Dans les séries de super-héros, le costume à toute son importance ! Il est même crucial voire il définit le personnage. La firme Marvel est évidemment très attentive à cet élément clef qui fait également partie du succès de ses franchises héroïques connues de tous à travers le monde. Lors du Comic Con Paris, j’ai eu la chance d’interviewer deux costumières pour des séries de comics estampillées Marvel : Giovanna Ottobre-Melton pour Agent Carter avec Hayley Atwell dans le rôle titre et Stephanie Maslansky pour l’ensemble des séries Marvel signées Netflix The Defenders (Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist).

Comment vous êtes-vous retrouvé à ce poste de costumière de séries et de séries Marvel ?

Giovanna Ottobre-Melton : « J’étais assistante et j’ai aidé. Puis, j’ai été assez chanceuse pour gravir les échelons et un producteur m’a enfin donné une opportunité. C’est comme ça, j’y suis arrivée. Tout le monde y arrive à sa manière et moi, c’est comme cela que j’y suis parvenue pour ma part ».

Stephanie Maslansky : « Moi, j’ai commencé mon parcours dans le théâtre et j’ai commencé à être fatigué de ne jamais gagner de l’argent. Puis, j’ai atterri dans la publicité. J’ai fait de la publicité pendant pas mal de temps mais je me sentais très attirée par le drama format long. Bien sûr, j’avais l’impression que mon âme était bafouée tous les jours. Ce n’est pas pour dénigrer la publicité, j’ai passé un bon moment avec des projets très funs. Mais, à un moment, j’ai réellement commencé à me diriger sérieusement vers les films et la télévision. A l’époque, je reviens pas des centaines d’années en arrière, mais il n’y avait pas autant de films et séries que maintenant, cela prenait du temps de se faire un trou. J’ai eu un coup de pot, une personne au costume est parti pour un pilote et mon CV s’est retrouvé en face des bonnes personnes. J’ai été appelé un vendredi pour un entretien et j’ai été appelé pour le job le dimanche et je commençais le lundi. C’était un pilote réalisé par l’homme qui a créé OZ (Tom Fontana). Ce pilote est allé nulle part. Je suis restée en contact avec Tom (Fontana) et il m’a offert la saison 2 d’OZ, j’étais ravie de le faire. A partir de là, on m’a offert de travailler sur une série appelée Third Watch. Puis, les choses commençaient à bien rouler. Même s’il y a eu des périodes plus calmes. Beaucoup de séries sont annulées après quelques épisodes donc vous retrouvez sans travail et vous recherchez de nouveau du travail. Cela prend du temps de lancer la machine, maintenant, il y a beaucoup de contenus. C’est un autre monde à présent et la télévision est respectée ce qui n’était pas le cas quand j’ai débuté. J’ai été chanceuse d’avoir eu un entretien pour Daredevil il y a quelques années et depuis je suis pas mal occupée ».

Comment cela fonctionne ? Quand est-ce que vous intervenez ? Avez-vous des croquis transmis par la production ?

Giovanna Ottobre-Melton : « Quand vous avez les scripts, vous le lisez et vous devez décider ce dont chaque acteur aura besoin pour chacune de ses scènes. Plus particulièrement dans Agent Carter, je commence par faire des croquis tout de suite, elle avait beaucoup de scènes d’action et de nombreux autres acteurs étaient aussi dans ce cas. J’ai juste le temps de faire valider les croquis pour des questions de planning très serré. Donc, la network n’a jamais vu à quoi les costumes allaient ressembler ».

Stephanie Maslansky : « Quelle chance » !

Giovanna Ottobre-Melton : « Oui, c’est génial ! Vous avez un contrôle total. Une fois les croquis validés, on commence à confectionner. Puis, une fois les costumes réalisés, ils sont mis sur les acteurs, puis devant la caméra. C’est très rapide ».

