Alors que la série BOOKISH de Mark Gatiss va dévoiler ses premières images au London Screenings via son distributeur Beta Film, j’ai l’immense chance de me rendre à Londres sur le tournage de la série ! Bookish (6×60′) est une série imaginée et écrite par le célèbre acteur britannique Mark Gatiss connu pour Sherlock qu’il a co-créé avec Steven Moffat. La série a été commandée par UKTV, pour sa chaîne spécialisée dans les drames policiers appelée ‘Alibi‘. La série est produite par Eagle Eye Drama, la société de production de Walter Iuzzolino (alias Walter Presents), Jo McGrath et Jason Thorp et Beta Film est partenaire et gère les ventes mondiales.
Mark Gatiss écrit et interprète le rôle de l’érudit et anticonformiste Gabriel Book qui, depuis sa librairie antiquaire, aide la police à résoudre une variété de crimes mystérieux. Avec trois enquêtes principales dans la série, chaque intrigue se déploie sur deux épisodes. Il a co-écrit les épisodes avec Matthew Sweet.
Londres, 1946, l’excentrique Gabriel Book (Mark Gatiss) est un détective consultant autoproclamé pour la police locale. Les milliers de livres qui ornent les étagères de sa boutique lui fournissent tout le savoir dont il a besoin. Book a rassemblé autour de lui une bande de marginaux attachants et meurtris qu’il protège, cajole et guide de manière informelle. Son épouse Trottie (Polly Walker) tient le magasin de papiers peints d’à côté. C’est une aventurière charismatique que Book aime profondément, mais pas sur le plan physique, car ils sont engagés dans un mariage lavande destiné à dissimuler l’orientation sexuelle de Book à une époque où être homosexuel était illégal.

© UKTV Kevin Baker
En plein mois d’août, je fais une pause dans mes vacances pour me rendre à Londres et assister aux deux seuls et uniques jours de Bookish à Londres. En effet, le tournage a duré 66 jours dont 64 en studio en Belgique et 2 jours à Londres. Il faut savoir que tourner à Londres, c’est devenu un luxe pour les productions. Mais, même si la post-production et les artistes des décors peuvent faire des miracles en studio, le tournage sur site est tout de même irremplaçable comme l’explique la réalisatrice Carolina Giammetta : « L’histoire se déroule à Londres, en 1946, et nous avons trouvé des lieux incroyables en Belgique. Il y a un avantage fiscal, donc cela nous aide au niveau du budget pour tourner là-bas. On a en quelque sorte recréé beaucoup de choses là-bas. Nous avons construit des décors. Nous avons monté des façades pour la rue Archangel Lane. Mais venir ici pendant deux jours, c’est vraiment pour avoir une impression du vrai Londres. Nous en avons tourné une devant un magasin d’antiquités. Ce sont toutes des choses que nous aurions pu faire en Belgique. On aura recours à beaucoup d’effets visuels qui vont être ajoutés en post-production. Mais pour essayer de recréer Big Ben, autant tourner la scène devant Big Ben et ensuite retoucher tout le reste. » comme les éléments du monde moderne. D’ailleurs, quand ils ont tourné la scène sur un des bancs de Albert Embankment face à Big Ben, on a dû interrompre la scène à cause d’un hélicoptère de passage.
La première scène à laquelle, mes collègues journalistes et moi-même, avons assisté, met en scène Polly Walker en tenue d’époque devant une boutique d’antiquités. Son personnage Trottie doit récupérer des pièces pour une affaire criminelle. L’actrice, dans son personnage, contemple la vitrine de l’antiquaire avant d’entrer, tandis qu’un homme vêtu d’un costume d’autrefois attend le signal pour passer avec une voiture de collection. (image de la scène ci-dessous)

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Après cette scène, nous avons retrouvé les comédiens Mark Gatiss (Gabriel Book), Polly Walker (Trottie) & Connor Finch (Jack) dans un hôtel pour discuter de la série plus en détails et non loin d’un. autre lieu de tournage de la série (image ci-dessous). Néanmoins, si Connor Finch est arrivé avec une tenue civile, Polly Walker a eu le temps de quitter son costume de la matinée, Mark Gatiss, quant à lui était bel et bien en costume avec ses lunettes, sa perruque de Gabriel Book et son imper et son chapeau, non loin prêt à reprendre son rôle à tout moment entre deux prises ! Petite indiscrétion après le tournage de Bookish, Polly Walker allait enchainer avec son rôle légendaire de Lady Portia Featherington dans Bridgerton.

