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TOTEMS : le showrunner Olivier Dujols

Olivier Dujols est un scénariste émérite notamment connu pour les séries Falco ou Le Bureau des Légendes. Avec Totems, c’est le lui le chef d’écriture accompagnée d’une co-auteur Juliette Soubrier. Totems, c’est sa création. Comme il dit dans le Bureau des Légendes « Moi, je suis juste un petit bout de charbon qu’on fait griller pour que ça avance un peu ». Mais, il est là « la locomotive » selon ses mots comme l’était Eric Rochant sur Le Bureau des Légendes. C’est un vrai défi pour l’auteur, qui ne lui fait pas peur, mais c’est assurément un cap dans sa carrière de scénariste. Lors de Canneseries, j’ai pu échanger avec Olivier sur ses ambitions sur la série Totems.

 

Comment vous est venu l’idée de la série TOTEMS ?

Olivier Dujols : « En fait, on m’a demandé de fabriquer une série d’espionnage pour Amazon qui se passait pendant la Guerre Froide. À partir de là, il y a eu une idée… Oui, c’est une commande au départ parce qu’il voulait faire une série espionnage. Ils m’ont pris parce que j’avais effectivement travaillé sur le Bureau des Légendes, où j’avais une certaine expérience du sujet, enfin, du genre en tout cas. Et à partir de là, avec ma co-auteur Juliette Soubrier, on a essayé de voir ce que c’était que les séries d’espionnage et les fictions d’espionnage. Quelles sont les contraintes du genre ? Donc, on a commencé à faire notre marché dans ce qui nous intéressait. La Guerre Froide : on a lu, on a commencé à se documenter en lisant beaucoup de John Le Carré, notamment, etc. De là, on en a déduit certains mécanismes relationnels parce que c’est vrai qu’on a une image un peu cliché de la Guerre Froide, comme s’il y avait eu une barrière infranchissable. Et en fait, il y avait quand même des mains tendues. Il y avait des collaborations et surtout, évidemment, dans le monde de l’espionnage, où le principe, c’est que le renseignement prime avant tout. Donc on se déplace, donc on rencontre des gens, même si on n’a pas les mêmes affinités, pas les mêmes idéologies. Et parce qu’il faut ! On ne peut pas simplement construire des murs et ne plus se regarder. On est obligé justement d’aller de tendre la main et c’est le travail de l’espion. Et c’est d’ailleurs bien ce qui se passe avec nos personnages qui se déplacent d’ailleurs de pays en pays, qui traversent des frontières pour aller chercher des renseignements. Avec Juliette, on a vraiment agrégé tout ça. Et puis, après nos envies personnelles au niveau des personnages. Alors, ce n’est pas le cœur du sujet, mais malgré tout, ne pas laisser de côté la place de la femme dans les années 60 avec le personnage d’Anne jouée par Ana Girardot. Il y a toutes ces choses là. Il y a évidemment, c’est tout le problème d’une fiction. Quand on découvre une époque, quand on découvre des enjeux, on a envie de dire beaucoup de choses. On s’aperçoit que, de fait, il y a beaucoup de choses qui résonnent avec avec aujourd’hui et en même temps. On n’a que 50 minutes par l’épisode, vous voyez, il faut quand même un peu parler des personnages et de l’intrigue, donc on ne peut pas faire ça. Ça ne peut pas être un documentaire. Donc, on s’est documenté, on a fait nos choix dans tout ce qui nous semblait les plus pertinents, justement pour porter l’intrigue et créer des enjeux autour de nos personnages. Il y a certaines choses qu’on a laissées de côté, ce qui veut pas dire qu’elle était inintéressante, mais elles nous ont pas semblé. Puis c’est des choix subjectifs aussi en lenteur. Avec Juliette, on a fait ses choix là et ça donne ce résultat -là ».

totems série
Olivier Dujols, Ana Girardot, Vera Kolesnikova & Niels Schneider

N’y a-t-il pas une petite influence de la série américaine The Americans dans Totems ?

Olivier Dujols : « Oui. Oui, forcément. Parce que là, on est en pleine Guerre Froide. Alors c’est plus tard, ces années 80, 83, 84 The Americans. Il y a un peu aussi de la série allemande Deutschland 83. Oui aussi parce qu’on a ce côté Ouest/Est. La différence et ça, justement, avec Juliette Soubrier, ça a été un des points qui était important pour nous. Pour se démarquer plus et parce que c’était notre envie de pas refaire une série ou une fiction d’espion. Oui, parce que là-dedans, que ce soit des The Américans, Deutschland 83, ect. c’est des militaires, c’est des espions, le Bureau des légendes,  Ils ont été formés pour, ils y sont depuis des années, mais des années, c’est l’horreur. Ils ont ces compétences qui ont été développées, qu’elles soient physiques, psychologiques, avec des méthodes, avec même des gadgets, etc. Pour nous, pour mener à bien leur mission, nous, on avait plutôt envie de se dire mais ici, c’était monsieur et madame Tout le monde. Alors, ce n’est pas complètement monsieur et madame Tout le monde, parce que par les circonstances, ils finissent par devenir des héros. Ils sortent de ce statut de monsieur et madame Tout le monde. Mais au départ, c’est quand même une infirmière, un ingénieur, une pianiste, des gens qui n’ont pas vocation, voire même qui ont envie de se détacher de ce monde de l’espionnage qui, pour plein de raisons, leur fait peur ou les dégoûte. »

 

Dans Totems, il y a plusieurs passages en russe. Comment se déroule le travail d’écriture dans une autre langue non parlée ?

Olivier Dujols : « Nous, on écrivait en français quelle que soit la langue, il y a aussi du tchèque, etc. Et ensuite, on faisait traduire et après ? J’étais quand même beaucoup sur sur le plateau, puis en contact permanent avec les comédiens. Si Vera (Kolesnikova) ou Aleksey (Guskov) ou Michael (Gor) avait des soucis, ils m’en parlait pour que j’en parle aussi aux réalisateurs. Et parfois, il y a eu des moments où on a eu des traductions et Vera nous a alerté. Elle nous a dit là où le personnage, il dit ça. Moi, je suis bilingue, je parle français. J’ai vu le scénario en français. On a un double pour qu’on puisse suivre en français ce qui était écrit, puis la traduction et parfois ça ne colle pas, parce que parfois, le traducteur ou la traductrice a raté la circonstance. ça pouvait arriver, puis, après tout, au montage, il y a aussi possibilité de revoir. On a on refait checker ce qui est dit par les comédiens, par des traducteurs. Donc voilà, on a à la fois ont été obligés de se jeter un peu dans le vide, de se faire confiance. Et en même temps, il y a aussi beaucoup de filets qui nous permettent, avant que ça soit projeté en salle ou sur les écrans, de se dire OK, on leur fait pas dire complètement n’importe quoi. »

TotemsAmazon Prime Video

 

Lubiie

Experte dans le domaine des séries, blogueuse passionnée depuis 2006, professionnelle de l'audiovisuel, reporter de festival, jury de festival et intervieweuse aux multiples questions en séries. Tout mon monde tourne autour de l'actualité des séries.

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