Stephanie Maslansky: « C’est à peu près pareil. Il y a très peu de temps en télé, quand vous commencez à tourner, vous ne vous arrêtez pas du moins pour les dramas. J’ai entendu que quand les gens font des comédies, il y a des pauses dans le tournage. Mais, je n’ai pas encore fait beaucoup de comédies jusqu’à présent, je fais plus de dramas. Mais, c’est la même situation quand vous collaborez avec le showrunner, celui qui est en charge du ton et qui écrit la plupart des scripts, vous collaborez avec lui avec les autres scénaristes et beaucoup de producteurs, le directeur artistique et les accessoiristes. Vous travaillez étroitement avec beaucoup de gens sur les couleurs et ce qui va se passer sur les cascades qui demandent des vêtements spécifiques et en nombre. Je fais la plupart du temps des costumes modernes. Il y a beaucoup de flashbacks dans mes séries et on créé des pièces pour ces flashbacks. Les flashbacks ne vont pas trop loin dans le temps donc on peut parfois tricher par exemple si on se retrouve dans les années 90. Pour les vêtements modernes, on doit acheter de nombreux exemplaires afin d’être sûr d’assurer l’ensemble des cascades ».

Giovanna Ottobre-Melton : « C’est un véritable challenge car tous les lieux d’approvisionnement n’ont pas assez d’exemplaires. Le contemporain est très difficile parce que vous pouvez en avoir un et après ils n’ont pas d’autres exemplaires ».

Stephanie Maslansky: « Parfois, il faut tricher ».

Giovanna Ottobre-Melton : « On triche tous ». 😀

Stephanie Maslansky : « La bonne nouvelle, c’est que vous ne voyez jamais le visage du cascadeur et il bouge tout le temps. Il y a beaucoup d’astuces que l’on utilise pour les cascadeurs comme ce tissu élastique placé sous les aisselles et l’entrejambe afin que vous soyez certain que ces cascadeurs peuvent faire leurs cascades ».

Giovanna Ottobre-Melton : « Hayley (Atwell) a réalisé beaucoup de ses cascades donc nous devions incorporer ces matériaux avec son costume ».

Stephanie Maslansky : « Vous devez penser pratique et esthétique. Quand quelqu’un doit voler, vous devez prévoir des trous dans le dos. C’est toujours une situation traumatiques ».

Giovanna Ottobre-Melton : « Quelqu’un veut couper les vêtements » 😀

Est-ce que vous devez penser à ces éléments pour les cascadeurs ?

Stephanie Maslansky : « Il y a toujours un coordinateur des cascades qui doit s’assurer que ces gens sont en sécurité et il doit se débrouiller en fonction de l’angle dans lequel ils volent ou ce qu’ils font, il y a divers endroits où un harnais peut être attaché aux fils qu’ils suspendent. Cela est analysé et les trous sont réalisés. C’est une science. Étant plus dans les vêtements modernes, vous pouvez envoyer des photos à Los Angeles et obtenir des opinions et si possible rapidement pas toujours. Il y a beaucoup plus de gens impliqués dans ces challenges et ces décisions. J’essaie de me débrouiller pour ce qu’ils voient, ils l’apprécient beaucoup. Il y a un peu de choix mais je n’aime pas surcharger les producteurs avec trop de choix. Cela n’est utile à personne. Puis, de mon point de vue, il n’y a pas autant de choix que ce que l’on imagine. On ne doit pas leur donner deux ou trois bons choix, vous n’avez pas besoin de quinze mauvais choix. Les doublures doivent souvent portés des vêtements plus grands parce qu’il y a du rembourrages en dessous. Je travaille beaucoup sur des costumes pour homme et je collabore avec cet incroyable tailleur à New-York. Je suis la première costumière avec laquelle il travaille sur ce type de requête. Il doit s’habituer à confectionner des costumes et les voir sur la doublure avec deux tailles de plus. Il doit alors se dire c’est bon, c’est parfait ».

Selon vous, c’est important d’avoir un vêtement particulier propre au personnage comme un symbole. Pour Luke Cage, son sweat capuche, Jessica Jones, sa veste en cuir ou l’agent Carter avec son chapeau rouge ?

Stephanie Maslansky : « Oui, quelque chose d’emblématique surtout pour ce genre de personnage. Ils ont tous un look dans les Comics. Il faut le garder et j’aime garder une sorte de style uniforme pour chaque personnage ».

Pour rappel, le Comic Con Paris c’est toujours en octobre à la Vilette ! Plus d’infos ici. Chaque héros de The Defenders est à découvrir sur Netflix seul ou en groupe. Quant à Marvel’s Agent Carter, c’est fini après deux saisons mais si vous souhaitez découvrir ou redécouvrir la série, je vous invite à lire mon interview de son héroïne : Hayley Atwell !