À notre ère du numérique, le saviez-vous ? Les faussaires du papier existent toujours et leur business est toujours aussi florissant. C’est dans ce business que Victoire et son frère, Jérémie, vont s’engouffrer dans la série FACTICE. Julien Messemackers s’est intéressé au trafic de faux papiers et ceux qui les fabriquent pour imaginer la série dont la réalisation à été confiée à Julie Rohart. On y suit Victoire (Caroline Anglade), secrétaire médicale et graphiste à ses heures perdues, mène une vie de famille paisible dans une banlieue calme avec son mari Sofiane (Mhamed Arezki), ses deux adolescents Mila et Tom, et son frère Jérémie (Constantin Vidal) qui vit dans une dépendance au fond du jardin. Le jour où Sofiane, victime d’un grave accident de travail, est hospitalisé pour une durée indéterminée, Victoire découvre que la vérité est toute autre : la famille croule sous les dettes. Mais elle cache, elle aussi, un secret, un talent qui lui a valu des ennuis dans sa jeunesse : un don naturel pour la contrefaçon. Menacée d’expulsion, Victoire se lance donc, en tandem avec son frère, dans le commerce de faux papiers afin de renflouer les caisses familiales. Renouer avec un art dans lequel elle excelle est grisant, mais ce n’est pas sans risque : la petite entreprise va attirer l’attention de véritables criminels, dont la mystérieuse et dangereuse Edith (Anne Consigny)…
En revanche, quand il s’agit de réaliser une interview du duo Caroline Anglade et Anne Consigny et de Constantin Vidal au festival CreaTVty où la série a remporté un prix, il n’y a rien de Factice dans leurs propos sur la série. Les comédiens vous révèlent toute la vérité en vidéo !
Un duo FACTICE : Caroline Anglade & Anne Consigny !
interview de Constantin Vidal
Afin d’être le plus complète possible, j’ai eu la chance d’interviewer le créateur et auteur de Factice, Julien Messemackers et la réalisatrice Julie Rohart. Les deux ont véritablement travaillé en étroite collaboration, non seulement pour livrer une série de qualité que ce soit en termes de scénario et de réalisation mais aussi sur les contrefaçons visibles à l’écran !
Comment s’est déroulé le passage de l’écriture à la réalisation de Factice ?
Julien Messemackers : « On a travaillé ensemble avant le tournage pendant un bon mois et demi. C’est une histoire que j’ai eu en tête pendant cinq ans. Il y a eu tout un tas d’étapes de développement préliminaires. Et à partir du moment où Julie est rentrée en piste, l’idée c’était vraiment de lui passer le bébé, si je puis dire. Donc, il y a eu tout un travail ensemble sur les scénarios, à la fois pour concrètement les installer dans des décors par rapport aux contraintes qui étaient les nôtres. Et puis après, artistiquement, pour que Julie se les approprie et puisse se lancer. »
Julie Rohart : « Moi, j’ai adoré le traitement. Il y avait déjà un ton très fort dans le traitement. Ce qui m’a plu moi, c’est les personnages et c’était vraiment une série de personnages. Les personnages étaient à la fois très réalistes et en même temps avec du caractère. En plus, Victoire, c’est une femme de 40 ans qui va reprendre un peu sa vie en main en retombant dans ses travers. Mais, ce que j’aimais bien c’est que c’était une femme qui agit seule au départ. Elle n’a pas besoin d’aide d’un homme ou de qui que ce soit. En tout cas au démarrage, elle prend la décision toute seule de falsifier des papiers. Et j’aimais beaucoup le mélange des genres, parce que c’est un terrain de jeu en tant que réalisatrice génial, c‘est-à-dire qu’il y avait de la comédie, du thriller, du polar, un petit avant goût d’action. En fait, c’était un projet très complet et je projetais beaucoup déjà rien qu’à la lecture des comédiens. »

Comment on se documente pour une série comme Factice qui parle des faussaires de papier ?
