You are currently viewing [VIDEO] Plus de 37 SECONDES d’interview avec Nina Meurisse et Jonas Bloquet !

[VIDEO] Plus de 37 SECONDES d’interview avec Nina Meurisse et Jonas Bloquet !

Trente-sept secondes : c’est la durée incroyablement brève qu’a mis le chalutier Bugaled Breizh pour sombrer au fond de la Manche, un jour d’hiver, il y a plus de vingt ans. L’océan comme la justice se sont refermés sur leurs secrets. Aujourd’hui, en dépit des verdicts rendus par la justice, les faits restent toujours inexpliqués, et hautement suspicieux… 37 SECONDES est le titre de cette série librement adaptée de cette affaire judiciaire retrace le long combat pour la vérité mené par les familles des victimes. Une fiction créée et écrite par Anne Landois et Sophie Kovess-Brun (Engrenages), avec Nina Meurisse (La Fièvre, Mixte), Mathieu Demy (Mytho) et Jonas Bloquet (Germinal, Rivages).

Pour parler plus en profondeur de 37 SECONDES, j’ai eu la chance de discuter en tête à tête avec Nina Meurisse qui interprète avec brio le personnage de Marie Madec pour lequel elle mériterait le César de la télévision.

interview Nina Meurisse

interview Jonas Bloquet

 

De l’affaire judiciaire à la fiction

Puis, lors de la conférence de presse, j’ai aussi l’opportunité de poser quelques questions avec les créatrices de la série Anne Landois qu’on ne présente plus depuis Engrenages et sa co-équipière, Sophie Kovess-Brun, qu’elle a rencontré sur la saison 6 d’Engrenages. C’est d’ailleurs, Sophie Kovess-Brun qui est allée chercher Anne Landois pour élucider le mystère du Bugaled Breizh en série comme l’explique Anne : « C‘est Sophie qui m’a parlé de cette affaire qui date de 2004. Moi je la connaissais pas très bien, j’en avais entendu parler mais je connaissais vraiment pas les détails et je connaissais plus les drames bretons à travers les marées noires.« 

Pourquoi débuter le récit par l’enquête anglaise ?

Anne Landois : « La partie anglaise, on y a assisté, on s’est dit c’est passionnant, mais on ne savait fondamentalement pas du tout comment la traiter et quoi en faire. Parce qu’il faut savoir une chose ce qui a été formidable pour nous, c’est que toutes les audiences, ça a duré quinze jours, étaient retranscrites et tous les soirs, on avait la retranscription de l’audience de toute la journée. Donc ça veut dire que tous les soirs, on avait 150 pages en anglais. Et c’est des dialogues, des dialogues, des dialogues, des dialogues. C’était génial. On n’est pas restés pendant quinze jours parce qu’il y a un moment il faut travailler. Mais c’était passionnant d’avoir toute cette matière. Ensuite, on s’est dit avec Sophie, utilisons la vraiment pour faire d’abord un contrepoids avec les interrogations du passé, pour montrer que dans le présent, il y a des pistes qui n’avaient pas été très bien comprises à l’époque et qui aujourd’hui, avec le recul, sont beaucoup plus claires, notamment l’histoire des bombards. Et puis, peu à peu, c’est comme ça que nous est venue l’idée aussi, pour marquer le temps long de l’affaire, de commencer par l’Angleterre parce qu’on est en 2021 et puis on passe en 2004. Donc on a voulu montrer justement que cette affaire était très longue et on essaie d’expliquer le mieux du mieux possible pourquoi. »

Comment on rend intelligible une affaire qui est au final très technique ?

Anne Landois : « Compliqué parce qu’on a eu beaucoup de rapports. On a lu les sept rapports de Dominique Salles* qui sont d’une technicité, mais vous ne pouvez même pas imaginer. Cest un amiral, donc tout est carré. C’est bien présenté tout ça, mais celui qui fait le. C’est l’expert très drôle, qui est un homme extrêmement drôle, qui a beaucoup d’humour et c’est passionnant en fait ce qu’il raconte. Cet homme a passé, mais des années dans des sous-marins nucléaires, dans des sous-marins d’attaque. Il est absolument passionnant et ce qu’il raconte de sa vie en mer et de sa vie sur terre, cette espèce d’allers-retours entre sous l’eau, la terre, la famille, son autre famille. En fait, on est tout le temps sur des histoires de famille. La famille des marins. La famille du mariage. Il y a une vraie solidarité dans ce groupe et c’est ça aussi qu’on a voulu mettre en avant à travers cette histoire et la complexité du dossier il a fallu la digérer. Il n’y a pas d’autres mots parce que on a eu accès, quand même à des pièces aussi du dossier d’instruction. C‘est une instruction qui a duré tellement longtemps et le juge d’instruction lui-même ne comprenait rien. Qui peut comprendre une histoire pareille  ? À partir du moment le sous-marinier est arrivé dans l’affaire, les choses ont commencé à s’éclaircir et en même temps à s’obscurcir parce que plus on était sur la piste du sous-marin et plus ça a commencé à créer des frictions et il y a eu des tentatives pour laisser cette histoire-elle était. Mais en tout état de cause, Les rapports que nous on a eu entre les mains, qu’est ce qu’on en fait?  Est ce qu’on raconte cette histoire-là ? Comment on traite ça ? Comment on rend intelligible ce point- là? Et ça a été un vrai défi parce que, après, il y a des comédiens qui doivent l’interpréter, donc il faut qu’ils puissent l’interpréter en comprenant ce qu’ils disent.Il faut que nous-mêmes, on écrit quelque chose de clair et d’acceptable aussi pour le grand public, sans le noyer dans des informations trop techniques.« 

