La saison 1 de L’Amie Prodigieuse m’avait convaincue de lire les livres d’Elena Ferrante. Une fois commencée, j’ai dévoré les quatre livres en quelques mois, prise de passion pour cette amitié unique entre Elena et Lila. Maintenant, j’aborde la série différemment car j’ai lu les livres. C’est pas tous les jours que je peux me vanter d’avoir lu le livre qui a le droit à son adaptation en série donc je profite de mon avantage. J’ai évidemment engloutie les épisodes de la saison 2 de L’Amie Prodigieuse sur Canal +.
C’est une évidence mais la série condense un maximum les événements afin de raconter le plus de chose possible en un temps imparti. Ainsi, lire le tome 1 après avoir vu la saison 1 m’a permis d’avoir des détails supplémentaires sur les scènes que j’ai vu à l’écran ce qui est plaisant quand vous avez apprécié la série. C’est comme si vous aviez un bonus de téléspectateur fidèle. A l’inverse dans cette saison 2, j’avais les détails en tête et je me suis souvenue avec plaisir de chaque moment de l’histoire que j’ai lu lorsque je les voyais à l’écran (oui, j’ai été plus rapide que le temps de production de la saison 2). C’est un processus différent mais tout aussi enrichissant. Même si on sait ce qui va se passer, c’est intéressant de voir comment c’est joué et quels moments sont choisis par le metteur en scène.
L’AMIE PRODIGIEUSE : Elena et Lila, deux jeunes femmes très différentes
Le Nouveau Nom, le sous-titre de la saison 2 de L’Amie Prodigieuse est fidèle au roman. Il n’y a pas de doute l’essence du livre est là. Mais en tant que lectrice à présent, j’ai l’impression que toutes les scènes, les moments clefs passent trop vite. C’est normal ! Pourtant, chaque épisode approche de l’heure complète ce qui est beaucoup. Tout condenser en 8 épisodes n’est pas une mince affaire mais Savario Constanzo qui s’est lancé dans cette exercice de l’adaptation s’en sort à merveille. Il réalise également tous les épisodes sauf le 4 et 5 qui ont été confiés à Alice Rohrwacher. Dans la réalisation, il y a visiblement un délire avec la pluie car à plusieurs reprises Elena et Lila sont confrontées à la pluie où on a le droit à des gros plans sur une fenêtre couverte de pluie. Je ne sais pas pourquoi mais ça m’a marqué peut-être parce que Naples est plutôt une ville ensoleillée.
Dans cette saison 2, Elena et Lila ont bien grandi. Lila doit devenir une dame à son jeune âge car elle est l’épouse de Stefano Carracci à présent, une situation qu’elle vit mal. Alors qu’Elena a le temps de profiter de sa vie de jeune fille, des premiers amours, des études et de la découverte d’une nouvelle ville. Deux amies avec des mondes qui sont totalement opposés. Elena a toujours cette fascination pour cette amie prodigieuse Lila. Celle qui lui pique ses envies, ses espoirs surtout avec Nino Sarratore. Il y a toujours cette confrontation non dite entre les deux personnages qui est aussi passionnante à l’écriture qu’à l’écran. Il faut dire que le casting de Gaia Girace (Lila) et Margherita Mazzuco (Lénù) reste parfait. Toutes deux ont pu exprimer davantage leur talent dans cette saison 2 et certains de regard de Gaia Girace sont dignes de ceux décrits dans le livre. Lila, cette fille toujours en colère à la fois douce avec Lénù et méprisante comme la fin de soirée chez la professeur Galiani.
Cependant, au titre de lectrice, il y a deux passages sur lesquels, le traitement aurait pu être un peu plus poussée. C’est dans l’épisode 6 la dispute entre Nino et Lila méritait plus temps et d’intensité. L’autre, c’est ce qui pousse Penuccia a quitté Ischia pour rejoindre son mari Rino. Je la voyais le personnage encore plus pénible que ça et le sous-entendu n’est pas assez clair pour un téléspectateur n’ayant pas lu le roman. Peut-être qu’il y avait des choses plus explicites à montrer sur sa relation avec Bruno. D’ailleurs, tout le passage à Ischia est génial comme dans le livre, on a l’impression que les personnages vivent une véritable parenthèse enchantée dans leurs vies loin de Naples et de son brouhaha et de sa crasse comme aime le décrire Elena Ferrante.
Une fois que vous avez lu les livres savoir que la suite existe en série est un petit bonheur. Le travail d’adaptation est rigoureux et bien réalisé par Savario Constanzo. Évidemment, des choix ont été faits dans les passages à garder mais on aboutit à un résultat cohérent pour les non initiés et satisfaisant pour les initiés. Un pari jamais facile d’autant plus pour raconter une histoire qui est aussi dense que celle-ci, une histoire de personnages avant tout. D’où l’importance du casting et Gaia Girace et Margherita Mazzuco ont confirmé la maîtrise de leur rôle.
