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MEURTRES À WHITE FARM HOUSE : interview de l’équipe !

1985. Village de Tolleshunt D’Arcy dans le comté de l’Essex, en Angleterre. Trois générations d’une même famille ont été assassinées dans une ferme isolée. Cette affaire de meurtres allait défrayer la chronique à l’époque et sera connue à tout jamais sous le nom des meurtres de White Farm House. La société de production New Pictures (appartenant au groupe All3Media) décide de revenir sur cette affaire sordide sous la forme d’une mini-série de 6 épisodes de 60 minutes à découvrir sur Polar + chez nous. Pas besoin d’être british pour comprendre l’horreur et la mauvaise gestion de cette affaire par la police.

J’ai eu l’immense chance grâce à All3Media de découvrir le premier épisode en avant-première lors de l’événement Content London. Après la projection, je retrouvais les acteurs Freddie Fox (Jeremy Bamber), Mark Addy ( Stan Jones), Mark Stanley (Colin Caffell), Cressida Bonas (Sheila Caffell) et la productrice exécutrice Willow Grylls et un des scénaristes Kris Mrksa en loge pour une interview d’équipe passionnante sur la mini-série Meurtres à White Farm House.

 

MEURTRES À WHITE FARM HOUSE :
une mini-série au plus proche de la réalité !

Pour raconter l’histoire des meurtres de White Farm House avez-vous dû modifier quelque peu la réalité pour satisfaire les besoins de la télévision ?

Willow Grylls : « Nous avons tous approché cette histoire avec une véritable rigueur pour être fidèle pas uniquement aux faits de l’affaire mais surtout à l’esprit de la vérité. C’est une des raisons du pourquoi nous avons réalisé cette série, c’était pour rendre justice à la tragédie émotionnelle qui est au coeur de cette affaire. L’autre défi de cette série, c’est un crime si choquant que ça aurait été facile d’être dans le sensationnel. Il y a eu beaucoup de discussions sur le sujet lors chaque choix que nous devions faire. Des minuscules changement dans le montage peuvent faire une énorme différence. Nous ne voulions pas être dans le sensationnel. Par exemple, vous ne verrez jamais les corps des enfants ».

Kris Mrksa : « En Australie, j’ai fait de nombreuses séries dramatiques basés sur des faits réels et beaucoup d’histoires vraies de crime. C’est le projet, et de loin, le plus exact et fastidieux sur lequel j’ai travaillé. Cette volonté d’être le plus exact possible. Ce n’est pas mon mérite c’est Willow Grylls et Paul Whittington  (réalisateur) et l’équipe de recherches. C’est stupéfiant selon moi ! Je pense que parfois vous devez changer des faits spécifiques afin que le public comprenne la vérité profonde. C’est pour ça qu’occasionnellement, on a pris une liberté, si vous voulez l’appeler ainsi, avec les faits mais toujours dans le but de servir ou souligner une vérité plus profonde ou d’aider le public à accéder à cette vérité plus profonde. Mais jamais dans le but de faire du sensationnel. Mais avec cette histoire vous n’aviez pas besoin de créer des choses incroyables parce que c’est tellement étonnant ».

 

Les comédiens et leur travail sur leurs personnages

Mark Stanley, vous interprétez un des personnages qui est en vie de nos jours et qui a beaucoup souffert  dans cette tragédie puisqu’il a perdu ses jumeaux Daniel et Nicholas âgé de 6 ans au moment du drame ainsi que son ex-femme Sheila Caffell. Avez-vous ressenti une pression à prendre ce rôle et parlez-nous de votre rencontre avec le vrai Colin Caffell ?

Mark Stanley : « Ma seule pression à moi, c’est de m’assurer que tout était justifié et sur ce qu’on avait décidé de faire dans cette série. Vous oubliez la pression du temps lors d’un tournage. Cela ne facilite pas toujours les choses auxquelles vous devez penser sur cette personne et parfois, ça marche en opposition. Vous faites des choix rapidement mais, vous le faites avec la meilleure des intentions en essayant de faire honneur pour la vie de cette personne. Non seulement, c’est très utile d’avoir quelqu’un qui est toujours en vie mais, aussi quelqu’un qui aussi ouvert que Colin. Il peut en parler et avec beaucoup de détails. C’était un atout pour la série. Il est content que ça a été fait, il voulait que l’histoire soit racontée. De savoir ça, ça met la pression à un autre niveau. Vous avez toujours la pression de vouloir bien faire les choses mais ça également enlève un peu de pression quand même ».

Willow Grylls : « La série n’est pas uniquement basée sur le livre Carol Ann Lee, The Murders at White Farm House* mais aussi sur le livre de Colin, In Search For the Rainbow’s End*. C’est un consultant dans la série, il a été sur le tournage et il a également discuté avec Freddie ».

Freddie Fox : « J’ai passé pas mal de temps avec lui. Je suis allé au British Museum avec lui. C’est un sculpteur et il m’a emmené voir une exposition sur Rodin. C’était fantastique, j’ai vraiment apprécié. Mais, c’est aussi une personne adorable ».