Julie Rohart : « Julien m’avait transmis déjà des livres qu’il avait lus pour pouvoir écrire cette histoire. Et moi, j’ai rencontré un maître graveur. J’ai emmené Caroline Anglade chez ce maître graveur pour qu’on sente un petit peu comment il travaille. Puis, j‘ai regardé beaucoup de documentaires sur YouTube, sur les faussaires, parce que c’est vrai que c’était un métier, pas un métier underground. Mais, c‘est ce que je trouvais hyper intéressant dans le projet de Julien, c’est vrai qu’il y a des séries, des films où les personnages principaux sont plutôt les personnes qui ont besoin de ces faux papiers ou d’un dossier pour un immeuble. Mais là je trouve ça hyper intéressant parce que moi je m’étais jamais posé la question de qui fabrique, qui est derrière tout ça. »
Julien Messemackers : « Il y a cette dimension évidemment visuelle aussi à l’univers des faussaires. Et ce que je trouvais vraiment intéressant, c’est d’explorer la thématique en allant jusqu’au bout, c‘est-à-dire que l’héroïne, on la voit au début, elle travaille effectivement comme les vrais faussaires aujourd’hui. Les vrais faussaires, c’est beaucoup sur l’ordinateur, c’est beaucoup de traitement d’image et tout, etc. Dans la réalité et l’idée, c’était de l’emmener vraiment très loin, où l’héroïne va chercher quelque chose de très manuel à la fin. On la voit utiliser des techniques comme l’eau forte. On est à l’opposé du monde numérisé, dématérialisé, etc. Et là, c’était vraiment d’aller chercher ce côté vraiment visuel, tactile du point de vue de la matière, puisque l’héroïne est comme ça. C’est quelqu’un qui est passionné, qui a une espèce de don démoniaque et c’était montré, incarné, à l’image, ce talent qu’elle avait en présentant au spectateur des techniques qu’on ne voit pas tellement aujourd’hui. Non pas parce qu’elles ne sont pas intéressantes, au contraire, je trouvais ça passionnant de ramener aujourd’hui des techniques comme celle de la gravure à l’eau forte et de montrer ce personnage qui va de plus en plus loin dans sa recherche. Elle est complètement possédée par son don et l’idée, c’était de l’emmener le plus loin possible et en même temps, de surprendre le spectateur en lui montrant des choses qu’on ne voit plus aujourd’hui, c’est-à-dire des techniques d’impression très précises. En fait, au début, elle est faussaire et au fur et à mesure, elle devient une fausse artiste cette Victoire. »
Julie Rohart : « Parce qu’il y a une obsession dans le personnage. Elle a une obsession que ce ne soient pas des contrefaçons, mais presque des originaux. C‘est comme ça qu’on l’a travaillé et c’est vrai que ça évolue au fur et à mesure des épisodes et de plus en plus, elle cherche à faire des originaux. C‘était hyper intéressant parce qu’on pousse vraiment le vice jusqu’au bout parce qu’on sent que c’est une artiste et en plus, le personnage c’est ça. Elle veut être dessinatrice illustratrice au départ sauf qu’elle est rattrapée par son côté obscur. »
Qu’est-ce que vous aimeriez que le public retienne de Factice ?
Julien Messemackers : « Des personnages auxquels on puisse s’identifier et l‘idée de se dire qu’on a tous au fond de soi un démon et que ce démon peut nous emmener à faire le pire comme le meilleur. »
Julie Rohart : « Moi ce que j’aime bien aussi et c’est un thème que j’aime globalement, c’est qu’on ne sait jamais de quoi on est capable, jusqu’au jour où on n’a pas le choix. Ce que j’aime dans cette histoire, c’est que Victoire, elle fait ça pour ses enfants, pour sa famille, afin qu’ils se retrouvent à la rue. Il y a quelque chose, un peu, comme une survie quelque part. »
Factice (6×45′) est à voir sur 13ème Rue et Universal Plus