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Qui sont les acolytes de Gabriel Book ?
Polly Walker, interprète Trottie, qui partage la vie de Gabriel Book. L’actrice décrit son personnage : « Elle a un magasin de papiers peints. Elle est mariée à M. Book. Ils ont un mariage non conventionnel. De toute évidence, il est gay, donc c’est un arrangement différent, mais ils sont très proches. Ils se connaissent depuis leur enfance et entretiennent une relation très solidaire et affectueuse. Je pense qu’elle lui crée une sorte de foyer, lu permettant d’être en sécurité à une époque où être gay était très dangereux. Elle l’aide à résoudre les crimes. Elle est très douée pour ça. Elle est assez intelligente. Je crois qu’elle lui sert de bonne oreille critique. Il compte sur son intuition féminine qui est très forte. Elle est très pragmatique et demande peu d’entretien. Elle est absorbée par sa propre vie et ses aventures. Ils ont chacun leur monde : elle, avec sa vie amoureuse et ses petits amis, et lui, avec le sien. C’est une relation mutuellement satisfaisante. » Mark Gatiss a offert le rôle de Trottie à Polly Walker car il connaissait son travail. La comédienne se sent chanceuse de pouvoir travailler sur des programmes qu’elle aurait plaisir à voir en tant que téléspectatrice et c’est le cas de Bookish comme elle l’exprime : « J’ai eu la chance dans ma carrière de généralement créer le genre de choses que j’aimerais regarder moi-même. Et c’est ainsi que j’aime voir les choses. Si je n’avais pas fait ça, j’aimerais le regarder. Et j’espère que les gens ressentent la même chose. C’est mon genre de série, et ça m’enthousiasme énormément. Je pense que si je voyais la bande-annonce, je me dirais : ‘Oh, ça a l’air totalement dans mes goûts !‘ Nous avons vraiment passé un moment incroyable. » Polly Walker apprécie que dans son écriture Mark Gatiss lui ait écrit « pas juste ce personnage adorable et chaleureux. Elle a aussi ses forces et ses secrets. » De ce que j’en ai vu et entendu parlé, Trottie gagne à être connue !
Quant à Connor Finch, il a auditionné pour le rôle de Jack. Voici sa description du personnage : « Nous le rencontrons juste au moment où il sort de prison. Il y a passé deux ans, il a donc manqué la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour moi, ce qui m’a immédiatement frappé et que j’ai adoré chez lui, c’est qu’il est quelqu’un qui a fait une erreur, qui sait qu’il a fait une erreur, mais qui n’avait pas le choix. Maintenant, après avoir payé les conséquences, il veut faire quelque chose de sa vie. Et c’est quelque chose que j’admire chez n’importe qui. Donc, le lire dans un personnage était magnifique. Et c’est un type génial, malgré les problèmes qu’il traverse et les choses qu’il essaie de comprendre. Il tente de se reconstruire, de se réapproprier lui-même. » Alors que nous étions sur le plateau pour les deux derniers jours de tournage, Connor Finch allait tourner la première scène de son personnage, celle de sa sortie de prison. Dans le script Jack sort de la prison Wormwood Scrubs mais comme l’explique la réalisatrice Caroline Giametta : « J’aurais adoré tourner à Wormwood Scrubs, mais ils interdisent de filmer à l’extérieur ou l’intérieur de la prison à présent. » alors la scène se fera à Middle Temple, cet emplacement non loin de fleet street, ressemble à une porte de prison.
