Adaptation du roman de J.K Rowling du mêmenom, The Casual Vacancy faisait partie de la sélection des séries britanniques du festival Séries Mania. Rencontre avec une partie de l’équipe de la mini-série autour d’une table ronde : Sarah Phelps (scénariste), Jonny Campbell (réalisateur), Keeley Hawes (actrice, Samantha) et Ruth Kenley-Letts (productrice).
Le personnage de Samantha
Question pour Keeley Hawes : Dans une interview, vous avez dit que Samantha était à la fois horrible et brillante ?
Keeley Hawes : « En fait, je n’ai pas dit ça. J’ai dû probablement dire que beaucoup de personnages étaient horribles. Cependant, il y a des personnages très sympathiques. Mais, elle n’est pas horrible. Elle n’est pas parfaite ».
Est-ce que c’était le personnage que vous désiriez jouer ?
Keeley Hawes : « J’ai lu le livre et je n’aurais jamais pu imaginer que j’allais jouer ce personnage. J’adore vraiment ce personnage. Dans le livre, il y a d’autres histoires que les personnages vivent mais qu’on a pas eu le temps de couvrir dans la série. Par exemple, Samantha devient obsédée par un membre d’un groupe de musique et il y a une joli histoire qui arrive dans le livre. J’étais complétement amoureuse de Samantha et donc, flattée de jouer ce rôle ».
Le projet The Casual Vacancy
Comment chacun d’entre vous est arrivé sur le projet ?
Sarah Phelps : « On m’a demandé de lire The Casual Vacancy, de me rendre à Édimbourg et de rencontrer J.K Rowling. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer donc j’ai lu le livre très rapidement. Puis, j’ai sauté dans un avion pour la rencontrer et pour parler du sens de l’histoire selon moi. On a été prévenu au préalable que l’on entendrait pas parler du projet pendant longtemps. Je monte chez elle, on discute et elle a ce mignon petit chiot, je parlais et jouais en même temps avec le chien. Je lui parlais de ce qu’était le cœur de l’histoire pour moi, ce qui était important et ce que je ressentais par rapport à cette histoire. Puis, on s’est serré la main enchanté de s’être rencontré. Alors que je descendais les marches de l’immeuble, le producteur exécutif m’a appelé me disant ‘bien joué’ et c’est comme ça que je suis arrivée sur le projet ».
Jonny Campbell : « J’étais le second à rejoindre le projet. Donc, Ruth m’a envoyé l’épisode 1 de Sarah. On a jamais travaillé ensemble même si on a travaillé dans des entreprises similaires. Je connaissais la réputation de Ruth réalisant des projets brillants. Malgré le fait que c’est une oeuvre de J.K Rowling, vous savez que vous travaillez entre de bonnes mains. On s’est rencontré et on a discuté du projet. Je n’avais pas lu le livre auparavant. Je trouvais que c’était un avantage en quelque sorte pour me faire ma propre idée du scénario. Puis, j’ai rencontré Ruth et des producteurs exécutifs également et apparemment, ils ont apprécié la façon dont je réagissais au script de Sarah. Keeley était la première à être embauchée, on a travaillé ensemble auparavant sur Spooks (série britannique de 2002 à 2011) et Ashes to Ashes (série britannique de 2008 à 2010) ».
Ruth Kenley-Letts : « Keeley et moi, on a travaillé ensemble dans la série Tunnel ».
Keeley Hawes : « J’ai eu un texto de Ruth me disant qu’elle avait quelque chose pour moi ».
Ruth Kenley-Letts : « Ce qui est drôle, c’est que quand je travaillais sur Tunnel, on m’a envoyé le livre. Quand je lisais le livre, je voyais Keeley sur le plateau en train de se faire coiffer ou autres choses et je me disais qu’elle serait parfaite pour ce rôle.
Jonny Campbell : « Keeley est une version légèrement plus jeune comparé à celle dans le livre. La différence principale. Mais, en termes de défi pour Keeley, elle jouait à contre-emploi. Tu vis une renaissance, les gens viennent te voir pour des rôles moins glamour ».
