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Mark Gatiss rêve de jouer un détective et imagine sa série BOOKISH !

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Si le nom de Mark Gatiss ne vous est pas familier, son visage, en revanche, vous dira sûrement quelque chose. Acteur, scénariste, producteur et écrivain britannique, Mark Gatiss est surtout connu pour son travail au sein du groupe comique The League of Gentlemen en Angleterre et à travers le monde surtout pour sa participation aux séries télévisées Doctor Who et  Sherlock. En effet, Mark Gatiss est un collaborateur régulier de la série Doctor Who. Il a écrit plusieurs épisodes depuis la relance de la série en 2005 et est apparu à l’écran dans des rôles tels que le professeur Lazarus dans « L’Expérience Lazarus » (2007) et le capitaine dans « Il était deux fois » (2017). Puis, en collaboration avec Steven Moffat, Mark Gatiss a co-créé la série Sherlock, une adaptation moderne des aventures de Sherlock Holmes diffusée sur BBC One avec Benedict Cumberbatch dans le rôle titre. Dans cette série, il interprète Mycroft Holmes, le frère aîné de Sherlock. La série a été saluée par la critique et a remporté de nombreux prix, dont un BAFTA TV Award et un Primetime Emmy Award.

Cependant, malgré la multitude de rôles interprétés sur petit et grand écran, Mark Gatiss se rêvait en détective ! Alors, il a imaginé et écrit la série dont il rêvait avec l’aide du scénariste Matthew Sweet et Eagle Eye Drama, en partenariat avec son vendeur international Beta Film l’a produite ! Sa série s’appelle Bookish car « c’est comme ça que les gens m’appelaient à l’école quand j’étais enfant » dit en rigolant Mark Gatiss, qui plus jeune passait son temps le nez plongé dans les livres. Alors du surnom à la série, Mark Gatiss raconte la genèse de « J’ai eu l’idée il y a environ huit ans et j’ai rédigé une sorte de plan pour le premier cas. Mais je n’ai pas vraiment fait grand-chose par la suite, je n’arrivais pas à me décider. J’ai toujours voulu jouer le détective. En fait, j’ai eu cette idée dans un avion. Elle m’est venue entièrement conçue : un libraire du nom de Book. C’est ma période préférée. Londres d’après-guerre. Tout s’est mis en place et je me suis dit : oui, s’il est gay et en mariage de convenance (« mariage lavande ») et tout le tralala, c’est un monde tellement intéressant. Son univers entier est chamboulé. C’est très excitant, mais aussi un peu effrayant : plus personne ne connaît sa place, et tout ça. Voilà, en quelque sorte, la genèse de l’histoire. » Le créateur ajoute : « Puis, pendant le confinement, je me suis dit que j’allais en faire un livre, parce que c’était cette période où tout le monde se disait « Peut-être que j’écrirai enfin ce roman que je m’étais toujours promis », et moi j’avais commencé mais, je n’arrivais pas à trouver le ton juste. C’était trop sombre. Étrangement, à cause de la crise internationale, cette tonalité s’est infiltrée. Ce que j’ai réussi à faire, c’est écrire un scénario, littéralement pour avoir quelque chose à faire, et j’ai vraiment apprécié. » enfin, il y a eu la rencontre avec son producteur : « Ensuite, il y a deux ans, j’étais à la soirée du Radio Times. J’ai été présenté à Walter Iuzzolino et Jo McGrath – c’était comme quelque chose sorti d’un film, de manière ridicule. Ils m’ont dit de très bonnes choses à mon sujet. Puis, Walter a lancé : ‘Tu n’as pas un détective d’époque sur toi, par hasard ? […] Et j’ai répondu : ‘Si, j’en ai un, et j’ai un scénario.’ Je le leur ai donc envoyé, et deux semaines plus tard, il a été commandé. Incroyable ! C’est donc un processus long qui a débouché sur une commande très rapide.« 

Mark Gatiss bookish
Mark Gatiss devant l’hôtel des interviews
© UKTV Kevin Baker

Quand je rencontre Mark Gatiss sur le tournage de Bookish en plein cœur de Londres, nous sommes dans un hôtel avec des tapisseries anciennes et le comédien porte son costume du jour et sa perruque propre à son personnage de Gabriel Book, un ancien espion militaire devenu détective indépendant et, surtout, propriétaire d’une librairie. Avec sa boutique nichée dans Archangel Lane à Londres, Book propose ses services à la police locale, aidant à résoudre les affaires les plus complexes. L’acteur est prêt à bondir de sa chaise à tout moment pour se glisser dans la peau de son protagoniste et tourner une scène dans les alentours de l’hôtel. Malgré une fausse alerte, mes camarades journalistes et moi-même, sommes restés en sa compagnie en table ronde près de trois quart d’heure. Cet échange chaleureux et fort passionnant, nous a permis d’en savoir plus sur le génie créatif de Mark Gatiss !

