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[INTERVIEW SCÉNARISTE] J’AI MENTI : Comment créer un mensonge aux conséquences fatales ?

On le sait, c’est pas beau de mentir ! Mais, il y a certains plus graves que d’autres et certains parfois meurtriers… C’est la terrible histoire d’Audrey Barreyre, son mensonge a eu des conséquences fatales ! Dans la série J’AI MENTI de France 2, Audrey Barreyre, 35 ans, est l’unique rescapée d’un tueur en série qui a sévi dans la région de Biarritz seize ans plus tôt. Son passé ressurgit brutalement lorsqu’une jeune fille de 17 ans est retrouvée assassinée sur la côte basque en 2019. Rien ne relie ce meurtre au tueur de l’époque, et pourtant, Audrey en est certaine : il est de retour. Pour le prouver, elle va devoir affronter son passé et ses mensonges. Car la nuit de son agression, elle a menti. Sur tout. À tout le monde…

Cette série de 6 épisodes a été imaginée par le duo d’auteurs Olivier Pouponneau & Bénédicte Charles. Ils ont déjà proposé la série Mirage sur France 2 et ils reviennent avec une toute autre proposition plus ancrée en France et qui nous emmène sur les plages de Biarritz avec Camille Lou, Thierry Neuvic et Marilyn Lima.

Pour parler de la série que j’ai pu apprécié au festival de la fiction de La Rochelle, j’ai eu l’opportunité de poser quelques questions à cet incroyable duo de scénaristes. Interroger les auteurs d’une série, c’est aussi découvrir en profondeur une histoire que l’on voit sur écran. Je remercie Olivier et Bénédicte pour leurs précieuses réponses à mes interrogations.

 

j'ai menti france 2 série
Thierry Neuvic & Camille Lou © FRANCE TV

J’AI MENTI : interview scénaristes

Quelle est la genèse de cette histoire ?
Olivier Pouponneau & Bénédicte Charles : « Notre ambition : créer un polar classique avec deux figures archétypales et antagonistes (le serial killer / son unique rescapée) tout en twistant ces deux figures pour les rendre plus troubles : d’un côté une victime forte et résiliente mais aussi un peu manipulatrice, au point que le spectateur peut même un moment s’interroger : a-t-elle vraiment été agressée ? Face à elle, un tueur en série qui n’a plus tué pendant 16 ans. Est-il mort ? Sévit-il ailleurs ? Ou a-t-il vraiment réussi (un temps) à maîtriser ses pulsions ? En clair : qui est le plus résilient des deux ? »

 

Comment on fabrique un mensonge avec de telles conséquences ?
Olivier Pouponneau & Bénédicte Charles : « On devait rester en empathie avec notre héroïne, il ne fallait pas la faire passer d’emblée pour une mythomane ou une gamine inconséquente. Aussi a-t-on cherché à apporter un soin particulier à la spirale des mensonges : comment un tout petit mensonge, à cause d’une petite connerie de jeunesse, vous entraîne à en faire un suivant, puis un suivant, etc. De même, on est allés crescendo dans les conséquences : pour rendre sa culpabilité maximale, il fallait que ses mensonges aient des conséquences sur l’enquête policière, mais aussi sur son entourage. Ses mensonges vont vraiment TOUT détruire autour d’elle. Alors qu’au départ, c’est surtout la faute à pas de chance. Ce qui arrive à notre héroïne peut arriver à n’importe qui ».

 

J’AI MENTI, plus qu’une affaire de meurtres un drame familial ?
Olivier Pouponneau & Bénédicte Charles : « C’est autant l’un que l’autre. L’histoire a des conséquences terribles dans plusieurs familles : celle d’Audrey, celle de Joseph l’enquêteur, mais aussi chez la famille et les proches de la nouvelle victime… bref les ingrédients parfaits d’un drame. Mais on s’est aussi attaché à rendre l’enquête hyper crédible, tout en soulignant la différence entre les deux périodes : ce n’est pas la même chose d’enquêter sur un serial killer au début des années 2000 et aujourd’hui ».

 

Pour le scénariste, deux temporalités est-ce un exercice compliqué ?
Olivier Pouponneau & Bénédicte Charles : « Bien sûr, cela suppose de maîtriser parfaitement son histoire dans les deux temporalités à mesure que l’on ajoute des personnages, des situations, des éléments d’enquête. Ce qui a été « donné » en 2003 existe en 2019, on ne peut plus faire comme si cela n’avait pas existé. Et en même temps, quel terrain de jeu excitant ! Il était particulièrement jouissif pour nous, à chaque grand rebondissement dans l’intrigue, de changer de temporalité et de laisser le spectateur sur sa faim — bien plus longtemps que ne le permettrait une écriture chronologique. C’est pour cela qu’il y a un tel rythme ! »

 

Quel personnage a été le plus difficile à écrire ?
Olivier Pouponneau & Bénédicte Charles : « Sans doute le personnage de Joseph Layrac : en 2003, on devait le voir peu à peu aveuglé et embarqué par son attirance pour la jeune Audrey (qui pourrait être sa fille !) sans faire de lui un mauvais flic ou un type totalement instable. En 2019, c’est un homme un peu cassé, qui a laissé beaucoup de plumes dans cette histoire… et qui va néanmoins choisir d’aider celle qui lui a fait tout perdre, et résoudre enfin une affaire vieille de 16 ans. Bref, un beau personnage masculin, héroïque mais bourré de fragilités ».

 

J’ai MentiFrance 2

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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