Keeley Hawes : « Je vais avoir 40 ans l’année prochaine et vous pensez qu’en tant qu’actrice ça va être plus tranquille, mais en fait, c’est l’opposé. Cela commence à être intéressant ».
Point sur la réalisation
Comment avez-vous pensé la cinématographie ? Aviez-vous une couleur pour chaque groupe de personnages ? Les enfants, les adultes, les personnes âgées ?
Jonny Campbell : « Ce n’était pas spécifique à la scène. On a pris une décision volontaire avec le directeur de photographie, Tony Slater Ling. On voulait montrer de manière subliminale la différence entre les générations. Donc, il s’agissait davantage de choisir des lentilles différentes pour les adultes et les enfants. On a utilisé des lentilles anamorphique pour les enfants quand ils étaient dominants dans la scène, on pourrait alors analysé la scène et travailler sur le point de vue des personnages ou comme on dit « celui qui est en charge de la scène » ou quand les adultes dominaient la scène. On a établi un petit livre de règles,ce qui nous permettaient de regarder la cinématographie avec une extra dimension. Les lentilles anamorphique donne une dimension poétique, c’est davantage défocalisé, plus libre, pour la jeune génération, c’était plus approprié. Avec Krystal, nous avons choisi de faire de la cinématographie assez calme, composée avec des steadicams et des rails au lieu d’une caméra à l’épaule ce qui est généralement associer à ce groupe socio-démographique.
Pour les couleurs, c’était moins focalisé sur les groupes, c’était davantage sur les humeurs et les choses qui arrivaient au fil de l’histoire, parce qu’on a réalisé que l’histoire ne se centrait pas sur un seul personnage, mais sur l’ensemble des personnages , les émotions passent par tous à certain moment. Il s’agissait d’ajouter un peu de gris et de suivre l’histoire plutôt qu’un personnage en particulier. On espère que ce n’est pas trop évident, le but c’est de mélanger les émotions d’une certaine manière.
C’est une décision volontaire d’utiliser ce ratio. Le dernier projet sur lequel on a travaillé, In The Flesh, on a utilisé le même ratio. Nous avons trouvé que nous pourrions explorer la caractérisation grâce à l’utilisation de ces lentilles et dans le cas de The Casual Vacancy, ça s’y prêtait avec cette série axait sur les personnages ainsi ils étaient automatiquement placés dans leur monde, dans leurs limites confinées dans leur maison. Nous étions en mesure de raconter deux histoires en même temps de cette façon et de garder la cinématographique était une partie importante du processus ».
Sarah Phelps : « J’ai tendance à écrire des didascalies vraiment détaillées. Jonny et moi, on a eu de nombreuses discussions à propos de l’histoire, des idées. On en a beaucoup parlé et cela m’a fait pensé à Jean de Florette et Manon des Sources. On est arrivé à la conclusion que l’histoire devait être soudé au paysage. On a tellement échangé que j’avais totalement confiance en Jonny. Dès les premières images, je savais que je dirais ‘Oh, j’aime ça. C’est rassurant quand vous pouvez partir : voici les scripts, envoyez les enfants à l’école parce que vous savez que ça va être bien. C’est différent lorsque vous ne disposez pas de ce genre de relation avec un réalisateur« .
Ruth Kenley-Letts : « Puis, c’est agréable, parce que Jonny a fait un travail de préparation et de reconnaissance des lieux. Souvent, il voyait quelque chose, un immeuble, une structure, et il disait ‘pouvons-nous ajouter cet élément dans la scène' ».
Sarah Phelps : « Il y avait toujours une symbiose entre ce que Johnny voyait et comment les scripts évoluaient. On n’avait pas l’impression que les deux disciplines étaient séparées, elles avançaient dés le début ensemble.
Jonny Campbell : « C’est bien plus réjouissant de garder la collaboration créative tout au long du process.L’eau était le thème clef comme dans Manon des Sources. For J.K Rowling, le fait que le village se situe à un endroit particulier de la rivière, c’était du symbolisme, c’était important dans le roman et visuellement aussi. Et la façon dont Sarah a adapté le livre, c’était l’endroit où le corps a été trouvé, là où Krystal rencontre la mort. Cela faisait partie de nos discussions. On a trouvé l’endroit parfait pour la fondation Sweetlove et puis, on a trouvé un lieu situé sur une rivière, alors, on a pensé judicieux de réécrire la scène afin que le cercle soit refermé. Ce sentiment de culpabilité a rassemblé tous ces gens qui ont commencé le processus.