Willow Grylls : « Il refuse d’être défini par cette tragédie et c’est aussi ce qui est incroyable chez lui. Il n’est pas juste la victime de cette affreuse tragédie. Comme Freddie l’a dit, c’est un incroyable sculpteur, c’est un merveilleux père et il a fait ce parcours fabuleux. Son livre est un exemple de ce qu’il a fait pour surpasser ce deuil. C’est assez unique d’une certaine manière ».

 

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Mark Stanley (Colin Caffell), Mark Addy (Stan Jones), Freddie Fox (Jeremy Bamber) & Cressida Bonas (Sheila Caffell).

Cressida Bonas, comment avez-vous abordé le personnage de Sheila Caffell, décédée dans la tragédie ?

Cressida Bonas : « J’ai réalisé beaucoup de recherches car pour moi, elle n’est plus en vie. J’ai fait beaucoup de devoirs. C’est une énorme responsabilité de la rendre aussi fidèle à la réalité. Le livre de Colin In search for the rainbow’s end* est devenu une bible pour moi. Je l’emmenais partout et j’avais des post-its sur toutes les pages. C’est un très beau livre ».

 

Mark Addy, comment avez-vous abordé le personnage du détective Stan Jones décédé en 2014 et jamais décoré pour avoir résolue cette affaire pourtant classée trop rapidement par son supérieur comme un homicide-suicide ?

Mark Addy : « Il y a quelques extraits vidéo de Stan. Le vrai Colin m’a dit que physiquement tu n’as rien à voir avec lui, il était grand et fin mais ce que tu as c’est cette ténacité de ne pas vouloir laisser tomber et accepter ce qui est dit comme comptant. Il ne voulait juste pas abandonner. Je ne pouvais rien faire sur le côté physique mais essayer d’avoir l’essence de ce qu’il était et pourquoi il était ainsi. Le fait qu’il est prêt à passer au-dessus des règles et ignorer un directeur qui est son supérieur en allant au-dessus de lui parce qu’il ne l’écoute pas. Je comprenais pourquoi il n’avait pas envie de laisser tomber. J’espère que le vrai Stan ne se retourne pas dans sa tombe ».

 

Freddie Fox, vous interprétez un meurtrier qui est encore en prison. C’est étrange mais dès le premier épisode, on est séduit par le personnage Jeremy Bamber alors que c’est un atroce personnage. Expliquez-nous comment vous avez travaillé ce personnage ?

Freddie Fox : « J’essaie de ne pas trop juger un personnage quand je le joue. Vous devez mettre de côté vos pensées personnelles de côté, votre job est de rentrer dans la peau du personnage et d’en faire un personnage en 3 dimensions. Heureusement, vous avez une écriture excellente qui crée un arche incroyable pour le personnage. C’est un affreux chemin à suivre pour lui. Paul Whittington  (réalisateur) et moi avons discuté de ça, c’est essentiel que lors du premier épisode vous ressentiez quelque chose pour lui, que vous soyez séduit par lui, que vous soyez intrigué par lui et qu’il devienne une énigme. De nombreux récits que j’ai lu sur Jeremy Bamber à l’époque parlent d’une atmosphère qu’il dégageait peu importe où il était soit vous étiez à l’aise avec lui ou mal à l’aise. On connaît tous des gens comme ça, il crée une atmosphère. Vous ressentez cette atmosphère autour de lui mais vous ne savez pas ce que c’est. Il y a quelque chose autour de lui, ce n’est pas forcément un fait compromettant, c’est juste un sentiment et j’ai essayé de retranscrire ce sentiment ».

 

Avis sur MEURTRES À WHITE FARM HOUSE 

Dans le genre histoire de meurtres bien sordide, Meurtres à White Farm House a un bon niveau. À titre personnel, je ne connaissais pas cette affaire qui doit sûrement évoquer davantage de choses à nos amis britanniques. C’est un peu notre affaire Dupont de Ligonnès version british mais avec un meurtrier sous les barreaux et qui est condamné à vie pour le meurtre de ses parents, sa soeur et ses enfants. D’ailleurs, j’ai apprécié la pudeur, comme l’a expliqué Willow Grylls, productrice exécutrice, vis-à-vis du corps des enfants qui ne sont jamais montrés. En effet, la mini-série ne cherche pas à faire dans le sensationnel mais, elle nous raconte une tragédie avec un point de vue humain. Même si Jeremy Bamber donne cette impression d’être sympathique un peu à la Dexter, le meurtrier attachant. Contrairement à  notre ami Dexter qui est purement un être de fiction, Jeremy Bamber existe et c’est un atroce meurtrier. C’était un excellent menteur et un homme qui aspirait plus que la vie à laquelle il était cantonné celle de fermier à tel point qu’il a commis l’irréparable et l’indicible.

Mais, Meurtres à White Farm House, c’est aussi l’histoire d’un cafouillage de la police. Le détective Stan Jones est un peu le héros de cette histoire celui qui a découvert la vérité. Il a surtout mis à mal un système qui a dû se remettre en cause : la hiérarchie au sein de la police. Malheureusement, il n’aura jamais les honneurs qu’il méritait de son vivant mais sa ténacité a permis de rendre justice du moins à ce cher Colin Caffell qui a perdu beaucoup dans cette tragédie. À noter que la réalisation de la mini-série est assez incroyable !

 

Meurtres à White Farm House est à voir sur Polar +

*Ces livres ne sont pas traduits et édités en France.

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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