Vernon Subutex est une création originale de Canal +, adaptation du célèbre roman du même nom de Virginie Despentes paru en 2015. Pour jouer le sulfureux Vernon Subutex, l’acteur Romain Duris dont c’est la première série. 9 épisodes de 30 minutes où Romain Duris joue le héros de la série écrite par Cathy Vernet (aussi réalisatrice de la série) et Alexandre Dupas. Présentée en avant-première à Canneseries lors de la cérémonie d’ouverture, Canal + m’a permis d’en voir un peu plus que les trois épisodes projetés sur grand écran. Voici mon retour d’expérience une fois le vinyl Vernon Subutex enclenché… Pour information, l’avis qui suit est celui d’une blogueuse qui n’a pas lu le livre Vernon Subutex de Virginie Despentes.
Vernon Subutex, la série : vue sans avoir lu
Je me suis lancée dans cette histoire sans véritable savoir ce que j’allais regarder à part que le livre de Virginie Despentes a eu du succès en librairie et voir Romain Duris dans une série, ça m’intriguait. Non pas que je sois fascinée par l’acteur mais il a un don pour choisir au cinéma des rôles particuliers (poétiques peut-être ?), le genre de rôles loin de la comédie franchouillarde grotesque. Ses films et ses choix de rôles ne sont pas toujours réussis mais lui joue le jeu demandé. Romain Duris est un bon acteur. En plus, il suffit de quelques minutes pour s’apercevoir que Romain Duris est parfait dans le rôle de Vernon Subutex ! Il est entouré de bons camarades pour lui donner la réplique. Personnellement, Philippe Rebbot dans le rôle de Xavier m’a fait mourir de rires avec sa chienne Colette, Athaya Mokonzi est hypnotique dans le rôle d’Alex Bleach et Florence Thomassin dans le rôle de Sylvie, on adore être agacé par son personnage de folle excessive. En revanche, Céline Sallette est irritante et pas dans le bon sens du terme dans le rôle de La Hyène ! L’actrice en fait clairement des caisses, c’est insupportable. Ces humeurs changeantes et son faux bagou sont très vite exaspérants. Dès que l’on passait de son côté de l’histoire, l’intrigue devenait moins captivante. Parce que Vernon Subutex est une série qui tient la route dans son ensemble mais il y a une baisse de régime à partir de l’épisode 6. Alors, bien sûr, le petit jeu de Vernon de squatter de maison en maison chez les vieux potes et de se faire virer à chaque fois, ça ne pouvait pas durer trop longtemps et jusqu’à la fin de l’épisode 5, c’était bien. Mais, à partir de l’épisode 6, on perd quelque chose, une ambiance. La façon dont ils se retrouvent tous (car oui c’était obligé que les anciens potos se retrouvent tous autour de Vernon qui détient le Graal avec les dernières cassettes, testament d’Alex Bleach) n’est pas réalisée de façon heureuse. il y a un décrochage en milieu de saison pour une résolution pas si électrique non plus.
Vernon Subutex et la rue
Dans cette série, il y a une thématique très intéressante et bien menée, c’est celle de la descente aux enfers de Vernon Subutex qui finit à la rue. Au départ, expulsé de chez lui, Vernon, insouciant, ne s’inquiète pas tout de suite. Il tente de solliciter l’aide des amis du passé ou plutôt essaie de s’imposer chez eux mais son caractère particulier et légèrement égoïste le conduira doucement mais sûrement vers la rue. Alors, le téléspectateur assiste petit à petit à la déchéance d’un homme qui a tout perdu et se retrouve à la rue. Il y a de beaux moments où Romain Duris laisse transparaître toutes les peurs et la tristesse de son personnage cool dans les années 90 avec son magasin de disque qui à 47 ans finit comme un clochard sur la butte Montmartre. Echo aux temps difficiles économiques de la vie en France ou écho à un état d’âme de nos vies ? A vous de choisir… Quoiqu’il en soit, le sujet est traité par les auteurs avec délicatesse et poésie. Vernon aura à plusieurs reprises de belles répliques sur son état comme quand il dit que ses affaires lui manquent comme si il y avait des fils invisibles qui les reliaient à lui ou ce monologue splendide en fin d’épisode 8.
Vernon Subutex reste dans la veine Canal + et c’est une série valable de 30 minutes. Le format est parfait pour cette histoire et Romain Duris assurément le bon choix pour le rôle de Vernon Subutex. A part cette cassure dans la narration qui fait un peu dérapé la série, Vernon Subutex est à voir.