Connor Finch poursuit en expliquant comment son personnage rencontre le chemin du héros Gabriel Book : « À sa sortie de prison, il reçoit une lettre de la société de réforme pénitentiaire. Sans aucune explication, juste une adresse. Et il pense que c’est pour du travail. Mais, étant donné son passé, il imagine très certainement qu’il s’agira d’un travail en usine ou d’un travail manuel. Et soudain, il se retrouve dans une librairie. » Bien sûr, c’est la libraire de Monsieur Book qui est remplie d’ouvrages par milliers et qui sont utiles l’activité extra-professionnelle d’enquêteur. Même si Book et Trottie sont nos enquêteurs principaux, Jack va intégrer le duo pour former un trio ? Connor Finch raconte comment son personnage participe à l’aventure : « Au début, il ne fait évidemment pas partie de tout ça. Il y est en quelque sorte plongé malgré lui. Puis, il y a des moments où c’est exactement ce qu’il voulait faire, et d’autres où il ne comprend pas pourquoi il est là ni ne parvient à justifier sa présence. Il se pose beaucoup de questions sur les raisons de sa présence. Parce que, d’une certaine manière, c’est la première fois… Vous savez, il est orphelin. C’est donc en quelque sorte le premier foyer qu’il ait jamais eu ou dans lequel il ait été accueilli. Mais ce n’est pas un parcours facile, loin de là. » Jack, peut-être l’enfant que n’ont jamais eu Trottie et Book ?
BOOKISH : bienvenue dans le monde Mark Gatiss ?
Mark Gatiss est une immense star au Royaume-Uni et au-delà de ses frontières. L’homme a côtoyé les plus grands que ce soit avec sa casquette de comédien ou celle de scénariste et réalisateur. Cet artiste polyvalent est un génie que j’ai eu la chance de rencontrer et dont les talents rencontrés, n’ont cessé de me vanter les mérites ! À commencer par la réalisatrice Carolina Giammetta qui a pour comédien principal, le créateur de la série et un réalisateur chevronné, elle dit : « J’étais vraiment nerveuse au début parce que je ne l’avais jamais fait auparavant. Ça aurait pu être un cauchemar, vous savez ? Ça aurait pu être une situation où il me donnait des instructions en permanence. Mais ça a été une véritable collaboration. En fait, ça a été un atout pour moi, parce que si quelque chose dans le script, tout à coup, ne faisait plus sens à cause d’un changement, on se disait tous les deux : « Bon, comment on règle ça ? » Et Mark est tout simplement merveilleux dans le travail. Il m’a vraiment confié son bébé et m’a dit : « Conduis-le.« En tant que réalisatrice, on ne peut pas rêver mieux que ça. Si c’était en Amérique et qu’il était showrunner, il serait sur mon dos en permanence. Mais ce n’est pas ce genre de personne. Il m’a vraiment accordé sa confiance sur ce projet. Et c’est effrayant quand c’est la première fois que l’on construit une série, parce qu’on crée toute la vision. Il n’a pratiquement rien vu jusqu’à ce que je lui montre quelques images des décors et des planches d’inspiration, mais il ne l’a vraiment découverte qu’en voyant le résultat final. La phase de préparation a été tellement rapide car je terminais encore Suspect, donc c’était une véritable course contre la montre. Mais ça a été une collaboration formidable, et en ce sens, une véritable aide. »
Polly Walker a été également charmée par la confiance accordée par Mark Gatiss, soulignant le côté pratique d’avoir un collègue acteur, aussi auteur de la série, Polly Walker ajoute : « C’est bien d’avoir le scénariste sur place, parce que si je ne comprends pas quelque chose, je peux lui poser la question. Et en plus, c’est une personne tellement adorable, et il a écrit ça tellement bien. Donc, c’était une relation très facile. » Enfin, Connor Finch ne tarie pas d’éloge non plus sur le créateur de Bookish : « Travailler avec Mark a vraiment été un des moments forts de ma vie, et pas seulement sur le plan professionnel. C’est un être humain exceptionnel. C’est un acteur phénoménal. C’est un excellent scénariste. Tout ce que l’on peut espérer chez un partenaire à l’écran, en quelque sorte. » Tout cela semblait bien sincère puisque sur le tournage, il y avait une très bonne ambiance, on a été accueilli chaleureusement et en plus, pour avoir rencontré Mark Gatiss, vous ne pouvez qu’être charmé par l’artiste.