SophieKovess-Brun : « Parce que les expertises, c’est des gens entre spécialistes qui se parlent. Donc pour nous, on est vraiment sur la sur la touche. Je pensais juste faire une mini formation. On a pris des cours de biochimie. Donc pour les acteurs, on était très inquiet que ça leur tombe des mains et notamment les scènes que je trouve très réussies avec les juges d’instruction, les acteurs sont incroyables dont Pierre-François Garel qui incarne le juge Ferrand. Il a un regard qui est créatif aussi en tant que juge qui dit,je comprends rien. Il faut déjà accepter qu’un personnage de justice se dise : je suis dépassé. Je vais essayer de me faire aider par quelqu’un. C‘est aussi prendre le contre-pied d’une justice et chacun à leur endroit défend ses valeurs. Et nos trois consultants étaient passionnés et passionnants. […]Et en fait, ils se sont retrouvés sur les mêmes valeurs, nos trois consultants. On a senti pourtant, on aurait pu dire des équipes opposées, mais ils ont eu cette intelligence de se faire aider quand ils comprenaient pas. »

Anne Landois : « Ils avaient peu de chance de se rencontrer. En fait, c’est ça qui nous a intéressé aussi. S’il n’y avait pas eu ce drame, ces gens ne se seraient jamais rencontré. Et ça, je trouve que c’est toujours assez intéressant. Parce quun amiral à la retraite qui arrive dans un dossier qui accepte de faire une mission en se disant allezça va prendre deux mois. Ça lui a pris douze années. Sa femme, quand on lui a dit : ‘Alors Alexandrine, ce petit rapport’. Et c’était assez touchant parce qu’elle disait c’est vrai, ça a duré douze années, mais est ce que j’aurais accepté finalement d’avoir un homme qui n’était pas souvent à la maison et qui, du jour au lendemain, en fait, se retrouve ici ? C‘était pas si mal qu’il aille s’occuper avec cette mission. Mais après Robert Bouguéon**, c’est pareil, c’est aussi c’est des missions qui les ont tenu en haleine et c’est pour ça que nous On les appelle nos hommes d’honneur parce qu’ils ont mis une telle énergie à essayer de comprendre cette affaire et avec une telle volonté de ne rien lâcher. Si cette histoire a duré aussi longtemps, si l’instruction et la quête de vérité à durer aussi longtemps, c‘est parceà plusieurs endroits, des gens se sont battus et aussi la justice d’une certaine façon, dans les quatre premières années. Le juge de Quimper, il a vraiment tout donné pour que l’on comprenne ce qui s’est déroulé, pourquoi ce bateau a coulé. Ontrouve que ces gens, on leur doit beaucoup, on leur doit cette cette folle énergie, cet engagement. Ily a un engagement humain que nous on trouve incroyablement touchant. Moi, ça m’a beaucoup ému de voir ces hommes. Le sous-marinier, on a repris ça dans un des dialogues,c’est comme mes hommes. Quand on est un militaire,quand un homme tombe à la mer, on ne le lâche pas et on fait tout pour aller le chercher et ses hommes sont devenus les siens. C’est marrant son évolution, c’est assez beau. »

Enfin, l’équipe entière soutient la théorie de Dominique Salles et du sous-marin américain espion… Pour comprendre, cette théorie, il faut voir l’ensemble de la série qui saura vous toucher et vous guidera avec brio dans les méandres de cette affaire aussi complexe que mystérieuse…

*Dominique Salles, expert judiciaire officier sous-marinier à la retraite.
** Robert Bouguéon, le président du comité local des pêches du Guilvinec.
Christian Bergot, avocat des familles durant l’affaire.

37 Secondes (6×52′) est à voir sur Arte !

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

Laisser un commentaire