Sarah Phelps : « Et on vivait sur une île. Et vous avez cette impression avec la rivière que vous êtes sur une petite île sur une île plus grand. C’est assez puissant ».
Adaptation d’un livre : TV vs Ciné
En quoi est-il plus pertinent d’adapter un livre pour la télévision plutôt que pour un film ?
Sarah Phelps : « Je ne sais pas parce que je n’ai jamais écrit un film. J’ai toujours écrit pour la télévision donc j’écris en épisodes. Je pense que les disciplines sont différentes. Quand vous adaptez pour la télévision, vous adaptez avec une structure particulière à la télévision qui est peut-être la suivante : 2 épisodes, 3 épisodes même 5 épisodes. Votre cerveau s’adapte à la télévision. Si vous adaptez pour un film, vous devez l’adapter de manière très différente. Un livre peut s’adapter parfaitement dans les deux cas, l’approche est simplement différente dans les deux disciplines sur la plan de l’écriture. Parfois, il y a tellement de personnages que c’est vraiment gratifiant de s’asseoir et d’avoir ce temps en plus pour explorer les nuances du personnage ».
Keeley Hawes : « Moi, je suis ravie de ces trois épisodes, bien sûr, j’aurais bien voulu plus car il y a beaucoup de personnages. Je ne sais pas combien il y en a dans le roman en réalité ».
Sarah Phelps : « On en perdu en chemin. Quand j’ai fait l’adaptation de Great Exceptations (Les Grandes Espérances de Charles Dickens), si je l’avais fait en suivant mots à mots, vous auriez 27h de télévision mais vous auriez aussi envie de vous tirer une balle en pleine tête à partir de la cinquième heure. Lire un livre est vraiment différent que le voir en tant qu’adaptation. On aurait pu faire 5 épisodes de The Casual Vacancy mais ça aurait été une histoire différente et on avait seulement trois heures. Le livre peut avoir 30 personnages de plus mais c’est pas pour autant que vous allez intégrer ces 30 personnages et plus à la télévision. Peut-être qu’il y aura plus de The Casual Vacancy mais qui sait ? Mais, je pense que ça reste puissant comme c’est ».
Jonny Campbell : « Pour moi, je l’avais vu comme un film de trois actes car c’est une histoire qui ne continue pas. Le danger, c’est que c’est une histoire à propos de gens qui vivent ensemble. Pas comme un soap opera. Cela peut laisser penser que leurs vies vont continuer après la fin définitive. Donc, vous devez faire comprendre aux gens que c’est la fin de l’histoire : il faut façonner cet aspect, faire fonctionner l’histoire et s’assurer que tous les personnages arrivent à une conclusion. Vous sentez que vous avez fini l’histoire. Quand la décision a été prise par Ruth ou quelqu’un de la chaîne que les trois heures étaient le temps nécessaire. A partir de là c’est notre toile et vous l’a peigné en suivant les trois heures. Pour moi, c’est ce que Sarah a réussi à faire, elle a réalisé une tapisserie où les personnages avaient tous un rôle à jouer dans le tableau d’ensemble. Chaque petite histoire contribue à la conclusion plutôt que plusieurs vies différentes ce qui est le cas dans le livre, ces vies ont l’air isolé par rapport à ce que l’on a fait. Sarah a rassemblé ces vies et chaque personne a un rôle à jouer. On ne va pas pour autant tout dire sur les personnages comme dans le livre, vous choisissez les éléments mais ils ont tous assez de secrets que les gens qui ont lu le livre en savent plus sur leurs vies ».
Keeley Hawes : « C’est d’ailleurs génial du point de vue du jeu d’acteur. C’est un plus d’avoir ce livre très bien écrit rempli de détails avec tout le passé des personnages déjà écrit ».