© UKTV Kevin Baker
Qu’est-ce que le public doit retenir de BOOKISH ?
J’ai posé ma question fétiche aux comédiens sur ce qu’ils aimeraient que le public retienne de la série Bookish ?
Connor Finch : « Ça va sembler être une phrase très clichée, mais il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Ce que je trouve beau dans cette histoire, c’est qu’une famille peut être réunie de manière inattendue, et qu’un foyer peut se construire. Mais aussi du plaisir dans une sorte de ‘whodunnit’, ce suspense qui vous tient éveillé en vous demandant : « Oh mon Dieu, pourquoi ne peut-il pas y avoir un autre épisode maintenant ? » Ce sentiment que j’ai toujours adoré à la télévision, celui d’attendre une semaine en se demandant : « Comment ça va se passer ? Que va-t-il se passer ? Qui va-t-on découvrir ? » Et d’en parler avec les autres. Je pense que c’est quelque chose de vraiment important à une époque où, avec le streaming, on peut regarder une série entière en une après-midi. L’idée de devoir attendre, de patienter… Je trouve ça vraiment excitant.«
Polly Walker : « Je ne veux pas qu’ils se souviennent particulièrement d’une seule chose. Je veux qu’ils apprécient l’ensemble. Je veux qu’ils soient divertis, qu’ils trouvent cela beau, ce qui, à mon avis, est le cas. D’après ce que j’ai vu, c’est vraiment bien filmé. Et surtout, je ne veux pas qu’ils se sentent pris de haut. C’est un programme pour adultes, il ne s’adresse pas à un public adolescent. Ce n’est pas formaté, c’est un classique, quelque chose de nourrissant, je l’espère. J’espère que les gens s’assoiront pour le regarder et qu’ils passeront un bon moment. C’est tout. C’est suffisant. Et c’est déjà difficile à accomplir, n’est-ce pas ?«
Ambiance Bookish !
La réalisatrice Carolina Giammetta a eu la totale confiance de Mark Gatiss sur la réalisation de la série. Ainsi, elle a pu s’emparer de l’univers de l’auteur et proposer sa vision à l’image. Bien sûr, elle a eu un défi de taille avec un budget juste ce qui explique qu’une majorité du tournage se fait en studio en Belgique mais cela ne l’a pas empêchée d’être créative avec ses équipes. La réalisatrice détaille l’aspect visuel de Bookish : « Je voulais que ce soit fabuleux. Il y a donc eu beaucoup de références à des films des années 1940 que nous avons utilisés et modernisés. Vous verrez des éléments de Le Troisième Homme (1948) dedans. Vous verrez du Hitchcock aussi. Il y a donc eu beaucoup de ces influences dans la narration visuelle. » Et concernant la musique, Carolina Giammetta l’a confiée à Sarah Warne qui en a fait une proposition musicale audacieuse, selon la réalisatrice qui dit : « Ce n’est pas une bande-son classique typique des drames. C’est un mélange de jazz manouche et de techno. » On a hâte d’écouter cette bande-son originale !
Le lendemain, j’assistais à une scène avec Mark Gatiss sur un banc de Albert Embankment face à Big Ben. Vous voyez ce célèbre banc dans lequel tous les films d’espion ont des conversations top secrètes face à la tamise avec au loin Big Ben. Mais, c’est aussi une zone très touristique où l’équipe est mise à rude épreuve pour stopper les passants le temps d’une prise. Dans cette scène, Gabriel Book est en conversation confidentielle avec un homme qui lui montre un objet. Mais, je n’en sais pas plus ! Voici une première image de ce que j’ai vu entrain d’être tournée sous mes yeux !
Merci aux équipes de Beta Film pour cette opportunité incroyable de me rendre sur le tournage d’une série anglaise imaginée par le grand Mark Gatiss en plein cœur de Londres et aussi je remercie l’équipe de Eagle Eyes Drama, en particulier Walter Iuzzolino & Jo McGrath, avec qui j’ai partagé un moment d’échange passionnant sur les séries, une passion commune. Bookish est à la recherche d’un diffuseur français et j’espère que cette série ambitieuse trouvera preneur en France.