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Le jeu des saisons en série est-il remis en cause ?

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Cela fait un bout de temps que je pose la question et le dernier festival Séries Mania a confirmé mon impression. Il semblerait que les scénaristes et producteurs ne jouent plus le jeu de la série qui consiste à réaliser plusieurs saisons avec les mêmes personnages. La mini-série (série close en quelques épisodes allant de 3 à 12 en général) ou bien la série d’anthologie (une saison une histoire totalement différente de la saison précédente) est préférée. Ce n’est pas une mauvaise chose mais disons que je regrette le jeu des saisons. À savoir le fait qu’une série dépasse la saison 1 allant jusqu’à plusieurs saisons. Comme si le passage à la saison 2 devenait un risque trop grand et imaginer plus que deux saisons un véritable défi insurmontable.

jeu-des-saisons série

Maintenant, on appelle « série » un projet avec plusieurs épisodes certains précisent « mini-série » mais le mot « série » est très vite utilisé comme celui qui fait une websérie parle de série. Mais ce que l’on constate c’est qu’en employant le terme de « série » les créateurs ou scénaristes voire les producteurs n’ont même pas en tête l’idée d’une saison 2. Comme le dit Danny Brocklehurst, scénariste de The Five, quand je l’interroge sur une éventuelle saison 2 : « C’est une seule saison car l’histoire se termine et on veut être honnête avec le public. Raconter une histoire sur 10 épisodes et qui arrive à une conclusion ». Donc, dès le départ la saison 2 n’est pas véritablement envisagée, la série n’est pas pensé plus loin que 10 épisodes.

Alors, des expériences comme The Killing US où le public a été très mécontent de ne pas découvrir le meurtrier à la fin de la saison 1 ou une saison 2 des Revenants boudée car en dessous des attentes, rendent peut-être les créateurs de séries un peu plus frileux d’aller au-délà de la saison 1. D’autant, plus dramatiques quand la série est conçue comme un film de quelques heures. Une réflexion exaspérante entendue dans la bouche de comédiens, réalisateurs, scénaristes français pour la plupart et étrangers aussi. Le genre de phrase qui fait grincer des dents tout sériephiles passionnés. C’est sûr que dans cette optique la saison 2 n’est même pas une option et le reste des saisons on peut s’asseoir dessus.

Parfois, c’est le succès qui les poussent à réfléchir à cette saison 2 et peut-être plus loin. Comme si seul l’approbation du public pouvait instaurer cette réflexion quasi inexistante au départ. Les auteurs de The Missing, Harry et Jack William m’ont confié que c’est à partir de l’épisode 5 qu’ils ont commencé à envisager l’éventualité d’une saison 2. Tardif mais attendons de voir le résultat car la saison 2 reste un exercice tout aussi périlleux que la saison 1. La difficulté est différente car les personnages ont fait leur preuve auprès du public mais encore faut-il trouver une bonne histoire à raconter. Et c’est possible, Broadchurch l’a fait brillamment avec une saison 2 qui tient la route. Puis, il y a cette crainte de faire une saison de trop. Un risque en effet mais encore faut-il passer le cap de la saison 2 et réfléchir son projet avec le « jeu des saisons » ?

Peut-être que le jeu des saisons est une notion très américaine car quand j’ai discuté avec Clyde Phillips, pour lui, c’est une évidence que Feed The Beast, sa nouvelle série, doit comporter à minima 5 saisons du moins il est dans cette optique dès le début du projet. Le showrunner dit : « Ce n’est pas mon job de faire une saison d’une série, mon job c’est de faire cinq saisons qui seront diffusées à l’antenne »Eric Rochant, showrunner du Bureau des Légendes, très imprégné de la culture américaine dont il parvient à adapter le mode de travail en France, lui aussi pense dès le départ en saisons jusqu’à 3 pour le moment pour sa série mais ne serait pas contre d’aller plus loin. Il dit très justement : « Vouloir faire une série, c’est vouloir faire plusieurs saisons ». Personnellement, je trouve cela très juste et il me semble que c’est l’essence d’une série. La série donne part très importante aux personnages, c’est sa force et c’est ce qui plaît aussi aux sériephiles alors pourquoi ne pas vivre avec ces personnages plusieurs années, les voir évoluer au fil des saisons ?

Ce papier n’est pas contre la mini-série ou la série anthologie car il y en a des merveilleuses et avec le jeu de saisons, certaines auraient perdu en qualité de scénario. Cependant, je regrette cette frilosité à passer le cap de la saison 2 et du jeu des saisons. Cette réticence semble de plus en plus présente. Hormis, le couperet des audiences qui peuvent mettre fin à toutes ambitions de saison 2 et autres  suivantes (quoique parfois la série peut trouver une autre maison pour s’agrandir), c’est bien dommage que certains créateurs n’imaginent pas leur projet plus loin en acceptant ce jeu des saisons dès le départ…

Lubiie

Plus de 10 ans d'expertise dans le domaine des séries, blogueuse passionnée, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival, intervieweuse aux multiples questions en séries ou chroniqueuse radio. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

Cet article a 3 commentaires

  1. Subberty

    Je ressens, parfois, une réticence du côté des chaînes à accorder une seconde saison, oui. Parfois, elle n’est même pas réfléchit : l’exemple de Flesh and bone en est flagrant : une mini-série qui s’achève comme une fin de saison et non la fin de l’oeuvre en elle-même, pourtant avant la présentation du pilote Starz a été claire : pas de saison deux, c’est une « mini-série ».
    Comme pour ton exemple, le showrunner l’a travaillé façon série, la production en a décidé autrement.

    Pourquoi ? Une volonté de fidéliser un public au format, fournir constamment de nouvelles choses ? Assurer aux téléspectateurs une aventure courte et rapide, afin de ne pas être dissuader par l’argument du « Ouais mais si je commence je finirais jamais, dans cinq ans j’y suis encore… » ?
    Je n’ai rien contre les mini-séries, il en faut et c’est bien. C’est un genre à part que je me plais à regarder, mais trop, au détriment de longues séries ? Au détriment de showrunners ? Je préférerais en voir moins et regarder des séries qui se regardent avec du temps plutôt qu’avec hâte, même s’il y en a beaucoup ces temps-ci.

    Bon article, sinon !

    1. Lubiie

      Merci Subberty pour ce commentaire très pertinent. Pareille rien contre les mini-séries 🙂

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