Parfois, faire son devoir moral peut coûter cher ! Surtout quand on est témoin d’un événement tragique… C’est le malheur de Jodie, mère célibataire et propriétaire d’un salon de coiffure, qui voit sa vie basculer en une fraction de seconde, en jetant un coup d’œil par la fenêtre. Témoin clé dans une affaire de meurtre, elle devient la cible d’un gang redoutable. TÉMOIN NUMÉRO 3 | WITNESS NUMBER 3 est une série écrite par Thomas Eccleshare, réalisée par Diarmuid Goggins avec Nina Toussaint-White dans le rôle principal.
Thomas Eccleshare, interviewé lors de sa venue au Festival de La Fiction de La Rochelle, s’est retrouvé à écrire Témoin Numéro 3 suite à une proposition du producteur David Nath qui a donné une page de contexte sur le projet : « Cette femme voit quelque chose et se retrouve impliquée dans la situation. Qu’en pensez-vous ? Et j’ai pensé que c’était une idée tellement excitante, claire et simple. Ça peut arriver à tout le monde. Vous savez, vous regardez et vous voyez, vous n’y pensez pas et… vous vous retrouvez soudain dans cette situation. C’est un conflit très clair. Est-ce que je fais ce qu’il faut, est-ce que je défends ma communauté ? Mais en même temps, j’ai peur. » Voici comment d’une proposition simple et des questions qui en découlent que Thomas Eccleshare s’est lancé dans sa première expérience de scénariste de télévision.
Au Royaume-Uni, vous êtes connu pour votre théâtre. Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer de l’écriture théâtrale à l’écriture télévisuelle ?
Thomas Eccleshare : « Excellente question. Je ne pense pas qu’il s’agisse nécessairement d’un changement de voie. J’ai toujours aimé la télévision et le théâtre. J’ai donc toujours eu l’intention de suivre cette voie ou de suivre ces deux voies simultanément, mais je n’en avais peut-être pas encore eu l’occasion. Et puis, que s’est-il passé ? Je faisais du théâtre depuis une dizaine d’années. J’ai eu deux enfants et j’ai commencé à vouloir me diversifier un peu. Après que ma dernière pièce ait été jouée à Londres, j’ai fait un effort conscient pour commencer à faire de la télévision. J’ai écrit deux scénarios pour Channel 4 en Angleterre, qui n’ont pas été réalisés. C’est grâce à ces scénarios que l’on m’a proposé d’écrire Témoin Numéro 3. Je me suis dit que c’était l’occasion rêvée. J’adore ce type de série. J’adore les regarder. Je voulais essayer de l’écrire, et c’est ainsi que j’ai procédé. Mais la vérité, c’est que mon théâtre, même si j’écris en anglais, j’ai été formé à Paris à l’école Jacques Lecoq, une école de mime et de travail dynamique très physique, donc très visuelle et la narration est très visuelle. C’est donc un bon point de départ, même s’il s’agit d’un travail très théâtral. C’était très utile pour quelque chose comme une fiction, où vous racontez des histoires visuellement et où vous réfléchissez à ce genre de choses. J’ai l’impression que ce désir a toujours été là, mais qu’il ne s’était pas encore exprimé. »
Quels ont été les principaux de l’écriture pour la télévision ?
Thomas Eccleshare : « Je dirais qu’il y a deux différences principales dans ma tête, la principale différence créative : disons que si j’écris cette scène pour une pièce de théâtre, je l’imagine toujours dans un espace théâtral. C’est sur la scène et c’est toujours en interaction avec le public, toujours en interaction avec l’espace de l’architecture du lieu. Avec la télévision, je nous imagine dans cette pièce, dans cet hôtel, avec ces gens qui marchent à l’extérieur, et c’est beaucoup plus dans le réel, si vous voyez ce que je veux dire. Il en va de même pour la télévision et le cinéma. À l’écran, il est plus difficile d’être métaphorique, alors qu’au théâtre, il est presque impossible de ne pas l’être. C’est donc une différence majeure dans mon esprit. Et puis, d’un point de vue pratique, c’est amusant parce que la télévision, bien sûr, a des budgets beaucoup plus importants, des budgets énormes comparés à ceux du théâtre. Dans ma première pièce, l’une des indications scéniques était « Un arbre pousse à travers la scène, faisons-le ». [..] Alors qu’au cinéma ou à la télévision, c’est comme si on ne pouvait pas se permettre d’avoir deux voitures. Ils ne vont pas pouvoir être tous les deux dans une voiture. Vous pouvez donc les arrêter sur le bord de la route et avoir la conversation sur place. Je suppose que je pourrais, mais vous vous engagez vraiment dans les aspects pratiques des choses, ce qui est amusant en soi. C’est intéressant, c’est une autre différence, un autre défi. Et troisièmement, cela a été une courbe d’apprentissage pour moi aussi. Mais je pense que la télévision a besoin de tellement d’histoires impactantes pour vous attirer. Avec le théâtre, ils sont piégés. En fait, on peut vraiment prendre son temps. L’histoire peut aller et venir. Il n’y a peut-être pas d’histoire. Alors qu’avec la télévision, surtout avec ce genre de télévision même presque toute la télévision, mais surtout quelque chose comme cette fiction, qui est censée être grand public, qui est censé être diffusé à une large audience, on ne veut pas que les gens s’ennuient. Il faut continuer à les faire venir. C’est toujours un équilibre délicat entre le fait de leur en donner assez pour qu’ils continuent à venir. C’est juste un fil d’Ariane. C’était un bon défi pour moi. »
Est-ce que le malheur de Jodie, c’est d’avoir suivi la morale ?
Thomas Eccleshare : « C’était une chose intéressante parce que j’ai fait beaucoup de recherches en parlant à des policiers et en me renseignant sur la situation, et ils étaient tout à fait clairs sur le fait que vous ne savez pas nécessairement pour quel crime vous êtes interrogé. Je voulais donner l’impression que Jodie était en quelque sorte, surtout au début, presque accessoire par rapport à l’affaire, que l’affaire était en quelque sorte là-bas et qu’elle était juste en train d’être traitée. Il suffit juste de nous dire ce que vous avez vu. Elle a donc constamment le sentiment d’être un peu à l’écart. Elle est très sincère. J’aime le fait qu’elle vienne faire un rapport par sens de la morale et qu’après tout, c’est à elle que l’on questionne. »
C’était important d’avoir une backstory tragique pour Jodie et de faire d’elle une mère seule ?
Thomas Eccleshare : « Je ne savais pas exactement pourquoi lorsque j’ai écrit le premier épisode, mais j’avais cette idée. En fait, dans la première version, l’ex-mari était vivant, et vous la voyiez rencontrer ce type étrange sans trop savoir qui était cette personne. C’était un autre niveau d’intrigue. Mais au fur et à mesure que la série s’est développée, elle est devenue extrêmement percutante. L’idée qu’il était mort et qu’elle blâmait le gang. »
Témoin Numéro 3 / Witness Number 3 (4×60′) est à découvrir sur Polar +
distribution : All3media