Vous l’avez compris, Mark Gatiss, est un homme aux nombreuses casquettes sur un tournage. Alors, s’il a cédé la réalisation en toute confiance à Carolina Giammetta, il conserve sa casquette de créateur, partage celle de scénariste avec Matthew Sweet et il joue le rôle principal de sa série Bookish. Mais alors comment fait-il ? Un exercice habituel chez l’artiste comme il explique : « J’ai déjà fait ça bien souvent notamment au début de ma carrière avec The League of Gentlemen. Je suis très habitué à ce genre de choses et avec Sherlock aussi. Mais il s’agit surtout de planification, et d’un travail des scénarios qui devaient tenir compte du fait que j’allais être présent presque chaque jour en tant que personnage principal. Mon plan était d’écrire le premier épisode, puis de superviser les suivants, que Matthew Sweet a écrit, et finalement j’ai fini par collaborer plus que prévu, ce qui est inévitable.«  Mark Gatiss reconnaît avoir emprunter des bonnes pratiques de ces projets précédents : « J’ai vraiment apprécié travailler avec Matthew, et une autre chose que j’ai reprise de Sherlock, c’est que sur le plateau, si une réplique ne me plaît pas, je la change tout simplement. Je constate parfois que je me bats contre certaines de mes propres répliques que j’ai du mal à retenir. » C’est aussi un des avantages à être le créateur de sa propre série avoir une vision 360°

Bookish est une série en 6 épisodes et deux épisodes servent à élucider une affaire. C’est un format moins commun en Angleterre mais Mark Gatiss l’a choisi parce que « j’avais écrit un script en deux parties, et c’est comme ça que tout a commencé. Cela donne aussi du temps. Et surtout, c’est une série de genre, une série policière. Je pense donc qu’il faut consacrer la majeure partie du temps à l’enquête. Tout le reste continue de mijoter en arrière-plan comme l’histoire sur d’où vient Jack, qui il est, ce qui se passe entre moi et Trottie, etc., c’est l’arc narratif. Mais l’essentiel doit être le meurtre, car c’est pour cela que les gens regardent la série. Il s’agit donc de lui accorder suffisamment de temps. Je ne fermerais pas la porte, si on va jusque-là, à l’idée de faire des épisodes uniques, car on peut aussi…  » Et à la question en quoi cette série se distingue du genre policier, Mark Gatiss répond : « Je pense que c’est une question de ton. Comme je le dis, c’est une série drôle. J’espère qu’elle est aussi assez mélancolique, mais c’est ce que j’ai toujours aimé. J’ai toujours été attiré par les choses douces-amères.« 

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Mark Gatiss en Gabriel Brook sur le banc des espions face à Big Ben  ! © UKTV Kevin Baker

 

Un des forces de Bookish est d’aborder une époque dont on parle peu, celle de l’après Seconde Guerre Mondiale et qui fascine Mark Gatiss  « J’adore cette période. J’en savais déjà beaucoup à son sujet, et c’est en partie ce qui l’a façonnée. J’ai lu énormément de livres sur l’après-guerre, et c’est une époque pleine d’histoires, de récits étranges, de choses qui se sont passées pendant la guerre et qui ont laissé des traces. Le comédien est un véritable spécialiste sur la période car il illustre ses propos : « Par exemple, il y a eu une énorme augmentation de crimes liés aux armes à feu à Londres après la guerre, car de nombreux soldats étaient rentrés chez eux avec des armes qu’ils avaient récupérées sur des soldats allemands morts. Personne ne vérifiait, les gens se baladaient en montrant leur Luger. Ils ont dû organiser une amnistie pour que les gens les rendent, car il y en avait tellement. Le crime a explosé après la guerre. Et puis, tous ces gens sont revenus et n’avaient plus leur place dans la société. Les femmes, en particulier, avaient connu une incroyable libération, et on leur a ensuite dit de retourner derrière les fourneaux. Beaucoup ne le voulaient pas. De nombreux mariages ont éclaté. C’est une période fascinante. Mais c’est aussi une époque pleine d’espoir. Après la catastrophe de la guerre, il y avait cette volonté de construire une nouvelle Jérusalem, mais c’était extrêmement complexe. Je trouve ça extraordinaire. Et tout cela est lié à l’esthétique des films de Powell et Pressburger – ce Technicolor de 1946 m’a vraiment séduit.« 

