réaction de Fabrizio face à cette Madone est des plus captivantes. Ce sont les deux seuls personnages où leurs intrigues tiennent la route du début jusqu’à la fin de cette saison 1. Quant au général Votta, il a une réflexion intéressante mais son chemin est plus classique.
La faiblesse d’Il Miracolo c’est de tenir sur la longueur. L’idée est extrêmement bonne et je pense qu’une série sur ce miracle de la Madone qui pleure du sang était nécessaire. A titre personnel, j’ai entendu parler de ce miracle très jeune et de voir une série exploiter ce phénomène m’enchantait même avant de voir le résultat. En plus, heureusement le polar n’a pas été choisi pour explorer le sujet. Tout appuyer sur l’humain, la force des personnages, c’est la clef d’entrée idéale. Mais, au fil des épisodes, les personnages manquent un peu de matière pour continuer leur chemin correctement, c’est le cas de Sandra et Marcello ce qui est bien dommage. Comme si tout avait été donné vers le début et l’arrivée à la fin devenait laborieuse. D’ailleurs, la Madone passe trop au second plan dans les quatre derniers épisodes. S’éloigner du miracle est préjudiciable pour ces personnages. Il Miracolo a tout de même ce côté mystique qui interroge suffisamment pour intriguer et vous donne envie de croire à l’inexplicable.
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