Après avoir été le mari d’une Mytho sur Arte, Mathieu Demy revient sur la chaîne et endosse un rôle plus dramatique celui de l’avocat des familles des victimes du naufrage de Burgaled Breizh. Un récit retracé dans la série 37 SECONDES qui nous propose d’enquêter sur drame du 15 janvier 2004, lorsque le chalutier breton Bugaled Breizh a sombré subitement au large des côtes anglaises, entraînant la mort de ses cinq marins. Face à des procédures judiciaires opaques et des explications officielles insatisfaisantes, Marie Madec, belle-sœur de l’une des victimes, devient la porte-parole des familles endeuillées. Avec l’aide de l’avocat Christophe Costil, elle s’engage dans une quête acharnée pour découvrir la vérité sur les circonstances mystérieuses de ce naufrage. Pour l’occasion lors de l’avant-première de la série à Séries Mania, j’ai pu m’entretenir en tête à tête avec le comédien Mathieu Demy et avoir son regard sur la série et indirectement l’affaire du Bugaled Breizh.
Qui est votre personnage et pourquoi aviez-vous envie de le défendre ?
Mathieu Demy : « Le terme est bien choisi. Christophe Costil qui est l’avocat des familles des victimes et l’avocat que vient chercher Marie Madec, qui est le personnage de Nina Meurisse. Elle vient le convaincre de prendre cette affaire qui est une affaire pénale et de replonger dans cet univers qu’il a abandonné depuis quelques années pour faire du droit agricole et faire d’autres choses. C‘est un personnage d’avocat qui doit remonter un peu en selle, dans un dossier qui est très complexe et il est emmené à la fois par, je pense, son sens de l’injustice par rapport à cette affaire. Cinq marins sont morts dans des circonstances mystérieuses, les familles sont dévastées. Et puis l’énergie de cette jeune femme qui est absolument solaire et est déterminée à lutter aussi contre un système. Elle dit : voilà, il y a des choses qu’on nous cache, on ne comprend pas et il a envie de l’aider. Il a envie de cette émulsion entre eux, de cette aventure. Et donc, il décide de prendre le défi personnel, de remonter en selle et le défi professionnel de se plonger dans une histoire aussi nébuleuse que complexe qui va nous emmener sur sur six épisodes de cette série. »
Comment voyez-vous la relation qui unit Christophe Costil et Marie Madec ?
Mathieu Demy : « Il y a cette cette cette attirance mutuelle entre eux, mais qui est très subtilement décrite et pour lui, c’est quelqu’un qui avance avec beaucoup de douceur. Il ne force pas les choses comme il lui explique, ni dans l’enquête, ni ndans leur histoire à eux qui est une non histoire parce qu’elle a quelqu’un et lui n’a pas envie non plus de mettre en travers de l’enquête, des éléments plus personnels. Mais c’est une relation en pointillés où à chaque fois qu’ils se retrouvent, ils sont émus l’un par l’autre. C’est assez joli et ça donne de la profondeur à cette série. Il y a l’enjeu de Costil, son enjeu professionnel et il y a cette attirance pour Marie, elle a son arche à elle aussi, qui est très complexe. Sa culpabilité, son enfance, son sentiment de culpabilité et je trouve, habille avec beaucoup d’élégance le tronc principal de la série qui est l’enquête. L’enquête judiciaire pleine de rebondissements et L’ensemble m’a beaucoup plu. »
Votre personnage est inspiré de l’avocat Christian Bergot qui a défendu les familles des victimes dans la réalité. Comment avez-vous abordé l’interprétation d’une personne bien réelle ?
Mathieu Demy : « La série prend un peu de distance avec les personnages. Christian a été consultant sur la série, c’est peut être le personnage, un des personnages, en tout cas, qui est le plus proche de la réalité. Mais il ne s’agissait pas d’interpréter Christian Bergot. Pour moi, il s’agit de s’inspirer de sa manière d’être. C’est quelqu’un de très calme. On sent que c’est un homme qui est mu par ses convictions et le rôle était écrit comme ça, donc c’était de lui piquer quelques petits trucs à lui pour le clin d’oeil. Et puis de surtout de bien comprendre quel était son point de vue à lui, quelle était sa conviction et comment il voyait cette affaire, qu’il ne se sentait pas trahi par la manière dont dans les autres racontaient l’histoire. Et ce n’était évidemment pas le cas. Donc c’était un petit défi, mais différent que si ça avait été l’interprétation de Christian Bergot. »
Maître Costil est un avocat qui ne lâche pas ! Même quand on lui suggère fortement d’abandonner l’affaire. C’est un avocat tenace ?
Mathieu Demy : « C’est un personnage qui est un peu à contre courant parce que. C‘est un personnage qui pense que la vérité nous protège et qui reste sur sa ligne tout le temps. Mais il sait que sa ligne, elle est bonne. Il n’essaie pas de faire un coup. Il n’essaie pas de briller. En fait, c’est beau parce que ça revient un peu à l’essence de ce que c’est que d’essayer de rendre la justice. Et lui, il a une conviction. Il sait qu’il est du bon côté de cette affaire, qui est le côté vrai et il démord jamais de sa ligne. C‘est très beau et ça lui coûte quelque chose. Il perd son associé et il se fait un peu tourmenter par l’autre axe de la défense. C‘est quelque chose qui est dur. Mais il tient, il tient le cap ! »
Qu’est-ce que vous aimeriez que le public retienne de la série ?
Mathieu Demy : « J’espère que ça plaira. Il y a quand même un mystère qui n’a pas été résolu. Moi, mon rêve, ce serait que un des 115 marins à bord du Rickover, qui est le sous marin américain,dont on a soupçonné la présence en Manche en janvier 2004, qu’un des marins, tout d’un coup, ait envie de rajouter quelque chose et envie de dire quelque chose et envie de dire oui, effectivement, on a accroché un chalutier à un moment donné, ou alors ou non. Mais moi mon rêve ça serait que cette série puisse servir à ce que des éléments nouveaux arrivent dans le dossier. Mais, j’ai bien conscience qu’il y a aussi un code d’honneur dans l’armée, dans la marine, qu’il y a d’autres choses qui sont complexes et qui viennent en ligne de compte et qu’on saura peut être jamais ou peut être on saura, mais beaucoup plus tard. Mais voilà, ça sera un peu mon rêve. Après, pour les spectateurs, j’espère qu’ils seront émus, qu’ils seront divertis et qu’ils apprennent des choses. C’est un peu les trois éléments, les plus importants quand on fait de la fiction, c’est de dire, si les gens ont été émus, divertis et qu’ils ont appris des choses, alors là c’est un vrai cadeau. On a l’impression de servir à quelque chose. »
➨ interview de Nina Meurisse & Jonas Bloquet
37 Secondes (6×52′) est à voir sur Arte !