Le personnage de Gabriel Book, c’est aussi un look sorti de l’imagination foisonnante de Mark Gatiss avec une. légère touche Doctor Who comme il le détaille : « J’avais juste un look général en tête. Ce qui était étrange, c’est que je savais que je voulais des lunettes. Et puis, quand je suis arrivé, ils avaient ce plateau rempli de lunettes à monture en fil de fer. J’ai essayé une paire et immédiatement, j’ai eu le look d’un meurtrier. Mais ces lunettes étaient destinées à un autre personnage, mais j’ai dit : Je les prends ! Je les ai volées, en quelque sorte. Ensuite, j’ai fait faire mes verres à ma vue. Et cette perruque… C’est une perruque incroyable, la meilleure que j’aie jamais eue. Je voulais qu’elle soit rousse, vraiment rousse, mais je ne voulais pas que ça fasse trop excentrique de manière exagérée. Il n’a rien d’un personnage voyant ou extravagant. J’ai aussi insisté pour que la plupart des vêtements datent d’avant 1946, parce que je ne supporte pas quand tout a l’air trop précisément d’une seule année. J’ai dit que Book avait probablement fait faire trois bons costumes une quinzaine d’années auparavant et qu’il les portait encore. Donc, tout son look est un peu plus ancien, plus années 30. Et puis, il y a le chapeau. On l’a simplement trouvé. Mais la chose vraiment étrange… c’est totalement Doctor Who : à la fin, il faut forcément un long manteau. C’est obligatoire. J’ai essayé plusieurs imperméables, et puis j’ai trouvé celui-ci. Il suffisait de le voir… Il est incroyable. C’est une pièce unique. J’adore la façon dont il ressort quand je cours dans l’obscurité. C’est étrange.« 

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Voici le fameux imper et son effet Doctor Who ! © UKTV Kevin Baker

 

Comme le projet de Bookish est ambitieux et prestigieux, la série réunit de nombreux invités de talents comme Daniel Mays, Joely Richardson ou bien l’acteur allemand Jonas Nay que l’on a vu dans Deutschland 83/86/89 mais aussi dans Le Tatoueur d’Auschwitz, le comédien a été suggéré par le producteur de Bookish, Walter Iuzzolino (qui aussi à l’origine du programme Walter Presents qui déniche les pépites européennes pour les diffuser sur le marché anglais, c’est grâce à lui que Engrenages et Les Revenants ont été un succès Outre-Manche) et Mark Gatiss a adoré sa collaboration avec ce dernier : « Je connaissais la série quand elle était diffusée, et puis nous cherchions qui pourrait jouer Felix, l’amant de Book, son ancien amant allemand. Et Walter a simplement dit : J’ai trouvé ! Ils sont de vieux amis. C’est grâce à Walter Presents que Deutschland 83 est arrivé en Grande-Bretagne. Alors, il l’a simplement appelé, et il a répondu : Oui, j’adorerais ! On a eu une seule journée ensemble pour le flashback de 1935, et à la fin, je me suis dit : Peut-être que Felix n’est pas mort. On verra bien. Mais il était formidable. C’est un acteur incroyable.C’est aussi très intéressant, car il apporte tout un bagage avec lui. Et je dois dire que, de manière très sincère, cela fait écho aux temps dans lesquels nous vivons.« 

 
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Mark Gatiss dans la peau de Gabriel Book au milieu de ses livres !
© UKTV Nicolas-Velter

Enfin, comme Bookish parle d’un détective passionné et entouré de livres, on avait envie de savoir quel premier livre a marqué l’esprit de Mark Gatiss réplique : « Quand j’étais enfant, Les Grandes Espérances (de Charles Dickens). Je l’ai reçu en cadeau de Noël. J’étais très jeune. L’édition était complète et non abrégée, c’était écrit sur la tranche. Quand j’ai été assez grand pour le lire… On croit totalement que Miss Havisham est derrière la fortune de Pip. Et puis, quand arrive le rebondissement avec Magwitch, mon monde a explosé. Je m’en souviens encore. C’était le premier twist que j’ai jamais lu. J’ai juste fait : Wow ! Ça m’a retourné l’esprit. C’est toujours l’un de mes livres préférés, mais ce que je retiens surtout, c’est ce sentiment-là. C’est la puissance d’une histoire. Je n’aurais jamais imaginé ça, pas une seule seconde. C’est un rebondissement génial !« 

En tout cas, pour ma part, je n’ai qu’une hâte c’est de découvrir Bookish sur écran et je l’espère en France bientôt parce que je suis certaine que Mark Gatiss va me renverser la tête avec sa série Bookish !

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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