Même si l’affaire Agnès Leroux a obtenu un dénouement judiciaire, le corps de la victime n’a jamais été retrouvé… Disparue en 1977, Agnès Leroux reste un mystère qui après plusieurs documentaires devait se raconter en fiction ! TOUT POUR AGNÈS est une mini-série réalisée par Vincent Garenq et aussi écrite par lui avec Nicolas Jean, Isabelle Dubernet et Olivier Eloy. Michèle Laroque est Renée Le Roux, qui dirige d’une main de fer le casino historique de Nice, objet de toutes les convoitises. En pleine guerre des tapis verts, elle se dresse seule face à la mafia et refuse de céder aux intimidations de son principal concurrent, Jean- Dominique Fratoni. Mais, au cœur de ce combat, sa fille, Agnès, poussée par son amant, le sulfureux avocat Maurice Agnelet (Yannick Choirat), vend ses parts du casino familial à Jean-Dominique Fratoni. Quelques mois plus tard, elle disparaît mystérieusement. Un combat de quarante ans s’engage jusqu’à ce qu’éclate la vérité sur sa disparition !
Lors du festival Marseille Series Stories où Tout Pour Agnès était projetée en avant-première à la clôture du festival, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Vincent Garenq pour parler de son travail de réalisation et d’écriture sur cette histoire vraie.
Réaliser du cinéma à la TV
On vous connaît cinéaste de prestigieux films et vous semblez faire tourner davantage vers la télévision avec deux mini-séries toutes aussi prestigieuses que vos films : Le Mensonge et Tout Pour Agnès ?
Vincent Garenq : « J’ai fait quatre films et mes deux premiers films sont passés le dimanche soir à 20 h 30.Et puis mon trois troisième film, ils l’ont passé minuit et demi le dimanche soir. Et puis mon quatrième film, ils ne l’ont même pas diffusé, ils l’ont diffusé un 30 décembre à je ne sais pas quelle heure du matin. J’avais l’impression que mes films n’étaient pas commercialisés comme il fallait. Je sentais qu’il y avait une espèce de déclin de la commercialisation des films, un peu dramatique, parce qu’on passe que des comédies, en réalité, à 20 h 30, pas exclusivement, mais beaucoup. Et j’ai senti ça, ça ne m’a pas énervé, ça m’a déprimé. Alors, je me suis dit : pourquoi ne pas faire la même chose en télévision parce qu’apparemment ils n’ont pas peur du drame. Je fais beaucoup de films dramatiques, pas que, mais quand même beaucoup. Je me suis fait la réflexion : est-ce que je peux pas avoir du public en faisant la même chose, en restant moi-même, en faisant de la télé, puisque aussi, c’est à la mode ? Et après il fallait trouver un sujet. Mon agent m’a dit de ne pas y aller, parce que c’est un agent un peu âgé et un peu plus porté sur le cinéma et qui m’a dit, mais c’est des donneurs d’ordre, tu ne vas pas supporter. Il ne s’agit pas de faire ce qu’on ferait au cinéma, en série, il faut qu’il y ait aussi une matière supplémentaire pour qu’on puisse tenir plus longtemps. La première proposition qu’on m’avait faite, c’est ce livre : Le Mensonge. Là, je me suis dit qu’il y a vraiment de la matière pour faire une série. C’est un drame familial avec une histoire qui se développait sur un temps long, et c’est comme ça que je suis rentré dans la série, et j’adore ça ! J’aime faire les deux, continuer à faire deux et et continuer à faire du cinéma. Mais je suis très content d’avoir fait ce petit break de télévision parce que Le Mensonge a été un énorme succès d’audience. »
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans les histoires vraies en fiction ?
Vincent Garenq : « J’adore les histoires vraies ! Quand je vois un film, je crois qu’on croit plus à l’histoire quand c’est une histoire vraie. Il y a quand même cette première question qu’on se pose quand on regarde des films, c’est la crédibilité de l’histoire. Les gens doivent croient à notre histoire, même si c’est de la fiction. C‘est vrai aussi que toute histoire vraie n’est pas cinématographique. Quand je trouve une belle histoire vraie qui me plaît, qui me touche, c’est difficile de se planter et écrire un mauvais scénario. C‘est extrêmement facile pour moi, entre guillemets, c’est du bonheur d’écrire d’après des histoires vraies, quand elle nous plait, quand on est ému, quand il y a quelque chose de la vraie vie. Le cinéma, c’est la vie, c’est l’histoire vraie. Il y a dans la vie, une dramaturgie, et de retrouver cette dramaturgie, c’est très intéressant comme scénariste. »
TOUT POUR AGNÈS : une véritable tragédie !
Tout Pour Agnès est librement inspiré du livre de Roger-Louis Bianchini intitulé est-ce que pour vous, c’est une source constante dans votre travail de réalisation ?
