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Interview Joel Dicker : du livre à l’écran La Vérité sur L’Affaire Harry Québert !

Lors du festival Séries Mania, l’écrivain suisse, Joël Dicker, est revenu sur sa carrière d’auteur et son rapport avec les séries lors d’une masterclass unique. Juste avant l’événement, j’ai eu la chance de le rencontrer pour parler plus en profondeur de son expérience avec les séries notamment suite à l’adaptation en série de son best-seller La Vérité Sur L’Affaire Harry Québert par Jean-Jacques Annaud. Puis, j’ai essayé de savoir si son nouveau roman L’Affaire Alaska Sanders aura une adaptation en série ?

 

Quelle a été votre implication qu’auteur du roman d’origine dans l’adaptation de la série ?

affaire harry québert sérieJoël Dicker : « Jean-Jacques Annaud, c’est un homme orchestre. il a tout fait et il a été incroyable. Il a découpé le livre, il a remonté le truc à la fin, il a repris les dialogues et il a tout fait. Il est incroyable. Et donc c’est vraiment lui. Et c’est ce qui m’a plu avec ce projet, c’est qu’il avait vraiment cette excitation juvénile dans le bon sens du mot, pas du tout blasé et hyper excité, hyper content. C’était une première pour lui parce qu’il n’avait encore jamais fait de séries. D’ailleurs, si vous lui demandez, il vous dira qu’il n’a pas fait une série mais qu’il a fait un méga film parce que les séries sont tournées par blocs, épisode par épisode. Lui, il a tourné comme un film par lieux de tournage, donc rien que ça, c’était bluffant. Je dirais que c’est une expérience dingue puisque on a tourné par exemple tous les extérieurs de la maison d’arrêt Harry sur la côte nord, donc à 1000 kilomètres de Montréal. Ça, c’était en juillet et ensuite, les intérieurs étaient tournés en studio à Montréal en décembre. C’était fou parce que vous avez la scène ou il arrive chez lui. Il sort de sa voiture, il passe la porte. Et puis en fait, après cette histoire vraie, et moi, ça ma, sa, ma. Ça a été une expérience. Moi j’ai rien fait, J’avais vraiment le souhait de ne pas m’en mêler du tout. Il m’a demandé si je voulais participer d’une façon ou d’une autre et je lui ai dit que pas du tout. Moi, j’avais vraiment envie de vivre une expérience d’apprentissage et de découvrir ce que ça veut dire. En plus, je n’ai pas du tout envie de prendre des décisions que je n’ai pas prises pour mon livre. Par exemple, ce n’est pas dans mon livre, je dis qu’avec Harry Québert, il a déjà fait un livre avant. Et puis, quand il se met à écrire le livre suivant à Buzzcocks, point barre. Ça, on ne pouvait pas le dire. Vous devez le montrer dans une série. Et donc il m’appelle une fois. Joël, quel est le titre de son livre et quelle est la couverture. Et je lui dis pas, je ne sais pas. Ce n’était pas à moi de faire les décisions et j’avais vraiment envie de rester loin de ça. Moi, j’étais hyper à l’aise avec une adaptation. Je n’avais pas du tout l’angoisse qu’apparemment certains peuvent avoir. En tout cas, c’est une question qu’on me pose, vous inquiétez pas de faire ça. Je ne l’aurais pas fait. J’avais pas un couteau sous la gorge, j’aurais pu dire je ne veux pas que la série soit. Je ne veux pas que le livre soit jamais adapté. Donc moi, j’étais hyper excité de voir comment on fait ça, comment ça se passe. Et puis entrer dans la tête d’un lecteur, comme souvent, ce n’est pas l’adaptation de Harry Quebert, ce n’est pas la vérité de ce que les gens doivent imaginer quand ils vivent le livre, c’est une vérité. Dans ce lecteur,  c’est Jean-Jacques Annaud qui a fait les choses comme ça. Et tant mieux si on n’est pas d’accord. Et j’espère qu’on n’est pas d’accord dans le sens ou ça veut dire que la lecture est encore plus forte que la série télé et étant même moi, j’ai pas vu de personnages comme ça et c’est un bon agacement. »

 

Qu’avez-vous pensé de cette adaptation de votre livre à l’écran, vous l’écrivain ?

Joël Dicker : « L’adaptation est très très très fidèle. Elle a été follement fidèle, jusque dans des détails. Là, je me souviens d’une scène de vie. Je suis sur le tournage, dans les décors à Montréal et j’explore la maison d’Harry Québert. C’est génial parce que j’avais envie de tout toucher. Tu regardes ton bureau et tu bouges des trucs. Et puis tout d’un coup, je prends. Je fouille dans mes éléments qui sont dans la Bible, dans la bibliothèque, sont de vrais éléments. Et il y a le journal du lycée que Marcus édite. Donc on aurait pu le mettre juste comme ça avec des pages de vides, on aurait rien vu. Le journal est imprimé avec les éléments dont je parle dans les livres, avec des pubs qui trouvent des pubs chez Machin Fleur, etc tout est là. Et là, je me suis dit putain, c’est fou ! Quelle fidélité vraiment incroyable. Mais moi quand j’ai regardé la série, j’ai pas regardé mon livre. Je me suis laissé complètement prendre,  je ne me suis pas dit voilà j’attends quoi. Là, qu’est ce qui se passe ? J’ai vu ça différemment. C’est une expérience que je connais parce que je la connais quand je lis mon livre ou des passages entiers dans d’autres langues. Je ne parle pas douze langues, mais en anglais ou en allemand ou en italien. Ce n’est pas mon livre, c’est autre chose. C’était assez amusant parce que j’ai vraiment vu une série télé ».

 

Qu’est-ce que ça fait pour un écrivain de voir les dialogues qu’on a écrit dans son livre, prononcer à l’écran par des acteurs ?

Joël Dicker :  « C’est le plus fou. À la seule différence près que moi j’ai écrit le livre en français et que les dialogues, évidemment, sont en anglais, mais qui sont l’essentiel des dialogues sont mot pour mot tirés de la version anglo-saxonne. Donc on est dans quelque chose de fidèle, mais fidèle à un texte un peu différent du mien. Donc je trouvais ça génial parce que j’ai envie de le lire. Mais je n’ai pas eu ce truc de me dire cette phrase là que j’ai eue dans mon petit bureau à l’époque chez ma grand-mère. Elle est prononcée par Patrick Dempsey, tourné par Jean-Jacques Annaud. Je n’ai pas eu ce truc à cause du problème de langue, j’ai pas feeling là. »

 

Est-ce que la série a eu un impact sur les ventes du livre ?

Joël Dicker :  « La diffusion de la série a un impact sur les ventes. Il y a notamment une édition spéciale qui sort à ce moment-là parce que c’est courant dans la profession. Et ça capte un lectorat nouveau et ça, c’est assez chouette. Moi, j’ai des lecteurs que je rencontre sur mon nouveau roman. Il y a eu 2 livres depuis, depuis la série télé, et ça a drainé de nouveaux lecteurs. Et ça, c’est hyper chouette. Pas seulement par rapport à moi, mais de me dire voilà la série télé, elle peut aussi permettre d’emmener des gens en librairie et ça, c’est important. »

 

Quant à L’Affaire Alaska Sanders, aux dernières nouvelles, le roman n’a pas encore suscité l’envie d’en faire une série. Mais Joël Dicker met un point d’honneur à ce que les producteurs n’aient pas la version publiée avant le public. Donc, s’ils sont intéressés, direction la librairie.

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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