Vincent Garenq : « Le livre est très inspiré du dossier d’instruction et ce dossier Judith Naudet-Baulieu (productrice) me l’a donné. Le Mensonge, c’est aussi basé sur le dossier d’instruction, il y avait aussi le livre du maire de Vance, Christian Iacono. Dans ce dossier d’instruction, j’avais trouvé des éléments dont personne n’avait parlé et qui sont toute la deuxième partie de l’histoire quand l’enfant qui a menti, devient adulte. J’ai trouvé dans le dossier d’instruction, ce qui était écrit nulle part et c’était pareil pour Tout Pour Agnès. Il y a un dossier d’instruction très touffu. Les écrits sont dans les dossiers d’instruction: les lettres échangées par Maurice Agnelet et Agnès Leroux. Il suffit de lire, et l’histoire elle est là, et puis il faut la reconstituer. C‘est ça qui est marrant et intéressant à faire. Puis, on replonge dans un drame humain, et dans un dossier d’instruction il y a de humanité, il y a des gens qui souffrent, il y a des gens qui parlent, il y a une enquête. C’est ça qui est passionnant. C’est plus le dossier avec le livre, mais le livre en l’occurrence que vous citez, tout est tiré du dossier d’instruction ».
Quel a été votre principal défi de réalisateur sur cette mini-série ?
Vincent Garenq : « La difficulté de la télé, c’est un petit challenge, parce qu’il faut tourner très vite. Et et moi, j’aime bien cette énergie, là, il y a aussi une autre énergie que j’aime bien. La télé, c’est par exemple, pour Le Mensonge, on savait, quand on tournait en octobre, avec Daniel Auteuil, et quand on écrit, on sait qu’on va tourner. Quand on fait Tout pour Agnès, on sait qu’on tourne, en l’occurrence, quand j’étais en train de réécrire les scénarios et en même temps déjà, presque en train de composer l’équipe. Il faut aller vite, il faut être efficace, il faut aller à l’essentiel c’est ça la difficulté de la télé, c’est-à-dire arriver à un résultat où les spectateurs, ne sentent pas que c’est fait rapidement. J’ai calculé le minutage utile de la dernière scène en une journée, c’est onze minutes utiles. C’est énorme ! Il y a trois caméras, onze minutes utiles, et par axes, c’est-à-dire on tourne, on fait trois scènes. C‘est vraiment le fruit de toute mon expérience de réalisateur, où j’ai été confronté à des situations comme ça, mais là, j’ai battu le record, parce que onze minutes utiles, c’est énorme pour la scène. Une scène importante, puisque c’est la dernière scène du film. C’est les difficultés de la télé que si il y a dix minutes utiles par jour, il ne faut pas que ça se voit. Mais ça, c’est exceptionnel, parce qu’on a des scènes comme celle du procès où on peut faire faire beaucoup de minutage. On va alléger les autres journées pour pouvoir faire plus de choses plus cinématographiques. C’est un équilibre à trouver. Quand on a beaucoup de scènes d’interrogatoires dans les bureaux des juges ou dans les commissariats, on va faire beaucoup de minutage. Mais c’est des journées avec gros minutage, mais qui vont nous permettre de faire des petites journées au lac, où on va faire des scènes beaucoup plus visuelles, beaucoup plus cinématographiques. C’est un équilibre à trouver, à la fin, on mélange tout ça et on essaie que ce soit bien. On espère que c’est bien. »
Pourquoi c’était le bon moment de parler de cette affaire en fiction ?
Vincent Garenq : « C‘est Judith Naudet-Baulieu qui l’a initiée. Franchement, j’ai l’impression déjà que le dénouement judiciaire, il est récent, 2014. Le film d’André Téchiné, sa faiblesse, entre guillemets, c’est qu’il n’y avait pas le fin de l’histoire et l’intérêt de raconter cette histoire aujourd’hui, c’est qu’on a du recul. Le dénouement judiciaire et complet, et ce qui était intéressant dans cette histoire, c’est le dernier épisode. C’est pas ça qui est intéressant, mais ce qui est beau dans cette histoire, c’est la tragédie de la famille Leroux, mais c’est aussi la tragédie de la famille d’Agnelet, c’est le croisement des deux. C’est ce que j’aimais dans Le Mensonge, je sais qu’il y avait une tragédie chez le grand-père, mais il y avait aussi une tragédie chez le petit-fils qui avait menti, une double tragédie. Là, c’est un peu la même chose. Et c’est ça l’intérêt de cette histoire, c’est de raconter cette histoire jusqu’au bout et qui est, en l’occurrence la condamnation d’Agnelet, alors que c’est intervenu plus de 30 ans après. Maintenant, on a le recul et la distance pour la raconter. Je ne pense pas qu’il n’y aura pas de nouveau dans cette histoire. »
Qu’est-ce que vous souhaiteriez que le public retienne de Tout Pour Agnès ?
Vincent Garenq : « J‘aime beaucoup les histoires, comme des personnages comme Renée Leroux, qui lâche pas l’affaire pendant 30 ans. C‘est quand même quelque chose qui me fascine et pour laquelle j’ai beaucoup d’empathie d’admiration tout simplement, ces gens qui ne lâchent pas. J’avais fait ça avec André Bamberski pour Au Nom de Ma Fille. C’était le même genre de personnage, ces gens qui, pendant 30 ans, ne lâchent pas. Tout le monde lâche, mais eux, ils ne lâchent pas. Ça. J’ai une admiration profonde pour ça. J’ai essayé de raconter la belle histoire. Il y a toujours une belle histoire à raconter. Moi, c’est ce que j’essaie de faire. »
Tout Pour Agnès (4×52′) est d’abord diffusée sur Paramount + et ensuite sur France 2
Ping : [VIDEO] Michèle Laroque et Yannick Choirat font TOUT POUR AGNÈS ! - Lubie en Série